L’année 2025 marque les 1700 ans du premier Concile œcuménique de Nicée, un événement capital dans l’histoire de l’Église, dont l’anniversaire sera célébré au début de l’été prochain.
Qu’est-ce qu’un concile ?
Du latin concilium, « assemblée », le concile est une réunion ou assemblée des évêques et autorités ecclésiastiques dans le but d’évoquer des questions doctrinales. Il se présente comme un moyen pour résoudre les disputes théologiques voire disciplinaires au sein de l’Église. Il existe également le concile œcuménique (ou universel) rassemblant la totalité des évêques chrétiens (et pas seulement/forcément catholiques). Le concile de Nicée est dit œcuménique parce que destiné à réunir des évêques de l’Occident et de l’Orient chrétien.
Arius et arianisme ?
Au IVe siècle, le christianisme connaît une bonne progression dans l’Empire romain. Cependant, une controverse se lève: Arius, prêtre d’Alexandrie en Egypte, soutient une position doctrinale (arianisme) qui faisait débat. Il estimait que Jésus, Fils de Dieu, ayant été créé, ne peut pas partager la nature divine du Père. Seul le Père est Dieu, le Fils occupe une place intermédiaire entre Dieu et l’homme. La doctrine d’Arius «niait la consubstantialité, c’est-à-dire, l’égalité de substance du Fils avec le Père et considérait Jésus le Fils de Dieu comme une nature inférieure, subordonnée à celle du Père. »
Concile de Nicée
En 325 après J.-C., l’empereur Constantin convoque et préside le Concile de Nicée (250 évêques présents et 2 légats prêtres envoyés par Rome) dans la ville du même nom (aujourd’hui Iznik en Turquie). Il s’agit du premier concile œcuménique de l’Eglise chrétienne.
Le Concile de Nicée est considéré comme un tournant majeur dans l’histoire du christianisme, car il va définir l’unité du Christ avec le Père, jouant ainsi un rôle crucial dans la formation de la doctrine chrétienne sur la Trinité. C’est aussi la première fois qu’un concile est convoqué non pas par un évêque, ni même par le pape, mais par un empereur.
En 313, Constantin a mis fin aux persécutions romaines contre les chrétiens, avec l’édit de Milan. Plus tard, en 337, il fera du christianisme une religion d’État. Mais si en 325, Constantin a convoqué le concile de Nicée, c’était pour deux raisons: il était convaincu que la gestion de la res publica (chose publique – République – Etat – Empire) englobait également le droit religieux. Puis aussi pour des raisons politiques, car les débats sur la nature divine du Christ engendraient de graves conflits dans le nord de l’Égypte.
Entre le 20 mai et le 25 juillet 325, le concile prend d’importantes décisions. Tout d’abord, la condamnation de l’arianisme, prononcé comme hérétique et Arius est excommunié et exilé en Yougoslavie. Le symbole de Nicée, texte fondamental, est adopté pour clarifier la foi chrétienne. Il exprime l’unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
La version finale sera légèrement modifiée et complétée lors du Concile de Constantinople en 381, pour devenir ce que l’on appelle le Credo de Nicée-Constantinople. Le concile fixe aussi la date de Pâques afin que la célébration soit commune. La date est fixée au premier dimanche après la pleine lune suivant l’équinoxe de printemps.
Portée et importance du concile de Nicée pour aujourd’hui ?
Les évêques réunis à Nicée ont affirmé la « consubstantialité » de Jésus-Christ avec le Père. Ce qui se traduit, dans la profession de foi dite de Nicée-Constantinople, par cette formule que nous récitons sans peut-être y faire attention : « Il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, consubstantiel au Père… ».
La formule « consubstantiel au Père » a été choisie pour dire la relation de Jésus au Père : quoique distincts, le Père et le Fils partagent une même « substance » divine. Dans le cœur de certains chrétiens, peut-être que persistent inconsciemment des bribes de l’hérésie d’Arius dans l’idée d’un Dieu tellement éloigné que l’on peut avoir du mal à l’imaginer ou le sentir proche.
Avec l’arianisme, la fête de Noël perdrait tout son sens. Certains pensent en effet que Jésus serait un super-homme admirable voire imitable, mais pas vraiment Dieu. C’est le mystère pascal ainsi que le kérygme qui seraient ainsi remis en cause. Le mystère de la Trinité ne peut pas survivre à une telle conception: si Jésus n’est pas Dieu, point de Trinité.
Au nombre des religions révélées (judaïsme, christianisme, islam), l’exception chrétienne tient à ce point central de notre foi, affirmé à Nicée : l’homme Jésus né de Marie est Dieu. Cette affirmation, unique dans l’histoire religieuse de l’humanité, nous permet de croire que le Fils, deuxième Personne de la Trinité, a réellement offert sa vie pour le salut de tous les hommes.
Saint Irénée de Lyon: « Il faut qu’il y ait des hérésies car elles permettent de mieux préciser la foi des croyants. »
P. Frédéric Serge KOGUÉ
prêtre béninois présent dans le diocèse de Nantes en France