Guy de Montpelier, fondateur des Hôpitaux du Saint-Esprit © Wikipedia, Histoire de l'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit (1892)

Guy de Montpelier, fondateur des Hôpitaux du Saint-Esprit © Wikipedia, Histoire de l'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit (1892)

Fide incensus, Enflammé de foi …

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Lettre apostolique Motu proprio du pape François, déclarant bienheureux Guy de Montpelier, fondateur des Hôpitaux du Saint-Esprit

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En reconnaissant le caractère exemplaire de la piété et de la charité du frère Guy de Montpellier, l’Église propose sa mémoire pour le culte liturgique de tous les ordres, congrégations et communautés inspirés par le charisme des hôpitaux du Saint-Esprit, avec le titre de bienheureux.

« Enflammé de foi, ardent de charité, pieux et aimant les pauvres au point de les honorer comme des maîtres, de les vénérer en tant que mécènes, de les aimer en tant que frères, de les soigner comme des fils, enfin de les vénérer comme l’image du Christ » (P. Saunier, Dissertation sur le Saint Chef de l’Ordre du Saint-Esprit : dans laquelle il traite de l’origine et du développement de l’Ordre tout entier, en particulier de l’expansion de la Maison romaine, de ses prérogatives et de sa structure, Lyon 1649, p. 32). C’est par ces mots que Pierre Saunier a décrit la foi profonde de Guy de Montpellier, qui l’a incité à consacrer sa vie au service des plus démunis.

Guy est né dans la seconde moitié du XIIe siècle, dans la ville française de Montpellier, au sein d’une famille aisée. Avant l’année 1190, il commença à servir les pauvres et les nécessiteux, en fondant pour eux une maison-hôpital dans les environs de Montpellier. Dès le début, Guy a confié cette œuvre de miséricorde à l’Esprit Saint.

En peu de temps, Guy a trouvé de nombreux disciples qui, inspirés par son exemple, ont voulu servir les pauvres et les nécessiteux. Une communauté est ainsi née, composée d’hommes et de femmes, de laïcs et d’ecclésiastiques.

Lothaire de Segni, le futur pape Innocent III, au cours de ses études en France, eut connaissance des œuvres de miséricorde de Guy et, après son élection à la papauté, leur apporta son soutien.

Dans la bulle Hiis precipue  du 22 avril 1198, demandant à tous les évêques de soutenir les initiatives de Guy de Montpellier, le pape Innocent III écrit :

« C’est pourquoi, comme nous l’avons appris par le récit véridique de beaucoup, l’hôpital du Saint-Esprit, que la sollicitude du fils bien-aimé frère Guy a construit à Montpellier, parmi d’autres hôpitaux nouvellement érigés, brille par sa religiosité et pratique une hospitalité de la plus grande charité, comme ceux qui, ayant fait l’expérience de leurs aumônes, ont pu l’apprendre plus amplement. Là, en effet, on nourrit les affamés, on habille les pauvres, on donne le nécessaire aux malades et on offre une plus grande consolation aux plus nécessiteux, de sorte que le maître et les frères de cette maison doivent être appelés non pas tant receveurs des nécessiteux que serviteurs, et ceux qui distribuent charitablement le nécessaire aux pauvres sont bien les nécessiteux parmi les pauvres » (Hiis precipue : ed. critica ex registris Vaticanis : O. Hageneder – A. Haidacher (ed.), Die Register Innocenz’ III, p. 139).

 

Le 23 avril 1198, l’hôpital de Montpellier est placé sous la juridiction directe du Saint-Siège et le Souverain Pontife confirme la règle monastique préparée par Guy pour sa communauté :

«  Tout en approuvant ceux qui choisissent la vie religieuse et les autres choses qui s’y rattachent, nous prenons sous la protection du bienheureux Pierre et la nôtre et protégeons par le privilège du présent document le susdit hôpital du Saint-Esprit construit à Montpellier, dans lequel vous vous êtes consacrés au service divin, […. Le Souverain Pontife confirma la règle monastique préparée par Guy pour sa communauté […] établissant que toutes les maisons que vous possédez légitimement aujourd’hui et que vous pourrez raisonnablement acquérir à l’avenir doivent dépendre du susdit hôpital du Saint-Esprit de Montpellier, et que leurs mandataires doivent vous être soumis, frère Guy, ainsi qu’à vos successeurs, en obéissant humblement et en recevant et conservant humblement votre correction et celle de vos successeurs » (Religiosam vitam eligentibus, O. Hageneder – A. Haidacher (ed.), Die Register Innocenz’ III, p. 142-143).

En 1198, outre l’hôpital de Monpellier, la communauté disposait de dix autres établissements similaires dans le sud de la France et de deux à Rome. Par la bulle Cupientes pro plurimis, publiée à Anagni le 1er décembre 1201, l’église Sainte Marie de Saxe à Rome (aujourd’hui église du Saint-Esprit à Sassia), ainsi que la domus hospitalis, fondée par Innocent III entre 1198 et 1201, furent confiées à Guy de Montpellier et à ses compagnons.

 

 

Guy, désireux d’accomplir le plus fidèlement possible l’idéal de miséricorde proclamé par Jésus, définit un objectif très large pour son œuvre, qui vise à embrasser l’homme dans sa totalité, dans son âme et dans son corps, et qui s’étend aux plus jeunes comme aux plus âgés. « Le souffrant est le Seigneur, les médecins et les infirmiers sont ses serviteurs », recommande Guy dans le Liber Regulae ospitalis Sancti Spiritus. L’idéal de l’aide à tous s’est concrétisé de manière particulièrement tangible dans l’assistance aux bébés abandonnés et aux enfants non désirés. Outre l’aide matérielle et spirituelle apportée aux mères seules et aux prostituées, l’hôpital du Saint-Esprit de Sassia accueillit l’un des premiers tours d’abandon d’enfants trouvés, où les bébés pouvaient être confiés anonymement aux soins de la communauté de Guy.

