À l’instar de la communauté chrétienne mondiale, l’Église-Famille de Dieu à Porto-Novo a célébré la fête de l’Exaltation de la sainte Croix le 14 septembre 2024. Cet événement revêt une importance particulière, car il marque non seulement l’anniversaire de la création du diocèse de Porto-Novo (14 septembre 1955), mais également la fête diocésaine de la Caritas de Porto-Novo. Ce fut donc une occasion où la foi chrétienne s’est alliée à l’engagement social en faveur des plus vulnérables.
La célébration a été un moment de recueillement profond, un vibrant témoignage de charité, et surtout une exaltation de la foi en la puissance rédemptrice de la Croix. La messe d’action de grâce, présidée par Mgr Aristide Gonsallo, évêque de Porto-Novo, et concélébrée par une cinquantaine de prêtres, a rassemblé de nombreux fidèles du diocèse au sanctuaire de la Croix glorieuse de Gbodjè/Malè, situé à Porto-Novo, à 30 km de Cotonou.
L’essence du paradoxe chrétien
Dans une homélie vibrante et profondément spirituelle, Mgr Aristide Gonsallo, évêque de Porto-Novo, a rappelé le mystère central de la fête : la croix, autrefois perçue comme un signe de malédiction, devient source de bénédiction et de salut grâce au sacrifice du Christ. « La Croix nous place au cœur du paradoxe chrétien », a-t-il affirmé. En se référant aux écrits de saint Paul, l’évêque a souligné la folie apparente de cet amour : « Ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse pour Dieu. » Dans une société moderne souvent tentée de fuir la souffrance, la croix s’impose comme un rappel que la véritable puissance divine se trouve dans la faiblesse et le sacrifice.
Cette approche spirituelle a révélé toute la profondeur du paradoxe chrétien : « Comment la vie peut-elle jaillir de la mort ? Comment la joie peut-elle émerger de la souffrance ? » s’interrogeait le cinquième évêque du Diocèse de Porto-Novo devant une assemblée suspendue à ses paroles. Ces interrogations, a-t-il expliqué, ne trouvent de réponses que dans la foi. La croix, loin d’être un simple instrument de torture, devient un canal par lequel Dieu manifeste sa proximité avec les exclus et les méprisés. « C’est avec eux, pour eux, que le Christ s’est offert », proclama-t-il avec force.
Dans une analogie puissante, le prélat a comparé la vie humaine à une traversée du désert, telle celle des Hébreux mordus par des serpents lors de leur exode. En affirmant « la tentation, l’idolâtrie et le syncrétisme sont les serpents qui mordent encore aujourd’hui », il avertit ainsi les fidèles des périls spirituels auxquels ils sont confrontés. Pourtant, comme dans le récit biblique, il leur a rappelé qu’il leur suffit de lever les yeux vers le Christ crucifié pour recevoir guérison et réconfort. « C’est dans le mystère du Fils de Dieu suspendu à la Croix que s’éclaire l’énigme de la souffrance humaine », a-t-il insisté, invitant les chrétiens à contempler la Croix comme source de rédemption et de paix.
Et puisqu’il s’agit également de la fête de l’érection du diocèse (14septembre 1955), Mgr Gonsallo a rendu un vibrant hommage à ses prédécesseurs sur le siège épiscopal de Porto-Novo, ces « géants de la foi » qui ont marqué l’histoire du diocèse. Il s’agit notamment de Mgr Vincent Mensah et Mgr René Marie Ehouzou, respectivement fondateur de la Caritas diocésaine et initiateur de cette journée de célébration. Mais l’émotion était particulièrement palpable lorsqu’il a évoqué le souvenir de Mgr Marcel Agboton, dont c’était le premier anniversaire de décès ce jour même (14 septembre 2023-14 Septembre 2024). « Monseigneur Agboton, prêtre de grande foi, a pris sa croix et a suivi le Christ jusqu’au bout », a déclaré l’actuel chef de l’Église catholique à Porto-Novo avant de poursuivre : « Durant les années de son épreuve, il a su porter sa croix avec humilité et courage, marchant à la suite du Christ. Son départ un 14 septembre, en ce jour symbolique, est un témoignage puissant de la fidélité à Dieu jusqu’à la fin. » Sa mention de Mgr Agboton, prêtre modèle et pasteur infatigable, a résonné comme un appel à l’imiter pour toutes les personnes présentes.
