Le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, a annoncé samedi 22 mars 2025 que le procès de l’ancien jésuite slovène Marko Rupnik va débuter, après des mois d’enquête approfondie.
Prêtre slovène et mosaïste de renommée internationale, le P. Rupnik est accusé d’abus spirituels, psychologiques et sexuels pendant plusieurs décennies sur une trentaine de femmes, principalement des religieuses. Il aurait notamment utilisé de fausses visions mystiques et des symboles spirituels pour justifier ses agressions sexuelles.
Cette annonce marque une étape importante dans la procédure lancée en octobre 2023 par le pape François, suite aux alertes de la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Le Dicastère « doit maintenant créer un tribunal » pour juger le prêtre, explique le cardinal Fernández. Et « il faut trouver des juges ; nous avons fait une liste » ajoute-t-il, en précisant que ces juges devront être extérieurs au Dicastère.
Les abus perpétrés entre 1985 et 1993 vont pouvoir être jugés

Le P. Rupnik avec le pape François le 3 janvier 2022 © Vatican Media
L’affaire remonte au Vatican à 2018 lorsqu’une femme a signalé des agressions sexuelles de la part du P. Rupnik, entraînant une enquête du Dicastère pour la doctrine de la foi. En janvier 2020, le prêtre a été reconnu coupable d’« absolution du complice », un délit entraînant une excommunication automatique.
Mais cette excommunication a été levée par le Saint-Siège peu de temps après. En avril 2021, de nouvelles allégations ont émergé et malgré la crédibilité des témoignages, le Dicastère a clos le dossier en octobre 2022 en raison de la prescription des faits.
En décembre 2022, la Compagnie de Jésus a imposé des restrictions au P. Rupnik, lui interdisant notamment de confesser, d’accompagner spirituellement ou de prêcher des retraites. En raison de son refus persistant d’obéir, le prêtre a été expulsé en juin 2023 de la Compagnie et malgré cela, il a été incardiné en août 2023 dans le diocèse de Koper, en Slovénie. Enfin, le pape François a levé la prescription canonique en octobre 2023, permettant la réouverture de l’enquête par le Dicastère pour la doctrine de la foi.
Suite à de nouvelles plaintes déposées au printemps dernier auprès du Dicastère, le Vatican a envisagé en novembre 2024 de classer « l’abus spirituel » comme un nouveau crime dans l’Église catholique, afin de pouvoir traiter les cas où des prêtres utilisent des expériences mystiques supposées pour causer du tort à autrui.