Première publication le 12 février 2025
Le matin du 12 février, l’autel de la chapelle latine du Calvaire est revenu au Saint-Sépulcre. Il avait été retiré en avril dernier et, avec d’autres œuvres appartenant au Terra Sancta Museum de Jérusalem, envoyé à Florence afin d’être restauré et exposé au musée Marino Marini.
L’autel, offert en 1578 par le grand-duc de Toscane, Ferdinand de Médicis, à la Custodie de Terre Sainte, a retrouvé sa splendeur d’antan. «En tant que frères franciscains, nous sommes très heureux que l’autel soit de retour à Jérusalem, commente le Frère Stéphane Milovitch, directeur du Bureau des Biens culturels de la Custodie de Terre Sainte et responsable du projet Terra Sancta Museum. « L’autel a retrouvé sa place dans la chapelle latine du Calvaire. Chaque samedi de Carême, le Patriarche latin de Jérusalem se rendra en procession jusqu’à cet autel où il célébrera également le Vendredi Saint de cette année jubilaire ».
Les travaux de restauration
Les différents travaux de restauration ont été réalisés dans l’atelier des frères Savi, spécialisés dans l’orfèvrerie et l’argenterie religieuses. Les interventions visaient à rapprocher autant que possible l’œuvre de son aspect d’origine, sans éliminer aucun élément structurel.
Frère Stéphane montre un détail significatif : « Dans le coin de l’autel apparaît le blason des Médicis, avec un détail curieux, le galero cardinalice. En effet, l’autel a été offert lorsque le grand-duc de Toscane était également cardinal. Par la suite, pour la première fois dans l’histoire de l’Église, le grand-duc fut réduit à l’état laïc pour qu’il puisse maintenir le duché en vie ».
Union entre l’Église locale et l’Église universelle
L’autel est composé de deux parties, qui s’unissent pour raconter une histoire de profonde dévotion. La partie supérieure, offerte par Ferdinand de Médicis, est en bronze doré et présente six bas-reliefs représentant la passion et la résurrection de Jésus. Conçue à l’origine comme un couvercle pour la pierre de l’onction, elle s’est avérée trop petite une fois arrivée à Jérusalem, c’est pourquoi elle a été placée sous l’arc nord de la chapelle de la crucifixion et utilisée comme autel par les frères franciscains.
Quant à la partie inférieure, elle est en fer forgé. Réalisée par les frères, avec l’aide des artisans de l’atelier de ferronnerie du couvent de San Salvatore, elle témoigne du lien de la Custodie avec la communauté locale.
« Dans cet autel, l’union entre l’Église locale et l’Église universelle est évidente », explique Frère Stéphane. « La Custodie de Terre Sainte œuvre à la fois pour l’Église locale, qui vit à l’ombre des sanctuaires, et pour l’Église universelle, les peuples du monde entier. Ainsi, sur cet autel, nous avons une excellence de l’Église universelle, avec la partie offerte par les Médicis, et une excellence locale, réalisée par les artistes-artisans de Jérusalem. »
L’Épiphanie de la mission franciscaine
L’autel a une grande valeur symbolique en tant qu' »épiphanie des trois missions de la Custodie de Terre Saint« , affirme le frère Stéphane. « La première est la conservation et la promotion des Lieux Saints, et nous voyons ici l’autel placé sur le Calvaire. La deuxième est la formation pastorale et professionnelle de la communauté locale, dont la partie la plus récente en est le témoignage. Enfin, la troisième mission est l’accueil des pèlerins qui viennent du monde entier au Saint-Sépulcre et laissent des dons en signe de dévotion, comme l’a fait le Grand-Duc de Toscane en 1578. »
Lucia Borgato