Esprit-Saint

Les racines juives de la Pentecôte

Print Friendly, PDF & Email

Connaître nos racines juives pour comprendre notre foi chrétienne

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

par Fernando Morales, LC

Pour comprendre notre foi chrétienne, nous devons connaître nos racines juives, car l’Ancien Testament est la langue dans laquelle le Nouveau Testament est écrit. 

Quant au mystère de la Pentecôte, il s’agit également d’une fête d’origine juive. Le mot Pentecôte est grec et signifie « cinquantième », nom donné par les Juifs de la diaspora à la fête hébraïque de Shavouot, qui signifie « semaines » en hébreu, ou « fête des sept semaines ». 

Tous les peuples du Moyen-Orient avaient une fête agricole pour la période des récoltes, et Israël l’a fixée cinquante jours ou sept semaines (49 jours) après la Pâque. 

 

Les trois grandes fêtes

La Pâque, fin de l’hiver et début du printemps, marque le moment où la vie reprend ses droits et rappelle à Israël sa renaissance après l’esclavage en Égypte, sa libération. C’est la première des trois grandes fêtes de l’année. Cinquante jours plus tard, au moment de la récolte du blé, les Hébreux commémorent le don de la Torah au mont Sinaï. Ce sera la deuxième grande fête de l’année, Shavouot ou Pentecôte, celle qui nous occupe aujourd’hui. La troisième s’appelle Soukkot et rappelle la traversée du désert. 

 

Shavouot : Le don de la Torah au mont Sinaï

Lorsque Moïse reçut la Loi, « tout le Sinaï fumait, car le Seigneur était descendu au milieu du feu, et la fumée montait comme la fumée d’une fournaise, et tout le peuple tremblait. Le son de la trompette était de plus en plus fort » (Exode 19,18-19). 

La Loi (Torah, en hébreu) est l’ensemble des règles constitutives du judaïsme, contenues dans les cinq premiers livres de la Bible (le Pentateuque). La tradition juive identifie 613 règles allant de la prière aux choses les plus ordinaires telles que l’alimentation, l’habillement, la coiffure, la toilette, le travail et le repos, mais que la tradition chrétienne a vu synthétisées de manière essentielle dans les dix commandements du Sinaï (Exode 20).

Cette loi détaillée et complète est la plus grande fierté du peuple juif et sa marque de fabrique. C’est la sagesse même de Dieu partagé avec son peuple, pour en faire un peuple saint, le sien, sage et élu. « Si vous obéissez à ma voix et si vous gardez mon alliance, vous serez ma propriété parmi tous les peuples » (Exode 19:5). C’est ce que nous célébrons à Shavouot, la bonté de Dieu qui a voulu donner cette Loi spéciale et exclusive à son peuple. 

 

Quarante jours après la résurrection de Jésus : L’Ascension 

C’est ainsi que nous arrivons à Jérusalem, quarante jours après la résurrection de Jésus. L’Évangile selon Luc situe ce jour-là l’Ascension au ciel de Jésus qui, avant de partir, a ordonné à ses disciples d’attendre à Jérusalem qu’il envoie sa promesse. De quelle promesse parlait-il ? De la promesse qu’il avait faite lors de la dernière Cène : « Je vous enverrai l’Esprit de vérité, qui procède du Père » (Jn 15,26). 

Mais cette même promesse avait été faite par les prophètes :

 « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair ce cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai en sorte que vous marchiez selon mes commandements, que vous observiez mes ordonnances et que vous les mettiez en pratique ». (Ezéchiel 36, 26-27) 

« Je répandrai mon esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions ». (Joël 2, 28)

 

Cinquante jours après Pâques : la Pentecôte 

Cette même promesse était sur le point de s’accomplir à Jérusalem. Les disciples, obéissant aux instructions de Jésus, sont restés au Cénacle pendant neuf jours à prier, avec quelques femmes, dont la Vierge Marie (Actes 1, 14). Il s’agit de la première neuvaine de Pentecôte de l’histoire.

C’est ainsi que, sept semaines après la Pâque, le cinquantième jour (Pentecôte), « ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Tous furent remplis d’Esprit-Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. » (Actes 2, 1-4).

Comme au Sinaï, où l’on entendait le son des trompettes, sur le mont Sion (Jérusalem), on entendit le son d’un vent puissant. Et de même que Dieu descendit au milieu du feu devant Moïse, de même au Cénacle apparurent des langues de feu, qui se répartirent sur chacun d’eux. Le feu, signe de la présence de Dieu, ne marquait plus une montagne ou un temple, mais chacun des hommes, temples vivants de la présence de l’Esprit. 

 

Sinaï et mont Sion

Il existe de nombreuses similitudes entre l’événement du Sinaï et celui du mont Sion, treize cents ans plus tard, mais la différence réside dans le fait que les disciples ont commencé à parler en différentes langues. La loi que Dieu donnait maintenant ne serait plus seulement en hébreu, mais la Torah serait donnée à tous les peuples du monde. Le don de la loi de Dieu serait désormais universel.

Et cette loi serait écrite « non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair » (2 Co 3.3). C’est-à-dire qu’il ne s’agirait pas d’une loi de lettres, d’obligations extérieures, de préceptes et de prescriptions, mais d’une loi qui doit jaillir de l’intérieur, une loi de l’esprit, née de l’amour et dépassant toute conformité extérieure. Non seulement une loi du minimum (ne pas tuer, ne pas voler), mais une loi du maximum (donner sa vie pour son ennemi, être généreux envers les nécessiteux). Une loi qui se résume tout entière dans le commandement de l’amour, du véritable amour.

 

L’Église – engendrée par l’effusion de l’Esprit-Saint

De même que la création ne s’est pas produite seulement au début du monde, mais à chaque instant, de même l’effusion de l’Esprit du Christ qui engendre l’Église est un événement quotidien, sans lequel nous cesserions d’exister en tant que Peuple de Dieu. Cet événement du don de l’Esprit ne s’est pas seulement produit il y a deux mille ans à Jérusalem, mais il continue à se produire chaque jour dans l’Église, dans les communautés, dans les foyers et chez les chrétiens. 

En ces jours qui précèdent la fête de la Pentecôte, demandons le don de l’Esprit du Christ, afin d’avoir en nous ses sentiments mêmes, son même dévouement, son même amour.

Share this Entry

Rédaction

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel