Ce vendredi 2 août 2024, le prêtre maronite libanais Étienne (ou Estéphan) Douaihy, patriarche d’Antioche, a été béatifié à Bkerké, au nord de Beyrouth. La messe a été présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints, qui représentait le pape François.
Le patriarche Douaihy (1630-1704) est une grande figure de sainteté pour l’Église maronite du Liban et du monde, mais également pour toutes les Églises catholiques orientales. Il est considéré comme étant le « père de l’histoire maronite » ou bien le « Second Chrysostome ».
Un patriarche réformateur et un brillant intellectuel
Né dans une famille noble à Ehden, dans le nord du Liban, la réputation de sainteté d’Étienne Douaihy a commencé de son vivant. Destiné au sacerdoce, il est parti étudier à Rome mais fut atteint, au cours de ses études, d’une grave maladie des yeux. Il en guérit miraculeusement à la suite d’un vœu qu’il fit à la Vierge Marie.
Ordonné prêtre en 1656 dans sa ville natale, il a exercé son apostolat dans diverses paroisses du Liban et de Syrie, et s’est particulièrement consacré aux plus pauvres. Il a eu des missions de prédication importantes, notamment à Alep, où il a fondé la prestigieuse École maronite.
En 1670, en raison de sa vive intelligence et de sa piété, il a été élu 57e patriarche d’Antioche des maronites, à l’âge de 40 ans. Son patriarcat a été marqué par de multiples persécutions, pendant lesquelles il a été à plusieurs reprises obligé de fuir, sans jamais abandonner son peuple.
Malgré ces épreuves, le patriarche a pu mettre en œuvre des réformes importantes dans son pays. Il a été un « patriarche bâtisseur », faisant construire de nombreuses églises et des monastères.
Historien et théologien, il a mené par ailleurs une intense activité intellectuelle, publiant d’importants ouvrages. Son œuvre est à la fois littéraire, historique et théologique. Elle est consacrée à l’Église maronite et demeure une référence incontournable.
Un homme vertueux, chercheur d’unité
Du vivant du partriarche Douaihy, de nombreux miracles ont eu lieu. Il a notamment guéri un enfant malade, devenu plus tard le patriarche Philippe Gemayel. Il a également arrêté et empêché des catastrophes naturelles tels qu’un incendie, des pluies torrentielles et des chutes de rochers.
Ayant une foi solide et réputé de grande vertu, il avait aussi un amour profond pour l’Église et un engagement sans failles en faveur de l’unité. Il a contribué fortement au dialogue entre les Églises orientales et l’Église catholique romaine.
« Le patriarche Douaihy a été formé à la romaine. Il est l’élève du Collège maronite, mais il porte aussi en lui toute la tradition orientale, syriaque et antiochienne. Il unit en lui les deux traditions orientale et occidentale, ce que Jean-Paul II appelle les deux poumons de l’Église », a déclaré Mgr Maroun Nasser Gemayel, ancien évêque maronite de France et d’Europe et biographe du patriarche Douaihy.