Les bébés abandonnés ont ainsi pu bénéficier d’un développement intégral au sein de la domus hospitalis. Guy ne s’est pas contenté d’aider ceux qui venaient à lui, mais il a encouragé ses sœurs et ses frères à aller dans les rues à la recherche de ceux qui étaient dans le besoin. Le fondateur de Montpellier associait ce service inconditionnel des pauvres à la contemplation religieuse de l’amour de Dieu. De cette rencontre constante avec Dieu, il a tiré la force de servir les malheureux, devenant pour eux une source de réconfort, de joie et de paix.

 

La mémoire de l’humble et modeste serviteur des pauvres de Montpellier a été conservée silencieusement

Le 19 juin 1204, par la bulle Inter opera pietatis, le pape Innocent III reconfirme le nouvel ordre et sa juridiction sur l’hôpital romain de l’église Sancta Maria in Saxia, qui devient la Maison Générale de tout l’Ordre.

Guy mourut à Rome dans les premiers mois de 1208. Innocent III, dans la bulle Defuncto Romae, a rappelé l’importance des œuvres de miséricorde qu’il avait initiées et la nécessité pour ses successeurs de les poursuivre.

La mémoire de l’humble et modeste serviteur des pauvres de Montpellier a été conservée silencieusement pendant les quatre siècles suivants dans les monastères et les hôpitaux, qui ont vécu selon la règle établie par Guy. Les générations successives de sœurs et de frères, inspirées par la foi et la vie de leur fondateur, se sont souvenues de lui dans la prière quotidienne et dans l’accomplissement fidèle du charisme de leur ordre.

Pierre Saunier, dans l’image de Guy incluse dans son œuvre susmentionnée, a placé l’inscription suivante sur sa mort, qui en dit long sur la façon dont on s’est souvenu de lui : « Guy/ des Comtes de Montpellier/Fondateur de l’Ordre du Saint-Esprit/ Guy, à qui le souffle de l’Esprit/ la Règle, le compas, le gouvernail fut la Sainte Croix, est parvenu au port » (p. 10). En revanche, Odorico Raynaldi, dans ses Annales Ecclesiastici publiées en 1667, écrit à propos de Guy : « … il fut le fondateur de l’ordre religieux des Hospitaliers, il fut cher au Pape Innocent pour sa sainteté exaltée, et mérita le nom de Bienheureux, natif de Montpellier » (p. 25).

Aujourd’hui encore, l’œuvre de Guy porte de nombreux et bons fruits, grâce aux communautés religieuses qui aident inlassablement les pauvres, poursuivant les œuvres de miséricorde commencées par leur fondateur à Montpellier.

C’est de ce type de vie, au service de ceux qui sont dans le besoin, inspirée par la foi dans les paroles et les œuvres de Jésus-Christ, que parle le Concile Vatican II :

« De même que le Christ, alors, parcourait toutes les villes et tous les villages, guérissant toutes sortes de maladies et d’infirmités, signe que le règne de Dieu était arrivé, de même l’Église, par ses enfants, fait corps avec les hommes de toute condition, mais surtout avec les pauvres et les affligés. Pour eux, elle se dépense, et se dépense volontiers » (Ad Gentes, 12). Il poursuit : « Que les religieux et les religieuses, ainsi que les laïcs, fassent preuve du même zèle fervent à l’égard de leurs concitoyens, surtout à l’égard des pauvres » (ibid., 20).

 

Un homme absolument unique par son humble vie spirituelle, son obéissance et son service des pauvres

L’exemple de Guy de Montpellier, un homme absolument unique par son humble vie spirituelle, son obéissance et son service des pauvres, a toujours attiré et inspiré. Nous pensons donc que le moment est venu de le présenter d’une manière spéciale à l’Église de Dieu, à laquelle il continue de parler par sa foi et ses œuvres de miséricorde.

Compte tenu des jugements élogieux exprimés par certains de nos prédécesseurs sur la sainteté de la vie de Guy de Montpellier, et après les nombreuses demandes constamment transmises par des cardinaux, des évêques, des religieux, et surtout par des ordres, des congrégations et des instituts inspirés par la Règle et la vie de Guy, nous avons décidé de faire appel à l’aide de l’Église catholique, Nous, en toute connaissance de cause, considérant les excellents mérites de Guy de Montpellier, jusqu’à présent dans l’Église, avons décidé de Notre propre gré, pour le bien des âmes, d’accorder un signe de grâce spécial.

C’est pourquoi, par Notre autorité apostolique, Nous inscrivons au catalogue des Bienheureux la Mémoire du Bienheureux Guy de Montpellier, avec la Liturgie des Heures et la Célébration Eucharistique qui seront placés le 7 février, Nous décrétons qu’elle sera obligatoire ce jour-là pour les Ordres, Congrégations et Instituts du Saint-Esprit à Sassia, ainsi que pour les Instituts inspirés par le charisme de Guy.

Donné à Rome, au Latran, le 18 mai 2024, Vigile de la Solennité de la Pentecôte, la douzième année de Notre Pontificat.

FRANÇOIS 

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Traduction dirigée par ZENIT

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Pape Francois

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