Cycle de catéchèse – Jubilé 2025. Jésus-Christ, notre espérance. I. L’enfance de Jésus. 6. « Ils virent l’enfant (…) ils se prosternèrent et l’adorèrent. » (Mt 2,11) La visite des mages au Roi nouveau-né.
Chers frères et sœurs,
Dans les Évangiles de l’enfance de Jésus, il y a un épisode propre au récit de Matthieu : la visite des mages. Attirés par l’apparition d’une étoile qui, dans de nombreuses cultures, est le signe avant-coureur de la naissance de personnes exceptionnelles, des mages se mettent en route depuis l’Orient, sans connaître exactement le but de leur voyage. Ce sont les mages, des personnes qui n’appartiennent pas au peuple de l’alliance. La dernière fois, nous avons parlé des bergers de Bethléem, exclus de la société juive parce qu’ils étaient considérés comme « impurs » ; aujourd’hui, nous rencontrons une autre catégorie, les étrangers, qui arrivent immédiatement pour rendre hommage au Fils de Dieu qui est entré dans l’histoire avec une royauté totalement nouvelle. Les Évangiles nous disent clairement que les pauvres et les étrangers sont invités parmi les premiers à rencontrer l’Enfant de Dieu, le Sauveur du monde.
Les mages étaient considérés comme représentant à la fois les races primordiales, engendrées par les trois fils de Noé, les trois continents connus dans l’Antiquité : l’Asie, l’Afrique et l’Europe, et les trois étapes de la vie humaine : la jeunesse, la maturité et la vieillesse. Au-delà de toute interprétation possible, ce sont des hommes qui ne restent pas immobiles, mais qui, comme les grands élus de l’histoire biblique, sentent l’invitation à se déplacer, à se mettre en route. Ce sont des hommes qui savent regarder au-delà d’eux-mêmes, qui savent regarder vers le haut.
Leur attirance pour l’étoile apparue dans le ciel les met en route vers le pays de Judée, vers Jérusalem, où ils rencontrent le roi Hérode. Leur naïveté et leur confiance à demander des informations sur le nouveau-né roi des Juifs se heurtent à la ruse d’Hérode qui, ébranlé par la peur de perdre son trône, cherche immédiatement à y voir clair en contactant les scribes et en leur demandant d’enquêter.
Le pouvoir du souverain terrestre montre ainsi toute sa faiblesse. Les experts connaissent les Écritures et informent le roi du lieu où, selon la prophétie de Michée, naîtra le chef et le berger du peuple d’Israël (Mi 5,1) : la petite Bethléem et non la grande Jérusalem ! En effet, comme le rappelle Paul aux Corinthiens, « ce qui est faible aux yeux du monde, Dieu l’a choisi pour confondre les forts » (1 Co 1,27).
Cependant, les scribes, qui savent exactement où est né le Messie, montrent le chemin aux autres, mais eux-mêmes ne bougent pas ! En effet, il ne suffit pas de connaître les textes prophétiques pour se brancher sur les fréquences divines, il faut se laisser aller à « creuser à l’intérieur » et permettre à la Parole de Dieu de raviver le désir de chercher, d’allumer le désir de voir Dieu.
C’est alors qu’Hérode, en catimini, comme le font les fourbes et les violents, demande aux mages le moment précis de l’apparition de l’étoile et les incite à poursuivre leur voyage puis à revenir ensuite lui apporter des nouvelles, afin qu’il puisse lui aussi aller adorer le nouveau-né. Pour ceux qui sont attachés au pouvoir, Jésus n’est pas une espérance à accueillir, mais une menace à éliminer !
Lorsque les mages se remettent en route, l’étoile réapparaît et les guide vers Jésus, signe que la création et la parole prophétique représentent la langue avec laquelle Dieu parle et se laisse trouver. La vue de l’étoile fait naître chez ces hommes une joie irrépressible, car l’Esprit Saint, qui anime le cœur de ceux qui cherchent Dieu avec sincérité, le remplit également de joie. En entrant dans la maison, les mages se prosternent, adorent Jésus et lui offrent des cadeaux précieux, dignes d’un roi, dignes de Dieu. Pourquoi ? Que voient-ils ? Un auteur ancien écrit : ils voient « un humble petit corps que le Verbe a revêtu ; mais la gloire de la divinité ne leur est pas cachée. Ils voient un petit enfant, mais ils adorent Dieu » (Chromatius d’Aquilée, Commentaire sur l’Évangile de Matthieu 5,1). Les mages deviennent ainsi les premiers croyants parmi tous les païens, image de l’Église rassemblée de toutes les langues et de toutes les nations.
Chers frères et sœurs, mettons-nous nous aussi à l’école des mages, de ces « pèlerins de l’espérance » qui, avec beaucoup de courage, ont dirigé leurs pas, leurs cœurs et leurs biens vers Celui qui est l’espérance non seulement d’Israël, mais de tous les peuples. Apprenons à adorer Dieu dans sa petitesse, dans sa royauté qui n’opprime pas, mais libère et permet de servir avec dignité. Et offrons-lui les plus beaux cadeaux pour exprimer notre foi et notre amour.