Face aux discours du gouvernement japonais appelant à relancer la natalité, beaucoup se demandent ce qui est vraiment tenté pour tenter de résoudre la crise démographique au Japon. En regardant de plus près les normes sociétales et les infrastructures publiques dans le pays, on constate une longue série de contradictions qui freinent les efforts entrepris pour encourager la croissance de la population.
Un des problèmes les plus révélateurs est le traitement réservé aux mères et aux jeunes enfants dans les espaces publics. Imaginons une mère dans un café, cherchant un moment de répit. Son bébé commence à pleurer. Plutôt que d’être traitée de manière compréhensive, on s’attend souvent à ce qu’elle quitte les lieux. Cette pression sociale pour maintenir le silence dans les espaces publics et éviter tout dérangement crée un environnement où les mères ne se sentent pas bienvenues et soutenues.
Il y a ensuite le cas moins connu de Tokyo Soup Stock, une chaîne de restaurants qui a appliqué il y a quelques temps une politique accordant des déjeuners gratuits aux bébés afin d’inciter les mères à venir dans leurs nombreuses adresses. Cette initiative bien intentionnée a déclenché une vague de protestations de la part des femmes actives célibataires. Elles ont prétexté que cette mesure dérangeait leur précieux temps libre avec les cris des bébés, ce qui les priverait de leurs rares instants de paix et de loisir.
Des infrastructures publiques souvent peu adaptées aux familles
Par ailleurs, les infrastructures publiques échouent souvent elles aussi à soutenir les familles efficacement. Beaucoup de gares manquent d’ascenseurs, une omission significative dans un pays où les transports publics sont essentiels. Les mères avec poussettes sont donc forcées de monter les escaliers et les escalators, en sollicitant l’aide d’étrangers pour les aider. Ce manque d’accessibilité n’est pas juste un inconvénient ; il symbolise une certaine négligence face aux besoins des familles ayant des jeunes enfants. Si les tâches quotidiennes deviennent pour elles trop compliquées, la perspective d’agrandir leur famille risque de sembler décourageante.
Le problème s’étend aussi aux espaces récréatifs. Certains parcs, qui devraient être des lieux idéals pour les jeux et les explorations des enfants, affichent des pancartes avertissant aux enfants de « ne pas jouer » par crainte de blessures. Cette prudence excessive réprime l’exubérance naturelle de l’enfant et envoie un message négatif vis-à-vis des jeux actifs. Dans un pays qui met sur un piédestal l’ordre et la conformité, cette prudence est peut-être peu surprenante, mais elle est aussi contre-productive face aux tentatives de créer un environnement favorable aux familles.
Une culture du silence et de la retenue qui peut affecter l’enfance
Certaines normes culturelles renforcent encore ces problèmes. Les enfants japonais apprennent souvent à être silencieux et obéissants dans n’importe quel contexte, afin d’éviter d’embarrasser leurs parents. Durant de nombreuses années, cette attente a pu être appliquée de manière parfois très stricte, comme l’indiquent les récits de certains parents ayant employé des moyens physiques, par exemple en pinçant leurs enfants pour assurer leur obéissance.
Cette culture du silence et de la retenue peut réprimer les expressions naturelles de l’enfance, et créer un environnement stressant pour les parents comme pour les enfants. Au-delà du comportement des enfants, on retrouve aussi ces exigences dans l’éducation. Les longues heures passées dans les juku (des instituts privés de soutien scolaire après l’école) ont aussi tendance à priver les jeunes de la liberté de l’adolescence.
Les élèves japonais se rendent souvent dans ces juku après les cours, parfois jusqu’à tard le soir, dans le but de réussir au mieux leur scolarité. L’intention est de permettre ensuite les meilleures études supérieures possibles, mais il en résulte un environnement très compétitif et sous pression.
Cette focalisation sans relâche sur la réussite scolaire laisse peu de place à la détente et aux moments familiaux, ce qui contribue à un mode de vie que beaucoup trouvent peu attractif quand ils envisagent d’avoir plus d’enfants.
Des défis qui ne peuvent être résolus avec de simples politiques économiques
Ces pressions sociales et ces manques d’infrastructures donnent l’image d’un pays qui, malgré les appels à relancer la natalité, ne semble pas pleinement engagé ni prêt à créer un environnement favorable à la croissance de sa population. Les mesures et pratiques en vigueur semblent mieux correspondre à l’ordre et à la productivité qu’à la mise au monde de la future génération.
Pour que le Japon puisse résoudre véritablement ses défis démographiques, un basculement à la fois politique et culturel est nécessaire. La création d’un environnement plus favorable aux familles requiert des changements en profondeur. Ainsi, les espaces publiques devraient être plus complaisants envers les mères et leurs enfants, avec des infrastructures mieux équipées et des politiques adaptées aux familles dans les cafés et les restaurants.
Les parcs devraient aussi encourager les jeux actifs des enfants, afin de les reconnaître comme essentiels pour le développement sain de l’enfant. Sur le plan culturel, il faudrait une plus grande acceptation des bruits et des dérangements qui accompagnent nécessairement le fait d’avoir des enfants. Des réformes éducatives pourraient aussi chercher à équilibrer l’exigence scolaire et le bien-être des élèves, afin de réduire la pression sur les jeunes et permettre davantage de temps pour les interactions familiales.
Enfin, les défis démographiques du Japon ne peuvent être résolus avec de simples politiques économiques comme des aides familiales.
Face aux discours du gouvernement japonais appelant à relancer la natalité, beaucoup se demandent ce qui est vraiment tenté pour tenter de résoudre la crise démographique au Japon. En regardant de plus près les normes sociétales et les infrastructures publiques dans le pays, on constate une longue série de contradictions qui freinent les efforts entrepris pour encourager la croissance de la population.
