L’Église d’Angleterre se trouve à un moment crucial alors qu’elle entame la recherche d’un nouvel archevêque de Canterbury suite à la démission de Justin Welby le 12 novembre. Connu pour son alliance œcuménique avec le pape François et son plaidoyer en faveur d’un anglicanisme mondial, M. Welby a démissionné dans un contexte de controverse après qu’un rapport indépendant l’a accusé de ne pas avoir traité une affaire d’abus sexuel portée contre lui pendant son mandat.
Une vague de changement dans le leadership
Parmi les candidats envisagés pour ce poste figure Guli Francis-Dehqani, évêque de Chelmsford, dont le parcours et la perspective uniques pourraient redéfinir l’avenir de la Communion Anglicane. Née en Iran en 1966 et ayant fui au Royaume-Uni alors qu’elle était adolescente, la candidature de Francis-Dehqani symbolise le visage de plus en plus mondial de l’anglicanisme, une dénomination dont la majorité des 98 millions de membres se trouve aujourd’hui en Afrique et en Asie.
Si Francis-Dehqani était élue, cela marquerait un moment de transformation dans le leadership anglican, une rupture avec la tradition qui pourrait avoir des conséquences sur les relations de l’Église avec le Vatican et sur sa cohésion interne.
Candidats et défis
Martyn Snow, évêque de Leicester, et Graham Usher, évêque de Norwich, rejoignent Francis-Dehqani sur la liste des candidats. Tous trois ont pour mission de s’attaquer à une Église confrontée à une baisse de fréquentation dans les pays occidentaux, à des divisions internes sur les questions de genre et de sexualité, et à la nécessité de trouver un équilibre entre ses racines britanniques et sa présence croissante dans les pays du Sud.
Pendant le mandat de Welby, des efforts ont été déployés pour surmonter ces divisions, mais sa démission sur fond de scandale a laissé l’Église face au défi de restaurer la confiance des fidèles. En particulier, les femmes évêques anglicanes ont réclamé avec force une plus grande responsabilité, ce qui témoigne au plus d’une volonté de réforme.
Le processus de sélection
La décision revient à la Commission des Nominations de la Couronne (CNC), un organe de 16 membres chargé de nommer deux candidats pour le poste. La décision finale revient au Premier ministre Keir Starmer et au roi Charles III. Alors que Starmer, athée déclaré, pourrait théoriquement bloquer ou suggérer des alternatives, le roi Charles, connu pour son intérêt pour le dialogue interreligieux et la liberté de religion, devrait jouer un rôle plus actif dans l’orientation de la sélection…
Le processus du CNC est complexe. Stephen Cottrell, l’archevêque d’York et la deuxième personnalité la plus importante de l’Église d’Angleterre, travaillera avec la commission pour recommander les candidats finaux. Après examen par le Premier ministre, le candidat choisi sera officiellement nommé par le roi et investi à la cathédrale de Canterbury.
Implications pour l’avenir
Le choix du prochain archevêque pourrait influencer de manière significative l’orientation de l’Église. Francis-Dehqani représente une évolution potentielle vers l’inclusion et l’engagement mondial, mais son leadership pourrait défier les traditionalistes et compliquer les liens de l’Église avec l’Église catholique.
À l’inverse, un choix plus conventionnel, tel que Snow ou Usher, pourrait privilégier la stabilité et viser à réconcilier les divisions au sein de la Communion Anglicane tout en maintenant un cap œcuménique ferme.
Aucune date n’ayant encore été fixée pour l’annonce, la décision s’annonce importante pour une Église qui cherche à relever les défis modernes tout en préservant son héritage historique. À une époque marquée par l’évolution des paysages culturels et religieux, le nouvel archevêque aura la charge de tracer la voie vers l’unité et le renouveau.