C'est après la messe rassemblant 40 000 personnes que le pape François a annoncé l'ouverture prochaine du procès en béatification du roi Baudouin © Vatican Media

Les trois jours du pape en Belgique

Des journées denses, des rencontres imprévues et l’appel à la béatification du Roi Baudouin

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Jeudi 26 septembre 2024 au soir, le pape François a atterri à l’aéroport de Melsbroek, après avoir passé une journée au Grand-Duché de Luxembourg. Un moment très attendu par le peuple belge, qui n’avait pas reçu la visite d’un pape depuis celle de saint Jean-Paul II, en 1995.

Situé au carrefour de l’Europe, la Belgique a un rayonnement important au niveau culturel, social et politique. Lieu de brassage multiculturel et multilinguistique, le pays accueille le siège des principales institutions européennes. C’est également la Belgique qui a donné de nombreux missionnaires à l’Église catholique !

Abus sur mineurs : demander pardon et résoudre le problème 
La reine Mathilde et le roi Philippe accueillent le pape au château de Laeken © Vatican Media

La reine Mathilde et le roi Philippe accueillent le pape au château de Laeken © Vatican Media

Vendredi 27 septembre au matin, le pape s’est tout d’abord dirigé vers le château de Laeken où il a été accueilli par le couple royal, Philippe et Mathilde de Belgique. Devant les autorités, Il a salué le courage et la prudence du peuple belge. Il a également parlé des adoptions forcées dans le pays entre 1950 et 1970, et des abus sur les mineurs. Reconnaissant la responsabilité de l’Église catholique sur le sujet des abus, il a déclaré : « Ceci est la honte ! La honte que nous devons tous prendre en main aujourd’hui, demander pardon et résoudre le problème : la honte des abus, des abus sur mineurs (…). Ceci est notre honte et notre humiliation. »

Le pape a ensuite fait une visite surprise aux Petites sœurs des pauvres présentes dans le quartier des Marolles, au cœur de Bruxelles. Une occasion de rencontrer les personnes âgées et les plus pauvres, et de féliciter cette congrégation fondée en 1839 par sainte Jeanne Jugan. 

L’après-midi, il était attendu à l’Université catholique de Leuven, dans le Brabant flamand, à l’occasion des 600 ans de sa fondation. Ayant une attention particulière pour l’engagement de l’université envers les plus vulnérables, il a parlé notamment des migrants et a rappelé la mission de l’université, qui est d’élargir les frontières et de devenir un espace ouvert pour l’homme et pour la société. « Soyez des chercheurs de la vérité et n’éteignez jamais votre passion, pour ne pas tomber dans l’acédie de la pensée, qui est une très mauvaise maladie » leur a-t-il déclaré. 

À l’Église belge : « Avoir le courage d’une conversion ecclésiale » 
Le pape a rencontré le clergé et les agents pastoraux belges dans la basilique de Koekelberg © Vatican Media

Le pape a rencontré le clergé et les agents pastoraux belges dans la basilique de Koekelberg © Vatican Media

Samedi 28 septembre, le pape a commencé sa journée avec une nouvelle surprise. Alors que le programme officiel ne prévoyait, pour ce samedi matin, qu’une rencontre à la basilique de Koekelberg, il a choisi de commencer sa journée en visitant des sans-abris à l’église de Saint-Gilles de Bruxelles. 

Il s’est ensuite entretenu avec le clergé et les acteurs pastoraux à la basilique de Koekelberg. Il leur a donné des pistes de réflexion autour de trois thèmes : l’évangélisation, la joie et la miséricorde. « Nous sommes passés d’un christianisme installé dans un cadre social accueillant à un christianisme “de minorité”, ou plutôt, de témoignage » leur a-t-il dit, en les invitant à avoir le « courage d’une conversion ecclésiale ». Il a également parlé de l’importance du pardon : « Jésus nous montre que Dieu ne se tient pas à l’écart de nos blessures et de nos impuretés. Il sait que nous pouvons tous faire des erreurs, mais personne n’est une erreur. »

Le pape François s’est ensuite rendu dans la crypte royale, sous l’église Notre-Dame de Laeken. Il s’est recueilli en silence devant la tombe du roi Baudouin et a rappelé le courage du défunt roi, lorsqu’il a choisi de « quitter son poste de Roi pour ne pas signer une loi meurtrière » (la loi sur l’avortement).

L’après-midi, il s’est rendu à l’université de Louvain-la-Neuve, dans le Brabant wallon, pour un échange avec les étudiants et les professeurs autour du thème du changement climatique. Il a exhorté son auditoire à avoir une attitude de gratitude envers la création car « cette maison nous est donnée : nous n’en sommes pas les maîtres, nous sommes des hôtes et des pèlerins sur la terre ». Le pape a parlé aussi de la mission, de la fidélité à Dieu et aux hommes et du rôle de la femme dans l’Église.

En fin de journée, le pape a rencontré pendant deux heures et en toute discrétion 17 victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé. Enfin, contre toute attente, il a fait le soir une apparition surprise au Hope Happening 2024, un festival pour la jeunesse à Bruxelles, et il a été acclamé par presque 6 000 jeunes.

Le pape va ouvrir le procès en béatification du roi Baudouin
Rencontre avec les étudiants à l'université catholique de Louvain-la Neuve le samedi 28 septembre © Vatican Media

Rencontre avec les étudiants à l’université catholique de Louvain-la Neuve le samedi 28 septembre © Vatican Media

Dimanche matin 29 septembre, en cette Journée mondiale du migrant et du réfugié, le pape François a célébré une « messe géante » au stade Roi Baudouin, entouré de 40 000 personnes. Au cours de cette messe, il a béatifié une disciple de sainte Thérèse d’Avila, la carmélite Anne de Jésus, morte à Bruxelles en 1621.

Dans son homélie, il a invité les fidèles à l’ouverture, à la communion et au témoignage. Il a reparlé des abus de l’Église qui ont touché douloureusement le peuple belge. Ses paroles fortes ont été longuement applaudies : « Il y a de la place dans l’Église pour tous, tous, tous, mais nous serons tous jugés, et il n’y a pas de place pour l’abus, pas de place pour la couverture de l’abus. Je le demande à chacun : ne couvrez pas les abus ! Je demande aux évêques : ne couvrez pas les abus ! Condamner les abuseurs et les aider à guérir de cette maladie qu’est l’abus. »

À propos de la carmélite Anne de Jésus, il a salué l’œuvre et la vie de la nouvelle bienheureuse, une femme inspirante qui « a été l’une des protagonistes, dans l’Église de son temps, d’un grand mouvement de réforme, sur les traces d’une “géante de l’esprit” Thérèse d’Avila, dont elle a diffusé les idéaux en Espagne, en France et également ici, à Bruxelles, dans ce qu’on appelait à l’époque les Pays-Bas espagnols ».

Après la messe, et avant de repartir en direction de Rome, le pape François a prié l’Angélus avec la foule, puis a conclu par une annonce destinée à l’Église de Belgique et à toute l’Église universelle : « Je voudrais maintenant vous donner une nouvelle. À mon retour à Rome, je lancerai le procès en béatification du roi Baudouin : que son exemple d’homme de foi éclaire les gouvernants. Je demande aux évêques belges de s’engager pour faire avancer cette cause. »

 

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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