Sorti en mars 2024, le film Cabrini d’Alejandro Monteverde raconte la vie de Francesca Cabrini, Italienne arrivée à New York en 1889, fondatrice d’orphelinat et d’hôpitaux. Elle est canonisée en 1946. © Saje Distribution

Sorti en mars 2024, le film Cabrini d’Alejandro Monteverde raconte la vie de Francesca Cabrini, Italienne arrivée à New York en 1889, fondatrice d’orphelinat et d’hôpitaux. Elle est canonisée en 1946. © Saje Distribution

Peut-on évangéliser par le cinéma ?

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Entretien avec Hubert de Torcy, fondateur de SAJE

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Première publication le 23 mai 2024 par le Magazine Zélie

Hubert de Torcy a fondé Saje, une entreprise qui distribue des films d’inspiration chrétienne dans les cinémas, dans des projections privées et sur la plateforme Saje+. Pour lui, le cinéma a un impact puissant pour diffuser l’Évangile. Entretien.

Zélie : Qu’est-ce qui vous a amené à lancer la société Saje ?

Hubert de Torcy : C’était il y a près de 10 ans. Je ressentais une frustration de voir beaucoup de films chrétiens sortir aux Etats-Unis, comme Cristeros ou Dieu n’est pas mort, mais n’être distribués par personne en France. Depuis ma conversion, j’ai une passion pour l’évangélisation par le cinéma. à l’époque, j’avais une petite société de production de films et de clips pour des structures chrétiennes ; j’ai aussi co-fondé le journal d’évangélisation L’1visible.

En 2014, avec Saje, nous avons tenté une première expérience : distribuer en France le film Cristeros. Il a récolté 90 000 entrées. Pour un coup d’essai, cela a été un succès, qui a montré que ce film avait trouvé son public.

Comment trouvez-vous les films que vous distribuez ? Et quels critères retenez-vous ?

Aujourd’hui, ce sont les producteurs qui nous trouvent, car ils connaissent notre identité. Nous avons un comité qui visionne les 50 à 100 films qui nous sont proposés chaque année. Nous en sélectionnons seulement 15 à 20 par an.

Ce qui nous fait emporter l’adhésion, c’est d’abord l’émotion spirituelle que le film permet de ressentir, et qui donne à voir quelque chose de ce qu’est Dieu, sa miséricorde et son amour. Le second critère est cinématographique et esthétique. Au début de Saje, nous avions moins de choix et les films que nous avons distribués n’étaient pas tous d’une égale qualité visuelle. C’est davantage le cas aujourd’hui. Nous observons aussi que les films qui marchent bien sont ceux qui font tourner de grands acteurs. Le cinéma chrétien sort de la cave !

Selon vous, peut-on évangéliser par le cinéma ?
Pour moi, le cinéma est le moyen le plus efficace pour transmettre un message. On l’appelle le 7e art, car il convoque tous les arts qui l’ont précédé. Il est très impactant – pour le meilleur et pour le pire, bien sûr. C’est un média, c’est-à-dire un moyen ; mais c’est aussi un art et donc parfois un art sacré à part entière, quand il traite un sujet religieux.
De nombreux témoignages montrent des conversions de personnes ayant vu, par exemple, La Passion du Christ de Mel Gibson. Quand on pense qu’une étude montrait qu’un an après la sortie de celui-ci, donc en 2005, 75 % des Américains avaient vu ce film, c’est un impact énorme.

Je pense aussi au film Jésus l’enquête, qui raconte l’histoire d’un journaliste athée, dont la femme se convertit, et qui essaie de prouver que Dieu n’existe pas, en vain. J’ai entendu beaucoup de témoignages de couples, pour lesquels ce film a été l’occasion de se réconcilier sur le sujet de la foi.

Après avoir vu le film Sacerdoce de Damien Boyer, une femme de pasteur m’a dit que si elle avait croisé dans sa vie des prêtres comme ceux du documentaire, elle serait devenue catholique !

Un film peut-il transmettre un message chrétien, sans être trop explicite au risque de « dire » au lieu de subtilement et artistiquement « montrer » ?
Sur les 15 films que nous distribuons chaque année, certains sont en effets très explicites, voire prosélytes, dans l’évocation de la foi. Ils ont plutôt pour rôle de conforter la foi, ou de catéchiser.

Je crois que les plus grands films sont souvent excellents artistiquement. Je pense notamment à J’y crois encore de Andrew et Jon Erwin, une love story où une jeune fille a un cancer, et qui pose la question de Dieu et du mal tout en étant servi par des acteurs très connus chez les jeunes adultes et les adolescents. Nos partenaires pour ce film étaient d’ailleurs Aufeminin ou encore NRJ12 !

Il y a aussi L’Étoile de Noël, un film d’animation qui raconte la Nativité vue par des animaux, avec entre autres une chanson de Maria Carey, et qui a a été visionné par de nombreux écoles et centres de loisirs. Ces films ont un destin missionnaire, au-delà des chrétiens.
Parfois, Dieu va s’emparer d’un projet qui est produit par des personnes non croyantes : c’est le cas du film Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, du documentaire Lourdes de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, ou encore de La prière de Cédric Kahn. Et puis, il existe aussi de grands auteurs chrétiens de cinéma, qu’ils soient catholiques, protestants ou orthodoxes : Mel Gibson, Terrence Malick, qui ont succédé à Robert Bresson, Andreï Tarkovski ou Jean Delannoy. Bref, dans tous les cas, ce n’est pas nécessairement l’intention qui fait le bon film.
 
Parlez-nous d’une rencontre qui vous a marqué ces dernières années dans le milieu du cinéma…

C’est celle de Gad Elmaleh et de son film Reste un peu, sorti en 2022, où il fait son « coming-out spirituel ». Ce n’est pas le récit d’une conversion, mais cela manifeste une quête de Dieu et de spiritualité. Le film a eu un impact libérateur dans le monde du cinéma. Je connais des stars que le film a rejointes, ou stimulées. Certains ont dit après avoir vu le film : « Moi aussi, je suis chrétien ».

 Cet article est extrait de Zélie n°95 – Mai 2024 sur le cinéma, à découvrir gratuitement.
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Magazine Zélie

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