Chers amis, soyez les bienvenus !
Je suis heureux de savoir que vous avez donné vie, avec l’évêque d’Assise et les autres promoteurs que j’ai nommés, à la « Fondation Économie de François ». De vos idéaux est née une institution. Elle est importante parce qu’elle servira à soutenir ces idéaux ; et vous n’en serez pas seulement les bénéficiaires, mais les protagonistes, en assumant les tâches qui vous sont confiées avec enthousiasme et disponibilité.
Au cours de ces cinq années, vous avez accompli tant de choses. Je vous remercie d’avoir pris au sérieux mon invitation à « relancer » l’économie et d’avoir accepté les orientations que je vous ai données lors de vos conférences annuelles. Elles font partie de la doctrine sociale de l’Église et s’enracinent en fin de compte dans l’Évangile. Vous avez peut-être rencontré de nombreux maîtres au cours de vos études ou de vos expériences professionnelles, vous avez même dialogué sincèrement avec tous, mais vous tourner vers l’Évangile vous garantit un Maître exceptionnel, Jésus, le seul qui ait pu dire : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).
Maintenant, une nouvelle phase commence pour vous. Cette belle réalité qui est la vôtre doit grandir, se renforcer, toucher de plus en plus de jeunes et porter les fruits typiques de l’Évangile et de la bonté. Merci pour tout ce que vous avez fait et continuez de faire, qui a dépassé toutes les attentes. J’ai voulu me concentrer sur vous, parce que les jeunes ont toute la vie devant eux, ils sont un « chemin » vivant, et de ce chemin peuvent naître de bonnes choses, tout en veillant à éviter les mauvaises.
Le monde de l’économie a besoin de changer. Vous ne le changerez pas seulement en devenant ministres, prix Nobel ou grands économistes, ce qui est une bonne chose. Vous le changerez surtout en l’aimant, à la lumière de Dieu, en y injectant les valeurs et la force du bien, avec l’esprit évangélique de François d’Assise : il était fils de commerçant, il connaissait les mérites et les défauts de ce monde ! Aimez l’économie, aimez concrètement les travailleurs, les pauvres, en donnant la priorité aux situations les plus douloureuses.
Ce ne sont pas les grands et les puissants qui changent le monde en mieux : c’est l’amour qui est le premier et le plus grand facteur de changement. Un économiste qui a vécu une vie sainte, le bienheureux Joseph Toniolo, a écrit à ce propos que celui qui sauvera vraiment la société « ne sera pas un diplomate, un savant, un héros, mais un saint, voire une société de saints ».
C’est pourquoi j’ai voulu fonder tout le mouvement de l’« Économie de François » sur saint François d’Assise qui, en se dépouillant simplement de tout par amour de Jésus et des pauvres, a aussi donné un nouvel élan au développement de l’économie.
Aujourd’hui, je voudrais vous laisser sur trois mots : soyez des témoins, n’ayez pas peur, espérez sans vous lasser.
Tout d’abord, soyez des témoins. Si vous voulez que d’autres jeunes abordent l’économie avec vos idéaux, ceux que nous avons convenus dans le Pacte d’Assise du 24 septembre 2022, c’est votre témoignage de vie qui les attirera. Soyez cohérents – la cohérence n’est pas à la mode aujourd’hui ! – dans vos choix. Cherchez à être appréciés pour vos projets et vos réalisations, et non pour votre nombre et votre puissance. Transmettez plutôt à beaucoup ce que vous avez reçu, à savoir la « bonne nouvelle » que, inspirée par l’Évangile, même l’économie peut changer pour le mieux.
Deuxièmement : n’ayez pas peur. Je répète ce que j’ai dit aux jeunes lors des JMJ de Lisbonne : « ne soyez pas des administrateurs de peurs, mais des entrepreneurs de rêves ». Poursuivez vos rêves. Il y a tant à faire, il faut oser utiliser des mots nouveaux : les chrétiens l’ont toujours fait, ils n’ont jamais eu peur de la nouveauté. Ils savent que Dieu est le Seigneur de l’histoire. Cela me fait mal de voir ces chrétiens qui se cachent dans les sacristies parce qu’ils ont peur du monde. Ce ne sont pas des chrétiens, ce sont des « retraités » vaincus. Les chrétiens savent que Dieu est le Seigneur de l’histoire et ils continuent d’aller de l’avant.
Troisième mot : espérer sans se lasser. Je sais qu’il n’est pas facile de proposer une nouvelle économie sur fond de guerres nouvelles et anciennes, alors que l’industrie de l’armement prospère en retirant des ressources aux pauvres. Saviez-vous que dans certains pays, les investissements les plus rentables sont ceux des fabricants d’armes ? Ils gagnent en tuant. Dans ces cas, la démocratie est menacée, le populisme et les inégalités se développent et la planète est de plus en plus blessée. Ce n’est pas facile, c’est même très difficile. Peut-être avez-vous parfois l’impression de vous « battre contre des moulins à vent ». Souvenons-nous donc de ce que Jésus a dit aux disciples : « N’ayez pas peur ». Il vous aidera, et l’Église ne vous laissera pas seuls.
Le Dicastère pour la Promotion du Développement Humain Intégral – sœur Alessandra Smerilli est ici présente – continue à se tenir à vos côtés, en vous ouvrant, dans la mesure du possible, les portes de la coopération avec les Églises particulières disséminées dans le monde. Cela vous aidera à établir des contacts et des synergies avec de nombreuses réalités et réseaux de personnes qui partagent vos mêmes idéaux. Le Dicastère accompagnera également les activités de la Fondation, dont je reçois aujourd’hui la constitution, et ce sera la réalité avec laquelle vous pourrez donner vie et substance au rêve de changer l’économie d’aujourd’hui et de donner une âme à l’économie de demain. Que naisse parmi vous une nouvelle manière d’être ensemble et de faire des affaires qui ne produise pas de déchets mais du bien-être matériel et spirituel.
Courage, chers amis, courage ! Si vous êtes fidèles à votre vocation, votre vie s’épanouira, vous aurez de belles histoires à raconter à vos enfants et petits-enfants. Je vois qu’il y a des enfants ici, ce qui est très bien dans une culture où l’on préfère souvent avoir des chiots ou des chats plutôt que des enfants. Il faut secouer un peu l’Italie ! Cela vaut la peine, croyez-moi : cela vaut la peine de passer sa vie à changer le monde pour le meilleur. Allez de l’avant ! Je suis avec vous, je vous accompagne et je vous bénis. Et je vous demande de prier pour moi aussi.