Un des problèmes les plus révélateurs est le traitement réservé aux mères et aux jeunes enfants dans les espaces publics. Imaginons une mère dans un café, cherchant un moment de répit. Son bébé commence à pleurer. Plutôt que d’être traitée de manière compréhensive, on s’attend souvent à ce qu’elle quitte les lieux. Cette pression sociale pour maintenir le silence dans les espaces publics et éviter tout dérangement crée un environnement où les mères ne se sentent pas bienvenues et soutenues.
Il y a ensuite le cas moins connu de Tokyo Soup Stock, une chaîne de restaurants qui a appliqué il y a quelques temps une politique accordant des déjeuners gratuits aux bébés afin d’inciter les mères à venir dans leurs nombreuses adresses. Cette initiative bien intentionnée a déclenché une vague de protestations de la part des femmes actives célibataires. Elles ont prétexté que cette mesure dérangeait leur précieux temps libre avec les cris des bébés, ce qui les priverait de leurs rares instants de paix et de loisir.
Des infrastructures publiques souvent peu adaptées aux familles
Par ailleurs, les infrastructures publiques échouent souvent elles aussi à soutenir les familles efficacement. Beaucoup de gares manquent d’ascenseurs, une omission significative dans un pays où les transports publics sont essentiels. Les mères avec poussettes sont donc forcées de monter les escaliers et les escalators, en sollicitant l’aide d’étrangers pour les aider. Ce manque d’accessibilité n’est pas juste un inconvénient ; il symbolise une certaine négligence face aux besoins des familles ayant des jeunes enfants. Si les tâches quotidiennes deviennent pour elles trop compliquées, la perspective d’agrandir leur famille risque de sembler décourageante.
Le problème s’étend aussi aux espaces récréatifs. Certains parcs, qui devraient être des lieux idéals pour les jeux et les explorations des enfants, affichent des pancartes avertissant aux enfants de « ne pas jouer » par crainte de blessures. Cette prudence excessive réprime l’exubérance naturelle de l’enfant et envoie un message négatif vis-à-vis des jeux actifs. Dans un pays qui met sur un piédestal l’ordre et la conformité, cette prudence est peut-être peu surprenante, mais elle est aussi contre-productive face aux tentatives de créer un environnement favorable aux familles.
Une culture du silence et de la retenue qui peut affecter l’enfance
Certaines normes culturelles renforcent encore ces problèmes. Les enfants japonais apprennent souvent à être silencieux et obéissants dans n’importe quel contexte, afin d’éviter d’embarrasser leurs parents. Durant de nombreuses années, cette attente a pu être appliquée de manière parfois très stricte, comme l’indiquent les récits de certains parents ayant employé des moyens physiques, par exemple en pinçant leurs enfants pour assurer leur obéissance.
Cette culture du silence et de la retenue peut réprimer les expressions naturelles de l’enfance, et créer un environnement stressant pour les parents comme pour les enfants. Au-delà du comportement des enfants, on retrouve aussi ces exigences dans l’éducation. Les longues heures passées dans les juku (des instituts privés de soutien scolaire après l’école) ont aussi tendance à priver les jeunes de la liberté de l’adolescence.
Les élèves japonais se rendent souvent dans ces juku après les cours, parfois jusqu’à tard le soir, dans le but de réussir au mieux leur scolarité. L’intention est de permettre ensuite les meilleures études supérieures possibles, mais il en résulte un environnement très compétitif et sous pression.
Cette focalisation sans relâche sur la réussite scolaire laisse peu de place à la détente et aux moments familiaux, ce qui contribue à un mode de vie que beaucoup trouvent peu attractif quand ils envisagent d’avoir plus d’enfants.
Des défis qui ne peuvent être résolus avec de simples politiques économiques
Ces pressions sociales et ces manques d’infrastructures donnent l’image d’un pays qui, malgré les appels à relancer la natalité, ne semble pas pleinement engagé ni prêt à créer un environnement favorable à la croissance de sa population. Les mesures et pratiques en vigueur semblent mieux correspondre à l’ordre et à la productivité qu’à la mise au monde de la future génération.
Pour que le Japon puisse résoudre véritablement ses défis démographiques, un basculement à la fois politique et culturel est nécessaire. La création d’un environnement plus favorable aux familles requiert des changements en profondeur. Ainsi, les espaces publiques devraient être plus complaisants envers les mères et leurs enfants, avec des infrastructures mieux équipées et des politiques adaptées aux familles dans les cafés et les restaurants.
Les parcs devraient aussi encourager les jeux actifs des enfants, afin de les reconnaître comme essentiels pour le développement sain de l’enfant. Sur le plan culturel, il faudrait une plus grande acceptation des bruits et des dérangements qui accompagnent nécessairement le fait d’avoir des enfants. Des réformes éducatives pourraient aussi chercher à équilibrer l’exigence scolaire et le bien-être des élèves, afin de réduire la pression sur les jeunes et permettre davantage de temps pour les interactions familiales.
Enfin, les défis démographiques du Japon ne peuvent être résolus avec de simples politiques économiques comme des aides familiales. Des actions concrètes qui répondent aux difficultés quotidiennes rencontrées par les familles sont essentielles. En entreprenant tous ces changements, le Japon serait capable de créer un environnement plus accueillant pour les familles, en encourageant davantage de gens à avoir des enfants et en contribuant à une croissance démographique plus durable.
Cristian Martini Grimaldi, un journaliste basé à Tokyo, couvre le Japon, la Corée et d’autres pays asiatiques. Il a travaillé pour L’Osservatore Romano, le journal quotidien du Vatican, durant plus d’une décennie. Son dernier livre est « Japan does it better? : From Myth to Reality ».
(Avec Cristian Martini Grimaldi, Ucanews)