Une victime d’un prêtre pédophile maintient une action civile contre Benoît XVI pour obtenir une indemnisation de la part de ses héritiers, bien qu’un tribunal allemand ait écarté cette obligation : l’avocat a annoncé faire appel.
Une victime de l’ancien prêtre Peter Hullermann, condamné en 1986 pour pédophilie et dénoncé pour des faits similaires en 1979 alors qu’il travaillait dans le diocèse d’Essen, a accusé le cardinal Ratzinger parce qu’Hullermann a suivi une psychothérapie dans la région et a demandé à être hébergé dans le diocèse de Munich et Freising. L’archevêque de Munich, Joseph Ratzinger, a accepté d’accueillir Hullermann, mais a précisé que le prêtre ne devait pas intervenir dans les activités pastorales.
Une victime a assigné Benoît XVI en justice pour demander des dommages et intérêts
L’interdiction de Mgr Ratzinger n’a pas été respectée et Hullermann a de nouveau abusé sexuellement de mineurs. Le vicaire général de Munich de l’époque, Gerhard Gruber, a assumé la responsabilité de cette négligence, mais une victime a assigné Benoît XVI en justice pour demander des dommages et intérêts durant l’été 2022.
Un mois avant sa mort, Joseph Ratzinger a accepté de témoigner au procès devant se tenir au tribunal provincial de Traunstein. En tant que pape émérite, il a exprimé « ses regrets pour les abus et les erreurs qui se sont produits pendant la durée de [s]on mandat dans leur lieu respectif ».
Le tribunal de Munich n’a pas connaissance de l’existence d’un héritage
Le pontife âgé est décédé le dernier jour de l’année 2022, avant de témoigner devant le tribunal. Le plaignant a poursuivi la procédure judiciaire. Après la mort de Joseph Ratzinger, l’avocat de la victime a demandé des dommages et intérêts aux héritiers. Il y a quelques jours, le tribunal régional supérieur de Munich a rejeté cette demande en déclarant qu’il n’avait pas connaissance de « l’existence d’un héritage » de Joseph Ratzinger et que la justice allemande n’était pas obligée de rechercher d’éventuels héritiers pour intervenir dans la procédure civile. Le tribunal bavarois s’est déclaré exonéré et a invité le plaignant à se tourner vers la justice vaticane pour trouver les héritiers de Benoît XVI.
L’avocat du plaignant a jugé « insuffisante la décision du tribunal régional supérieur de Munich » et « ne tient pas compte du fait qu’un citoyen allemand ne peut pas s’adresser à un tribunal successoral du Vatican pour désigner un représentant conformément à la loi vaticane ». Il a ensuite annoncé son intention de faire appel et de porter plainte auprès de la Cour constitutionnelle fédérale allemande.
Les cinq cousins vivants de M. Ratzinger ont du mal à assumer l’héritage, qui consiste en une petite somme placée sur un compte bancaire. Les deux maisons appartenant à Benoît XVI ont été cédées à l’institut qui porte son nom.