La Caritas Porto-Novo, au cœur de l’amour du Christ pour les pauvres
Après la messe d’action de grâce, un moment de charité tangible a suivi. Mgr Aristide Gonsallo, en compagnie de l’équipe diocésaine de la Caritas, a procédé à la distribution de kits contenant vivres et produits essentiels aux personnes nécessiteuses présentes. Cet acte de charité est l’expression concrète de l’engagement de l’Église pour soulager les souffrances et apporter un réconfort aux plus vulnérables. Ces bénéficiaires, souvent marqués par des conditions de vie difficiles, ont exprimé leur reconnaissance face à cet acte de charité.
Paul Assogba, un père de famille, a témoigné avec émotion : « Avec ce don, ma famille et moi allons tenir au moins un mois et demi. Je ne peux que remercier la Caritas Porto-Novo pour cette initiative qui, chaque année, nous vient en aide. C’est une bénédiction pour nous. »
« Chaque année, je viens ici avec l’espoir de recevoir quelque chose qui pourra m’aider à nourrir mes petits-enfants. Je n’ai plus de force pour travailler, et ces vivres sont un véritable secours pour moi. Que Dieu bénisse tous ceux qui nous soutiennent. », ajoute Sandrine Vivenoude.
Jean-Baptiste Agbodjè, un homme âgé de 75 ans, bénéficiaire de longue date des actions de la Caritas, a témoigné de l’impact profond de cette aide dans sa vie : « Sans ces dons, il serait difficile pour moi de tenir. Ce que nous recevons nous permet de vivre dans la dignité, malgré les difficultés de la vieillesse. Je remercie Mgr Gonsallo et toute l’équipe de la Caritas pour ce qu’ils font pour nous. »
Le P. René Hounsa, directeur diocésain de la Caritas Porto-Novo, n’a pas manquer d’exprimer sa gratitude. « Dans un élan d’un cœur débordant de joie, nous rendons grâce pour tant de merveilles et de grâces », a-t-il déclaré, avant de remercier Mgr Gonsallo pour son soutien constant. Il a également exprimé sa reconnaissance envers les confrères prêtres et les donateurs qui permettent chaque année à la Caritas de mener à bien sa mission. « En aidant nos frères et sœurs affligés, nous imitons le Christ qui s’est abaissé pour nous élever par sa Croix glorieuse », a rappelé Mgr Aristide Gonsallo, président national de la Caritas Bénin exhortant les curés des paroisses et les différents donateurs à redoubler d’efforts pour dynamiser les Caritas locales et faire rayonner davantage cette œuvre de charité. « En agissant de la sorte, nous ne faisons qu’emboîter le pas à notre Maître qui s’est abaissé pour soulager, délivrer et sauver l’humanité par sa Croix glorieuse et victorieuse. » renchérit-il.
Le secrétaire général de la Conférence épiscopale du Bénin a également profité de cette occasion pour rappeler l’importance de la prière dans la vie chrétienne, surtout en cette année dédiée à la prière par le pape François. « En priant pour ceux qui souffrent, pour ceux qui ont perdu courage et foi, nous les aidons à relever la tête et à fixer leurs regards sur le Christ crucifié », a-t-il exhorté. « Que le Seigneur victorieux de la croix nous donne la grâce d’être de vivants témoins de l’amour de Dieu auprès de nos frères et sœurs qui ont besoin de son secours, » a conclu Mgr Aristide Gonsallo, laissant les fidèles empreints d’une profonde espérance et d’une ferveur renouvelée. Cet appel à la solidarité spirituelle est venu clôturer une célébration où la croix, la prière et la charité ont été célébrées comme des dimensions inséparables de la vie chrétienne.