Éminences, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, chers frères et sœurs !
Je vous remercie d’être là pour célébrer le 10ème anniversaire de l’invocation pour la paix en Terre Sainte. Merci !
Le Président de l’État d’Israël de l’époque, feu Shimon Peres, et le Président de l’État de Palestine, Mahmoud Abbas, avaient accepté mon invitation à venir ici pour implorer de Dieu le don de la paix. Quelques semaines plus tôt, j’étais en pèlerinage en Terre Sainte et j’y avais exprimé le grand désir que les deux se rencontrent, pour accomplir un geste significatif, historique, de dialogue et de paix. Je porte dans mon cœur une grande reconnaissance au Seigneur pour ce jour, et je garde le souvenir de l’étreinte émouvante que les deux Présidents ont échangée, en présence aussi de Sa Sainteté Bartholomée Ier, Patriarche Œcuménique, et des représentants des communautés chrétiennes, juives et musulmanes venues de Jérusalem.
La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité
Aujourd’hui, faire mémoire de cet événement est important, particulièrement à la lumière de ce qui se passe malheureusement en Palestine et en Israël. Depuis des mois, nous assistons à une montée de l’hostilité et nous voyons tant de personnes, dont beaucoup d’innocents, mourir sous nos yeux. Toute cette souffrance, la brutalité de la guerre, la violence qu’elle déchaîne, la haine qu’elle sème également dans les générations futures devraient nous convaincre que « toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal » (Lett. enc. Fratelli tutti, n. 261).
C’est pourquoi, au lieu de nous bercer de l’illusion que la guerre peut résoudre les problèmes et conduire à la paix, nous devons être critiques et vigilants à l’égard d’une idéologie, malheureusement dominante aujourd’hui, selon laquelle « le conflit, la violence et les ruptures font partie du fonctionnement normal d’une société » (ibid., n. 236). Les enjeux sont toujours des luttes de pouvoir entre différents groupes sociaux, des intérêts économiques partisans, des équilibres politiques internationaux qui visent une paix apparente, fuyant les vrais problèmes.
Au contraire, à une époque marquée par des conflits tragiques, nous avons besoin d’un engagement renouvelé pour construire un monde pacifique. À tous, croyants et personnes de bonne volonté, je voudrais dire : ne cessons pas de rêver de paix et de construire des relations pacifiques !
« De leurs épées, forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. »
Chaque jour, je prie pour que cette guerre prenne s’achève enfin. Je pense à tous ceux qui souffrent, en Israël et en Palestine : aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans. Je pense à combien il est urgent que, des décombres de Gaza, surgisse enfin la décision de faire taire les armes et, par conséquent, j’appelle à un cessez-le-feu. Je pense aux membres des familles et aux otages israéliens et je demande qu’ils soient libérés dès que possible. Je pense à la population palestinienne et je demande qu’elle soit protégée et qu’elle reçoive toute l’aide humanitaire dont elle a besoin.
Je pense aux nombreuses personnes déplacées par les combats et je demande que leurs maisons soient reconstruites rapidement afin qu’elles puissent y retourner dans la paix. Je pense également aux Palestiniens et aux Israéliens de bonne volonté qui, au milieu des larmes et des souffrances, ne cessent d’attendre avec espérance l’arrivée d’un jour nouveau et s’efforcent d’anticiper l’aube d’un monde pacifique dans lequel tous les peuples, « de leurs épées, forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Is 2, 4).
Nous demandons la paix à Dieu comme un don de sa miséricorde
Nous devons tous travailler et nous engager pour parvenir à une paix durable, où l’État de Palestine et l’État d’Israël puissent vivre côte à côte, en abattant les murs de l’inimitié et de la haine ; et nous devons tous chérir Jérusalem, pour qu’elle devienne la ville de la rencontre fraternelle entre chrétiens, juifs et musulmans, protégée par un statut spécial assuré au niveau international.
Frères et sœurs, nous sommes ici aujourd’hui pour invoquer la paix. Nous la demandons à Dieu comme un don de sa miséricorde. Car la paix ne se fait pas seulement sur des accords écrits sur papier ou sur des compromis humains et politiques. Elle vient de cœurs transformés, elle naît lorsque chacun de nous est rejoint et touché par l’amour de Dieu, qui dissout notre égoïsme, brise nos préjugés et nous donne le goût et la joie de l’amitié, de la fraternité et de la solidarité mutuelle. Il ne peut y avoir de paix si nous ne laissons pas d’abord Dieu lui-même désarmer notre cœur, pour le rendre accueillant, compatissant et miséricordieux. Ce sont les attributs de Dieu : la proximité accueillante, la compassion et la miséricorde. Dieu est proche, compatissant et miséricordieux.
Une accolade de paix
Ce soir, nous voulons renouveler notre prière, nous voulons encore élever vers Dieu notre supplique pour la paix, comme nous l’avons fait il y a dix ans. Nous voulons demander au Seigneur de faire croître encore l’olivier que nous avons planté ce jour-là : il est déjà devenu fort, luxuriant, parce qu’il a été à l’abri des vents et arrosé avec soin. De la même manière, nous devons demander à Dieu que la paix germe dans le cœur de chaque homme, dans chaque peuple et nation, dans chaque parcelle de terre, à l’abri des vents de la guerre et arrosée par ceux qui s’efforcent chaque jour de vivre en fraternité.
Ne cessons pas de rêver de paix, qui nous donne la joie inespérée de nous sentir membres d’une unique famille humaine. Cette joie, je l’ai vue il y a quelques jours à Vérone, sur les visages de ces deux pères, un Israélien et un Palestinien, qui se sont embrassés devant tout le monde. C’est ce dont Israël et la Palestine ont besoin : une accolade de paix !
Demandons donc au Seigneur que les chefs d’État et les parties en conflit retrouvent le chemin de la concorde et de l’unité. Qu’ils se reconnaissent tous comme des frères.
Nous le demandons au Seigneur et, par l’intercession de Marie, la Vierge de Nazareth, Reine de la Paix, répétons cette prière d’il y a dix ans :
Seigneur Dieu de paix, écoute notre supplication ! Nous avons essayé tant de fois et durant tant d’années de résoudre nos conflits avec nos forces et aussi avec nos armes ; tant de moments d’hostilité et d’obscurité ; tant de sang versé ; tant de vies brisées, tant d’espérances ensevelies… Mais nos efforts ont été vains. A présent, Seigneur, aide-nous Toi ! Donne-nous Toi la paix, enseigne-nous Toi la paix, guide-nous Toi vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de dire : “plus jamais la guerre” ; “avec la guerre tout est détruit !”. Infuse en nous le courage d’accomplir des gestes concrets pour construire la paix. Amen.
Seigneur, Dieu d’Abraham et des Prophètes, Dieu Amour qui nous a créés et nous appelle à vivre en frères, donne-nous la force d’être chaque jour des artisans de paix ; donne-nous la capacité de regarder avec bienveillance tous les frères que nous rencontrons sur notre chemin. Rends-nous disponibles à écouter le cri de nos concitoyens qui nous demandent de transformer nos armes en instruments de paix, nos peurs en confiance et nos tensions en pardon. Maintiens allumée en nous la flamme de l’espérance pour accomplir avec une patiente persévérance des choix de dialogue et de réconciliation, afin que vainque finalement la paix. Et que du cœur de chaque homme soient bannis ces mots : division, haine, guerre !
Seigneur, désarme la langue et les mains, renouvelle les cœurs et les esprits, pour que la parole qui nous fait nous rencontrer soit toujours « frère », « sœur », et que le style de notre vie devienne : shalom, paix, salam ! Amen.
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