Dans un nouveau rebondissement du débat sur l’avenir de l’Église catholique en Allemagne, quatre évêques éminents ont exprimé leur inquiétude sur le « chemin synodal » de l’Allemagne dans une déclaration du 4 novembre. Les évêques, dont le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne, s’interrogent sur la compatibilité des objectifs synodaux de l’Allemagne avec la vision récemment exposée lors du Synode mondial sur la synodalité du Vatican, qui s’est achevé le mois dernier à Rome.
La déclaration de Mgr Woelki, ainsi que celle des évêques Gregor Maria Hanke d’Eichstätt, Stefan Oster de Passau et Rudolf Voderholzer de Regensburg, met en lumière les préoccupations concernant l’approche de l’Allemagne en matière de réforme des structures et des pratiques ecclésiales. Selon les évêques, le chemin synodal en Allemagne risque de diverger des objectifs plus larges de l’Église mondiale et pourrait fracturer l’unité s’il continue sur sa trajectoire actuelle.
Un appel au discernement spirituel plutôt qu’au débat parlementaire
La critique des évêques se concentre sur ce qu’ils décrivent comme un décalage fondamental entre la synodalité basée sur le discernement approuvé à Rome et le style plus parlementaire du chemin synodal allemand. Réfléchissant à leurs expériences au sein des assemblées synodales allemandes, les évêques ont observé que « le discernement spirituel et l’écoute mutuelle » étaient éclipsés par une procédure axée sur la règle de la majorité et la pression publique. Ils ont observé que la majorité, qui a des opinions plus progressistes sur le gouvernement et la doctrine de l’Église, a souvent fait pression pour obtenir des décisions qui, à leur avis, manquaient de discernement spirituel.
Selon eux, ce changement d’orientation s’éloigne de la mission centrale d’une Église synodale, qui est de créer « une communauté missionnaire de disciples marchant ensemble », comme le souligne le document synodal du Vatican publié le 26 octobre. Au contraire, la voie synodale allemande a présenté des propositions de changements significatifs, notamment en repensant le célibat des prêtres, en plaidant pour le diaconat féminin et réviser l’enseignement de l’Église sur la sexualité, autant de domaines qui restent controversés au sein de l’Église Catholique au sens large.
Tensions dans l’unité synodale allemande
Les tensions au sein de l’épiscopat allemand ne sont pas nouvelles, mais des critiques récentes ajoutent une nouvelle tension aux projets d’un « organe synodal national » destiné à créer un conseil permanent d’évêques et de laïcs. Soutenue par l’influente organisation laïque, le comité central des catholiques allemands (ZdK), cette initiative s’est heurtée à la résistance du Vatican, qui s’est inquiété du fait qu’un tel organe pourrait défier l’autorité de la conférence épiscopale allemande.
Alors que la plupart des évêques allemands soutiennent le programme ambitieux de la Voie synodale, Woelki, Hanke, Oster et Voderholzer s’y sont opposés, notamment en bloquant les fonds destinés au comité de transition synodale et en s’abstenant de participer à ses réunions. Ils affirment que les questions clés mises en avant en Allemagne, telles que le célibat et l’éthique sexuelle, n’ont pas de lien clair avec l’objectif de prévention des abus cléricaux, une affirmation que les partisans de la Voie synodale ont faite pour justifier les réformes structurelles.
Le chemin à parcourir : trouver un terrain d’entente
Alors que l’Allemagne poursuit son chemin, ces évêques restent déterminés à s’engager dans les réformes synodales d’une manière conforme aux principes catholiques globaux. Malgré leurs divergences, les représentants du Vatican et les responsables de l’Église allemande se sont engagés à maintenir les canaux de communication ouverts afin d’aborder les questions sensibles.
Pour l’instant, les quatre évêques restent fermes dans leur désir de façonner un avenir synodal qui s’harmonise avec la mission globale de l’Église, soulignant que la véritable synodalité se trouve dans la promotion d’une Église où les laïcs et le clergé marchent ensemble dans le discipolat, plutôt que dans la simple gouvernance. Bien que les prochaines étapes ne soient pas encore claires, une chose est sûre : l’avenir de l’Église catholique allemande jouera un rôle important dans le cheminement synodal plus large de l’Église mondiale.