Avec le souhait de comprendre que la Trinité est vie de communion et que la Trinité est vie de communion.
Très Sainte Trinité – Année B – 26 mai 2024
Rite Romain : Dt 4, 32-34.39-40; Ps 32; Rm 8,14-17; Mt 28,16-20
Rite Ambrosien : Es 33,18-23;34,5-7a; Ps 62; Rm 8,1-9b; Jn 15,24-27
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Dieu est amour
Aujourd’hui nous célébrons la Très Sainte Trinité dont nos cœurs sont la demeure.
Le dogme de la Trinité n’est pas le fruit d’une fantaisie mythique, ni le résultat d’abstraites méditations philosophiques. Il n’est pas non plus une froide formulation théologique qui donnerait le prétexte de dire que la Trinité est un mystère si détaché de notre vie que plus d’un chrétien se sentirait autorisé à l’ignorer. La Trinité est un grand mystère qui dépasse notre esprit mais qui parle profondément à notre cœur parce que dans son essence elle n’est rien d’autre que l’explicitation de l’expression de Saint Jean “Dieu est amour” (1, Jn 4, 8.16).
C’est le cœur qui soutient l’esprit pour permettre de croire que Dieu
- est le Créateur et le Père miséricordieux
- est le Fils Unique, sagesse éternelle incarnée, mort et ressuscité pour nous
- est l’Esprit Saint qui bouge tout, Cosmos et histoire, vers la pleine récapitulation finale.
Trois personnes qui sont un seul Dieu parce que le Père est amour, le Fils est amour, l’Esprit est amour. Dieu est tout et seul amour, amour très pur, infini et éternel.
En nous révélant ce mystère de Dieu-Amour, Jésus, le Fils de Dieu, nous a fait connaitre le Père qui est aux Cieux et nous a donné l’Esprit Saint, l’Amour du Père et du Fils. Donc, “La Trinité est communion de Personnes divines qui sont l’une avec l’autre, l’une pour l’autre, l’une dans l’autre. Cette communion est la vie de Dieu, le mystère d’amour du Dieu Vivant.” (Pape François).
Au-delà de l’enseignement du Pape, je vous propose aussi une image de Sainte Catherine de Sienne. Cette grande figure, sainte femme, utilise une image simple et éclairante. L’image du poisson qui vit et bouge dans l’eau en mer. Le poisson vit dans l’eau et d’eau et l’eau entre en lui. Cette petite créature ne sait pas comme cet élément qu’il habite est grand, puissant et bénéfique ; toutefois c’est dans la mer le poisson vit, grandit et se multiplie.
La réalité de l’Amour de Dieu Un-Trine entoure l’homme qui vit en elle et d’elle
De manière analogue, la même chose arrive à l’homme face au mystère de Dieu Trinité. La personne humaine est trop petite pour le comprendre, toutefois, par la grâce, la vie de Dieu coule en elle, par la grâce, Dieu se penche jusqu’à elle et lui parle, avec la tendresse du Père, la confiance du Frère, la force de l’Amour. Même si elle reste mystérieuse, la réalité de l’Amour de Dieu Un-Trine entoure l’homme qui vit en elle et d’elle. Donc, la liturgie de cette solennité nous renouvelle la mission de vivre la communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion divine, pendant que le mystère stupéfiant d’où nous venons et vers lequel nous allons,se laisse contempler à nos yeux.
Cela implique d’accueillir et de témoigner de façon unanime la beauté de l’Evangile et de vivre l’un avec l’autre, l’un pour l’autre, un dans le cœur de l’autre. De cette façon, nous refléterons la splendeur et l’amour de la Trinité et nous serons missionnaires de la charité avec la force de l’amour de Dieu qui habite en nous.
2) L’Eglise pèlerine missionnaire d’amour.
En effet, le chrétien est, par nature, missionnaire. L’Évangile de cette solennité de la Très Sainte Trinité nous le rappelle également. Dans la troisième lecture (l’Évangile), l’Église nous fait écouter le passage évangélique qui relate que Jésus ressuscité apparait à ses disciples sur une montagne et leur dit : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20).
Prenons au sérieux l’invitation que le Christ nous renouvelle aujourd’hui, en acceptant et en apportant l’Évangile de l’amour dans le monde.
En effet, les chrétiens ne sont pas le annonciateurs d’un discours mais de Celui qui a paroles de la vie éternelle dans l’amour.
Dieu – Amour révélée par Jésus n’est pas un principe philosophique-théologique à croire, il n’est pas le dieu parfait que depuis sa froide isolation ordonne des préceptes à observer, il n’est même pas le « dieu » d’une religiosité mise à notre service pour nous permettre de sortir de nos faillites, de nos incapacités ou de nos peurs. Dieu est un mystère de relation, de communion : une relation infinie d’amour, de véritable amour, d’amour qui se donne totalement. Nous avons été créés par cet amour et par amour, « nous avons été créés à l’image de la communion divine » (Pape François, Evangelii Gaudium, 178). Nous sommes appelés à être des missionnaires de cette communion d’amour.
Ce mystère d’amour est réel et proche de nous plus que nous pensons, et nous l’expérimentons en pratique lorsque nous faisons le signe de la croix dans les moments les plus importants ou critiques quand nous avons le plus besoin de Dieu. En nous marquant de ce signe sacré, presque sans en avoir pleinement conscience, nous invoquons Dieu Un et Trine en disant : « Au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit ».
