Chers délégués,
Comme beaucoup d’entre vous le savent probablement, 2025 est une année jubilaire, une année de grâce selon l’ancienne tradition du peuple d’Israël, qui a été présentée comme une occasion de restaurer la paix et la fraternité sociale, à travers le pardon et la réconciliation. De manière significative, je voulais dédier ce jubilé au thème de l’espérance comme appel à tous les hommes de bonne volonté, car je considère que, indépendamment de nos croyances, « dans le cœur de chaque personne, il y a l’espérance comme désir et attente du bien » (Bulle Spes non confundit, 1).
De cette façon, l’espérance se révèle comme une valeur très appropriée pour ce forum qui se déroule à La Havane, car, grâce à son aspiration à être ouvert, pluriel et multidisciplinaire, il a la capacité de regarder les raisons qui touchent le cœur de l’homme d’aujourd’hui. C’est l’espérance qui nous donne, à nous chrétiens, la foi et l’amour pour Jésus-Christ, qui nous permet d’être « prêts à participer aux souffrances, aux lassitudes, aux déceptions et aux peurs qui font partie de la vie » de chaque homme et de chaque société (cf. Lettre encyclique n° 100).Dilexit nos, 157).
Notre « espérance naît de l’amour et se fonde sur l’amour » (Bulle Spes non confundit, 3). Un amour qui nous appelle à construire, sur les ruines que nous laissons dans ce monde avec notre péché, une nouvelle civilisation de l’amour, afin qu’au milieu du désastre laissé par le mal, nous puissions tous collaborer à la reconstruction du bien et de la beauté (cf. Lettre encyclique n°Dilexit nos, 182).
Dans la Bulle de convocation du jubilé, il a proposé une série de pistes et d’appels à l’espérance, que nous pouvons assumer sur le plan social et culturel en tant qu’hommes de bonne volonté, en redécouvrant cette vertu précieuse dans les signes des temps que le Seigneur nous offre, en prêtant attention « à tout ce qu’il y a de bon dans le monde pour ne pas tomber dans la tentation de nous estimer vaincus par le mal et la violence » (Bulle Spes non confundit, 7).
Que cette certitude nous pousse à travailler sans relâche pour que cette espérance « se traduise en paix pour le monde, qui se trouve une fois de plus plongé dans la tragédie de la guerre » (Ibid.., 8), en abandonnant la logique de la violence et en s’engageant dans le dialogue et l’œuvre de la diplomatie afin de construire avec courage et créativité des espaces de négociation visant à une paix durable (cf.Ibid..). Une entreprise qui ne réussira pas si elle ne réussit pas à faire en sorte que chaque homme, empêché de s’ouvrir à la vie avec enthousiasme, « à cause des rythmes frénétiques de la vie, des peurs de l’avenir, de l’absence de garanties de travail et de protections sociales adéquates, de modèles sociaux dont l’agenda est dicté par la recherche du profit plutôt que par le soin des relations » (Ibid.., 9), peuvent envisager l’avenir avec espérance.
Toutes les initiatives qui visent à ouvrir des chemins à « tant de frères et sœurs qui vivent dans des conditions de détresse » (Ibid.., 10), quelle qu’en soit la cause, afin que les institutions et la société dans son ensemble, avec la collaboration de tous les acteurs sociaux, prennent des initiatives et des itinéraires qui leur redonnent confiance en eux-mêmes et en la société. Les pauvres et les malades, les jeunes et les personnes âgées, les migrants et les personnes déplacées, y compris les personnes privées de liberté, doivent être au centre de nos préoccupations, afin que personne ne soit exclu et que chacun puisse voir sa dignité humaine respectée. De la même manière, les bénévoles et les professionnels qui travaillent dans ces domaines, afin qu’ils aient toujours les moyens appropriés pour porter cet encouragement au nom de toute l’humanité.
Jésus a dit dans la parabole du jugement dernier : « Comme tu l’as fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que tu l’as fait » (Mt25, 40). En tant que croyants en Jésus-Christ, cette interpellation nous invite à reconnaître en chaque homme et en chaque femme l’image de Dieu, appelés à être frères et à faire partie de la famille humaine et de la famille des enfants de Dieu. Même en dehors du domaine de la foi, cette affirmation conserve toute sa force, car nous sommes tous appelés à vivre dans la gratuité fraternelle, et tout ce que nous faisons pour les autres a des répercussions sur nous en tant qu’individus et en tant que société (cf. Lettre encyclique n° 100).Frères et sœurs tous, 140). Tirons cette leçon de l’amour, en construisant l’espérance dans cet équilibre qui cherche à ce que chacun ait ce qui est nécessaire, en nous apprenant à partager avec les pauvres et à nous ouvrir avec générosité à l’autre, afin que nous sachions contribuer avec ce que nous sommes et ce que nous avons au bien commun. Puissent ces vœux les aider dans l’œuvre qu’ils entreprennent pour une société plus juste et plus fraternelle.
Du Vatican, le 22 novembre 2024
François
Traduction réalisée par ZENIT