Enseignement catholique : « Nous ne sommes pas la religion des valeurs, nous sommes la religion d’une personne, Jésus-Christ ». Mgr J. L Bouilleret © institution-st-lazare-st-sacrement-autun.fr

Enseignement catholique : « Nous ne sommes pas la religion des valeurs, nous sommes la religion d’une personne, Jésus-Christ ». Mgr J. L Bouilleret © institution-st-lazare-st-sacrement-autun.fr

Enseignement catholique : « Ne pas avoir peur de dire notre foi »

Interview de Mgr Jean-Luc Bouilleret, suite au Congrès de l’Apel à Valence 

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Le 23e Congrès national de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel) s’est déroulé du 31 mai au 2 juin 2024. Ils étaient 950 participants à se retrouver dans la ville de Valence, dans la Drôme, autour du thème « Parents éducateurs pour la vie ». Ce congrès regroupe tous les deux ans des parents engagés au sein de l’Apel, des membres du bureau national de l’association, des représentants de la communauté éducative ainsi que des représentants de l’Église catholique.

Mgr Jean-Luc Bouilleret, membre du Conseil pour l’enseignement Catholique © diocese-besancon.fr

Mgr Jean-Luc Bouilleret, membre du Conseil pour l’enseignement Catholique © diocese-besancon.fr

Rencontre avec Mgr Jean-Luc Bouilleret, archevêque de Besançon. Évêque accompagnateur de l’Apel depuis cinq ans, il est également membre du Conseil pour l’Enseignement catholique de la Conférence épiscopale française (CEF) depuis un an. 

Zenit : Quels peuvent être aujourd’hui les enjeux éducatifs et spirituels de l’Apel pour les établissements catholiques ? Mais aussi pour les parents, dans leur rôle éducatif et de transmission de la foi ?

Mgr Jean-Luc Bouilleret : Le Congrès, dont le thème était « Parents éducateurs pour la vie », visait à redire pourquoi nous tenons aux établissements catholiques, enracinés dans le décret du Concile Vatican II sur l’éducation chrétienne. Le Concile redit avec force que les parents sont les premiers et ultimes éducateurs de leurs enfants.

Un tel Congrès est important, car il nous permet de redire que nous tenons à la pérennité de nos écoles catholiques. Surtout dans le contexte français actuel, avec le rapport récent de deux députés de l’Assemblée nationale, qui interpelle l’Enseignement catholique sur l’accueil de tous, l’indice de position sociale, et sur le financement.

Nous aimerions aussi que les parents aient la liberté de choix sur le lieu d’enseignement, qu’ils puissent parler des écoles dans lesquelles ils mettent leurs enfants. Souvent, quand on interroge les parents sur la raison de leur choix de mettre leur enfant dans un établissement catholique, ils répondent qu’ils s’y sentent premièrement bien accueillis, et deuxièmement qu’ils peuvent être partie prenante, pleinement participants à la vie de ces établissements.

Zenit : Quelles perspectives d’avenir, suite à ce Congrès ?

Mgr J. L Bouilleret : Il faudrait probablement une meilleure communication de qui nous sommes. Nous faisons souvent le constat que nous ne sommes pas assez connus dans notre spécificité, notamment par rapport à l’école publique. Actuellement, il y a des évaluations qui se font dans les établissements, avec des membres de l’école publique et des membres de l’enseignement catholique, et nous nous apercevons que nous sommes souvent méconnus, à la fois du côté des structures, mais également du côté des parents.

Et puis, c’est toujours une interpellation pour nous, un défi d’annoncer la foi en Jésus-Christ. C’est important aussi, même si la liberté des parents et des enfants demeure entière. Nous sommes conscients qu’il nous faut progresser encore dans cette perspective de se dire « Pourquoi sommes-nous catholiques au sein de nos établissements ? », afin de mieux exprimer qui nous sommes.

Congrès de l’Apel à Valence, du 31 mai au 2 juin © facebook.com/Apelnationale

Congrès de l’Apel à Valence, du 31 mai au 2 juin © facebook.com/Apelnationale

Nous percevons aussi qu’il y a un renouveau du lien avec les paroisses. Les diocèse sont sollicités pour qu’il y ait toujours un prêtre référent dans les établissements catholiques. Ce lien entre paroisses et établissements scolaires est très important, non seulement pour l’organisation du catéchisme, mais aussi pour pouvoir rejoindre les jeunes où ils sont. L’Église cherche à rejoindre les jeunes : il faut donc qu’elle soit présente dans nos établissements catholiques.

Zenit : Quel écho peut recevoir le message du pape aux participants du Congrès? 

Mgr J.L. Bouilleret : Le message du pape a été très bien reçu. Monseigneur Durand, évêque de Valence, l’a lu pendant le Congrès. J’ai été impressionné par ce très beau message, signé par le pape lui-même et non par un représentant, dans lequel il remerciait les parents de l’Apel pour leur implication, et les encourageait.

Zenit : Comment, dans une société et une culture d’ouverture et d’accueil comme la nôtre, les établissements privés peuvent-ils témoigner de l’espérance chrétienne?

Mgr J.L Bouilleret : Je pense qu’aujourd’hui, il y a vraiment une volonté d’être plus dans l’explicite de la foi chrétienne. Nous ne sommes pas la religion des valeurs, nous sommes la religion d’une personne, Jésus-Christ. À mes yeux, c’est ne pas avoir peur de dire notre foi, et que les parents n’aient pas peur, non plus, de dire leur foi. 

Le témoignage aujourd’hui est vraiment un appel de la part de l’Église. Il faut expliciter l’implicite. On a beaucoup été dans l’implicite par rapport aux valeurs évangéliques, maintenant il faut les expliciter, pouvoir dire qu’être chrétien, c’est croire en Jésus-Christ au sein d’une communauté, et ici, au sein de la communauté éducative. Ce qui n’empêche pas d’être ouverts à tous. Si l’Église est catholique, cela veut dire qu’elle est universelle et ouverte à tous.

 

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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