Le lundi 11 novembre, le pape François a reçu les délégations du diocèse d’Aoste et des Chanoines du Grand-Saint-Bernard dans la salle Cléméntine. Il leur a adressé le discours ci-dessous, traduit en français par Zenit.
Chers frères et sœurs, soyez les bienvenus !
Je salue l’évêque d’Aoste, le prévôt du Grand-Saint-Bernard, les éminentes autorités civiles et religieuses présentes et vous tous.
Je suis heureux de vous rencontrer au terme de l’Année Jubilaire consacrée au centenaire de la proclamation de saint Bernard d’Aoste comme Patron des alpinistes, des voyageurs et des habitants des Alpes (cf. Pie XI, Lett. Quod Sancti, 20 août 1923), ainsi qu’au neuvième centenaire depuis sa canonisation et au premier millénaire depuis sa naissance.
Le point d’appui des différents moments qui ont accompagné cette période de célébration a donc été la figure de ce saint alpin, sur lequel nous nous arrêtons également un instant pour réfléchir. Nous pourrions résumer quelques-uns des traits fondamentaux de son œuvre en nous référant à trois domaines d’action auxquels la Providence l’a appelé et qui sont toujours d’actualité : l’annonce, l’accueil et la promotion de la paix.
Tout d’abord, l’annonce. Bernard, archidiacre du diocèse d’Aoste, était un prédicateur capable de toucher les cœurs les plus endurcis, en les ouvrant au don de la foi et de la conversion. Il était capable de faire de l’annonce « une expérience intense et joyeuse de l’Esprit » (Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 135), et il s’est consacré à cette mission avec zèle jusqu’à sa mort en 1081 à Novare, où il prêchait.
Ensuite, l’hospitalité. L’aventure charitable qui le rendra célèbre est cependant liée à une autre mission que lui a confiée l’obédience : celle de prendre soin des pèlerins et des marcheurs qui traversaient les cols alpins proches du Mont Blanc – cols qui portent encore aujourd’hui son nom – pour rejoindre l’Italie depuis la France et la Suisse et vice-versa, dans le cadre d’un périple international. Le voyage était difficile et comportait le risque de se perdre, d’être attaqué et de mourir dans les glaces. Pour prendre soin de ces personnes, Bernard a fondé les deux célèbres Hospices, en rassemblant autour de lui sa communauté de chanoines, qui se consacrent encore aujourd’hui à ce service, fidèles à la devise : Hic Christus adoratur et pascitur, « Ici, le Christ est adoré et nourri ». Il s’agit d’un programme de charité intégrale, matérielle et spirituelle, qui a pour centre l’Eucharistie et qui va de la prière à l’accueil de tous ceux qui frappent à la porte. Un vrai modèle aussi pour notre temps : accueillir et prendre soin de tous ceux qui demandent de l’aide, dans leur corps et dans leur esprit, sans distinctions et sans fermeture d’esprit.
Annonceur, accueil et, troisièmement, opérateur de paix. Bernardo opérateur de paix. L’épisode emblématique, en ce sens, est son voyage à Pavie, déjà malade, pour tenter de convaincre l’empereur Henri IV de renoncer à son intention de faire la guerre au pape Grégoire VII. Ce voyage lui coûta la vie. En effet, il mourut peu de temps après son retour. Comme nous le savons, sa tentative n’a pas abouti. Mais cela le rend d’autant plus noble à nos yeux, car cela le montre engagé dans une entreprise délicate et incertaine, sans aucune garantie de succès. En promouvant la paix, sans se décourager, même face à l’échec. Et combien nous avons besoin de ce courage aujourd’hui encore !
Chers amis, puisque certains d’entre vous sont guides alpins et moniteurs de ski, je voudrais conclure en évoquant votre saint patron à travers deux symboles de la montagne : le piolet et la corde. Le piolet de saint Bernard était la Parole de Dieu, avec laquelle il était capable de brûler même les âmes les plus froides et les plus endurcies ; sa cordée était la communauté, avec laquelle il marchait – et aidait les autres à marcher – même sur des chemins risqués, pour atteindre son but. Puisse le monde entier marcher sur des chemins aussi beaux que les siens, sur les hautes montagnes, mais surtout marcher à l’intérieur du cœur. Avons-nous le courage de marcher à l’intérieur du cœur pour savoir ce que le cœur ressent, ce que le cœur dit ?
Je vous bénis, vous et les habitants de la Vallée d’Aoste, et je vous demande de prier pour moi. Je vous remercie.