Non seulement nous invoquons le Dieu trinitaire pour nous aider, mais nous Le louons par la prière « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit … Amen ». Sainte Thérèse de Calcutta, Missionnaire de la Charité en nom et en fait, récitait souvent la prière suivante : « Gloire au Père-Prière, et au Fils-Pauvreté, et au Saint-Esprit-Zèle pour les âmes. Amen-Maria « .
3) La Trinité et les Vierges consacrées
Sainte Thérèse d’Avila décrit la compréhension et la valeur existentielle de ce Mystère en parlant de son voyage spirituel qui s’est développé dans le sens de la « tendresse amoureuse »: le Christ l’a conduite au Père et l’a confiée à l’Esprit-Saint, et Thérèse «a expérimenté» en vrai le mystère des trois Personnes divines : une personne paternelle qui l’attire, l’embrasse, la réconforte, la sollicite; une personne spirituelle qui la réchauffe et l’enchante intérieurement; tandis que la personne filiale du Christ continue à l’inviter et prépare Thérèse pour les noces mystiques qui ont été célébrés au Carmel d’Avila, au cours de la Messe du 18 novembre 1572.
La vie des vierges consacrées dans le monde continue de sa propre manière l’expérience de cette grande sainte espagnole. Avec un don total d’elles-mêmes dans les mains de l’Evêque, ces femmes témoignent d’une manière spéciale de la dimension trinitaire de la vie chrétienne
En effet, la virginité est en quelque sorte la déification de l’homme : « On ne peut mieux faire éloge de la virginité en montrant ceux qu’elle divinise, pour ainsi dire, ceux qui participent à ses purs mystères, au point de les faire communiquer à la gloire de Dieu, le seul vraiment saint et immaculé, en les admettant dans sa propre familiarité grâce à la pureté et incorruptibilité » (Saint Grégoire de Nysse De Virginitate, 1, 1-2 ; 256 s.).
La virginité spirituelle
Donc la virginité tire ses origines de la Trinité et elle est vécue dans la Trinité, liée, comme elle est, à la génération du Fils de la part du Père, apportée en don aux hommes par le Verbe qui vient au monde de la même manière avec laquelle il est engendré par le Père, c’est-à-dire virginalement, par une Vierge. C’est ainsi que pour le chrétien, la virginité produise des effets similaires à ceux qui se produisirent « en Marie, l’Immaculée, quand toute la plénitude de la divinité qui était en Christ resplendit en elle (…). Jésus ne vient plus avec sa présence physique, mais il vit spirituellement en nous et, avec lui, nous apporte le Père » (Ibid., 2)
Que cet idéal de vie caractérisé par la virginité au moins spirituelle soit proposé à tous les chrétiens, même mariés, comme exigence de perfection, est clair. Mais le Nyssene et les autres Pères de l’Église voient clairement que, toujours comme don de Dieu, quiconque choisit la virginité, même corporelle, s’abstient de se marier et imite Jésus et Marie, retrouve l’intégrité originelle dans laquelle l’homme a été créé ou, comme le saint évêque de Nysse le dit, la condition du « premier homme dans sa première vie » (Ibid., 12, 4. 4 ; 416 s).
Lecture Patristique
Saint Jean Chrysostome (347- 407)
Homélie
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle (Jn 3,16).
Vous voyez la cause de l’avènement du Fils de Dieu: il est venu pour que tous ceux qui devaient périr trouvent, par la foi en lui, l’accès au salut. Qui aurait pu imaginer une générosité pareille, au-delà de tout éloge? Par le don du baptême, Dieu accorde à notre nature le pardon de tous nos péchés! Non seulement ici la pensée est impuissante, mais la parole est incapable de dénombrer les autres bienfaits de Dieu. Si nombreux qu’ils soient, je suis obligé d’en omettre encore davantage. Que serait-ce donc, si l’on songeait encore à ce chemin de la conversion que Dieu, dans son indicible amour des hommes, a donné au genre humain, ainsi qu’à ses prescriptions merveilleuses grâce auxquelles, si nous le voulons, même après le bienfait du baptême, nous pourrons attirer la grâce d’en haut!
Ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé
Vous voyez, mes enfants, l’abîme des bienfaits de Dieu! Vous voyez combien leur énumération est longue, bien que nous n’en ayons encore rappelé qu’une faible partie! Comment, en effet, le langage humain pourrait-il dénombrer tout ce que Dieu a fait pour nous? Mais si grands et si nombreux que soient ces bienfaits, ils sont plus ineffables et plus grands encore, ceux qu’il a promis pour la vie future à ceux qui marchent sur le chemin de la vertu. Et, pour nous montrer en peu de mots l’excès de leur grandeur, saint Paul nous dit: Ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu (1Co 2,9).
Voyez-vous l’excellence de ces bienfaits? Voyez-vous comme ils sont au-dessus de toutes les idées de l’homme? Ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé, c’est l’expression de saint Paul. Si nous voulons récapituler toutes ces merveilles, si nous voulons en rendre grâce selon nos forces, nous pourrons attirer sur nous encore plus de grâces divines et grandir en vertu. Le souvenir des bienfaits de Dieu nous aide à affronter les labeurs de la vertu, à mépriser les biens terrestres, pour nous ouvrir à l’auteur de tous ces dons et augmenter, de jour en jour, l’amour que nous lui témoignons.