Mgr Xavier Malle invite à redécouvrir le sens profond de la réparation © facebook.com/evequedegap 

Mgr Xavier Malle invite à redécouvrir le sens profond de la réparation © facebook.com/evequedegap 

Interview de Mgr Xavier Malle : « La réparation spirituelle doit être redécouverte »

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Au lendemain des J.O, l’évêque de Gap-Embrun revient sur le sens de la réparation

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Alors que les Jeux olympiques se sont achevés et que les Jeux paralympiques débutent ce 28 août 2024, beaucoup de chrétiens restent encore marqués par une scène de la cérémonie d’ouverture des J.O, ressemblant très fortement à la Cène du Christ. 

À la suite de cela, la question de la réparation a été soulevée par des évêques et des fidèles en France et à l’étranger. Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et d’Embrun, explique ce qu’est la réparation spirituelle, à la lumière du message de Paray-le-Monial.

 

Zenit : Quel est le message du Cœur de Jésus à Paray-le-Monial, et que nous apprend-il sur l’importance de la « réparation spirituelle » ?

Mgr Xavier Malle : Le message de Paray-le-Monial peut se comprendre en trois étapes. Tout d’abord, la déclaration d’amour de Jésus. « Mon cœur est si passionné d’amour pour tous les hommes et pour toi en particulier », a dit le Christ à sainte Marguerite-Marie. S’ensuit alors la plainte du Cœur de Jésus : cet amour n’est pas aimé, il ne reçoit pour la plupart du temps qu’ingratitude et indifférence. Enfin, troisième étape, Jésus dit à Marguerite-Marie : « Mais toi du moins, tu peux aimer ». C’est ce qu’on appelle la réparation spirituelle, le retour d’amour : « rendre amour pour amour ».

La réparation spirituelle est un des aspects les moins connus du message de Paray-le-Monial. On peut même dire qu’il a été oublié au 20e siècle. Or, l’importance de la réparation doit être redécouverte. J’en ai d’ailleurs fait le sujet de mon mémoire de licence de théologie spirituelle.

Il peut y avoir cependant des complications théologiques autour de la réparation. Par exemple : comment le Christ pourrait-il se plaindre ? Comment le Christ aujourd’hui glorieux pourrait souffrir de l’ingratitude des hommes ? … Dans la Bible, il y a beaucoup de plaintes en réalité, notamment les « impropères » chantées le Vendredi Saint : « Ô mon peuple, que t’ai-je fait ? ».

Zenit : Que doit-on réparer et comment vivre cette réparation spirituelle ? 
"L'amour du Cœur du Christ pour les hommes est "passionné", mais pas suffisamment aimé en retour © sacrecoeur-paray.org

L’amour du Cœur du Christ pour les hommes est « passionné », mais pas suffisamment aimé en retour © sacrecoeur-paray.org

Mgr X. Malle : Nous pouvons réparer nos péchés actuels et ceux des autres – par fraternité, car tout acte de fraternité peut être vécu dans un esprit réparateur. Il y a eu un colloque récemment à Rome dont la question était : « Peut-on réparer l’irréparable ? », en lien avec les abus dans l’Église. Mon propos ici n’est pas tellement dans la « réparation de l’irréparable » par rapport aux personnes offensées, mais plutôt dans la réparation du mal vis-à-vis de Dieu, parce que le cœur de Dieu a été blessé. La réparation spirituelle, elle est par rapport au Christ.

En effet, tout péché de l’homme qui cause des dommages aux autres, cause aussi un dommage à Dieu. Cela renvoie à l’Évangile de saint Matthieu : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 40)

Les papes Benoît XVI et ensuite François ont utilisé le terme de « blasphème » pour des péchés graves contre Dieu. Pour le pape François, les abus sur les mineurs sont comme des blasphèmes, car ils ne respectent pas l’amour de Dieu et sa création.

Zenit : Comment avez-vous réagi à la « caricature » de la Cène du Christ lors de la cérémonie d’ouverture des J.O, et des demandes de réparation qui ont été faites ?

Mgr X. Malle : J’ai été sollicité par les paroissiens qui m’ont dit : « Que prévoyez-vous pour la réparation » ? Je leur ai expliqué que la question de la réparation m’intéressait, car j’avais travaillé dessus, mais que j’avais aussi compris les dangers de l’instrumentalisation politique de la réparation. Ainsi après chacune des guerres en 1870, en 1914 et en 1940, on a dit que la France n’avait pas tenu son rôle et qu’il fallait réparer cela. 

Un autre exemple d’une instrumentalisation politique de la réparation a été, pour certains de ses promoteurs, la construction de la basilique de Montmartre ; mais aujourd’hui c’est un sanctuaire magnifique où le Cœur de Jésus agit puissamment !

J’invite les catholiques à faire attention à ne pas tomber dans ce piège. J’ai trouvé que le message de la Conférence des évêques de France, suite à la cérémonie d’ouverture, était très bien fait. Il reconnaissait que les chrétiens pouvaient se sentir blessés, mais disait également que ce n’était pas le tout des Jeux olympiques. L’olympisme, ce sont des valeurs qui sont chères aux cœurs des chrétiens.

Je n’ai donc pas proposé des actes publics par rapport à cette cérémonie d’ouverture des J.O, mais j’invite bien sûr les catholiques à une démarche personnelle de réparation spirituelle, car le Cœur de Jésus a été blessé : offrir tel ou tel acte personnel, offrir une communion réparatrice, ou bien prendre une heure d’adoration. 

"Rendre amour pour amour " : Adoration dans le parc des chapelains à Paray-le-Monial © facebook.com/communautedelemmanuelfrance

« Rendre amour pour amour  » : adoration dans le parc des chapelains à Paray-le-Monial © facebook.com/communautedelemmanuelfrance

Zenit : Mais peut-on aussi faire des démarches de réparation en groupe ?

Mgr X. Malle : Il peut y avoir des actes réparateurs de groupe, bien sûr, où chacun participe personnellement. On a dans notre liturgie trois grandes fêtes qui sont liées à la spiritualité de la réparation : la fête du Sacré-Cœur en juin, qui est internationale et qui a été demandée par Jésus à sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial, la Fête-Dieu en juin également, et la fête de la Divine miséricorde, qui a lieu une semaine après Pâques.  

 

 

 

 

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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