Première publication sur Custodia.org le 30 octobre 2024
La fête de la Bienheureuse Vierge Marie Reine de Palestine a été célébrée le samedi 26 octobre au sanctuaire de Deir Rafat. Cet événement annuel représente un moment de joie, mais aussi de recueillement et de prière, pour tous les chrétiens de Terre Sainte. A cette occasion, nous avons rencontré les jeunes de la paroisse Saint-Sauveur de Jérusalem, lesquels nous ont raconté leur vie, et les nombreuses difficultés et incertitudes auxquelles ils se trouvent confrontés lorsque vivre en tant que chrétien est un défi quotidien.
« Agape, le nom de notre groupe, signifie ‘amour de Dieu,’ un amour qui nous invite, nous les jeunes de Jérusalem, à faire chaque jour l’expérience de la grâce divine. Nous donnons avec charité, nous essayons d’aider notre prochain, et nous faisons tout avec amour ».
C’est par ces mots que Taym, une jeune étudiante en théologie vivant dans la vieille ville de Jérusalem, explique la réalité du groupe de jeunes dont elle fait partie. Elle est accompagnée d’Issa, ingénieur civil, qui vit à Jérusalem avec sa femme. Ensemble, ils fréquentent le groupe Agape.
« C’est la première fois que nous venons à Deir Rafat avec ce groupe de jeunes, poursuit Taym, pour prier et nous amuser ensemble. Nous sommes convaincus que là où la foi est présente, chaque prière, aussi petite soit-elle, peut déplacer une montagne ».
Être chrétien à Jérusalem : un défi quotidien
Témoigner de la foi chrétienne à Jérusalem est une épreuve que ces garçons et ces filles affrontent avec beaucoup de courage.
« Jérusalem, explique Issa, est une ville caractérisée par la diversité religieuse et culturelle, et c’est également vrai au sein des différentes confessions. Nous croyons tous en un seul Dieu, mais pour moi, être chrétien signifie vivre les enseignements de Jésus ».
Taym, quant à elle, souligne le lien particulier qui unit chaque chrétien à cette terre.
« Être chrétien ici signifie beaucoup de choses. Nombreux sont ceux qui pensent que cette terre appartient à quelqu’un en particulier, mais de notre côté nous croyons que Dieu l’a donnée à tout le monde. Pour nous, chrétiens, c’est un miracle d’être ici, là où Jésus est né et a vécu. Vivre sur cette terre est une bénédiction pour nous ».
Incertitude quant à l’avenir
Pour les jeunes chrétiens de Jérusalem, il n’est pas facile de croire en l’avenir. La guerre a profondément affecté leur vie, directement et indirectement, interrompant leur normalité et remplissant leurs journées d’incertitude.
Issa raconte comment les gens ont cessé de sortir, la première conséquence de la guerre ayant été précisément la suspension de toute vie sociale. En outre, l’arrivée continuelle de nouvelles de violence a profondément ébranlé leur sérénité.
« Nous ne souhaitons que la paix, mais il est difficile de voir tant de souffrance au quotidien. La seule chose que nous puissions faire est de vivre chaque jour la vie que Dieu nous a donnée ».
Taym évoque également la difficulté de se projeter dans l’avenir, un sentiment partagé par de nombreux jeunes qui sont donc tentés de quitter leur patrie. Ainsi, face au désespoir qu’entraîne la guerre, la foi devient leur ancre de salut.
« Personnellement, j’ai du mal à me projeter dans l’avenir, et je crois que c’est le cas de tous les jeunes qui m’entourent. Nous pensons à notre vie de tous les jours, nous nous réveillons avec l’idée que des gens vont mourir. Beaucoup d’entre nous envisagent de partir, mais la foi nous retient, parce que nous croyons que, tout comme Jésus est né et a vécu ici, nous pouvons nous aussi rester, et qu’Il nous protégera ».
Rester : un choix de courage et d’espoir
Décider de rester malgré les difficultés est un grand témoignage de courage et de foi que nous offrent ces jeunes. L’espoir émerge de leurs paroles. L’expérience de la haine et de la violence permet d’apprécier ces moments d’amour qui donnent une lueur d’espoir pour l’avenir des jeunes de Terre Sainte.
Issa conclut : « Nous avons décidé de rester parce que, malgré les tensions et les difficultés, nous vivons dans un lieu magnifique. Nous sommes parfois confrontés à la haine venant de différents côtés, mais c’est précisément dans ces moments-là que nous apprécions les gestes de gentillesse, notamment lorsque les gens font preuve d’amour, même s’ils ont toutes les raisons de ne pas le faire ».
Lucia Borgato