Ce 7 avril 2024, avait lieu la commémoration des trente ans du génocide effroyable vécu au Rwanda en 1994. En l’espace de trois mois, 1 174 000 personnes ont été exterminées et plus de deux millions ont fui le pays, soit un tiers de la population.
Le motif fondamental était la haine raciale envers la minorité tutsie, qui constituait l’élite sociale et culturelle du pays. Les familles rwandaises ont été touchées au cœur, atteintes par la barbarie et la division.
Lors de cette tragédie, l’Église catholique a aussi été touchée. L’archevêque de Kigali, Vincent Nsengiyumva, et d’autres évêques ont été tués, ainsi qu’une longue liste de prêtres, religieux et religieuses, séminaristes, novices et agents pastoraux.
Le début du génocide a coïncidé également avec un événement historique pour l’Église d’Afrique. Au même moment se tenait à Rome la première Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des évêques, convoquée par le pape saint Jean-Paul II, et à laquelle les évêques rwandais n’ont pu évidemment se rendre.
Trente ans après les faits, les rwandais travaillent toujours à la reconstruction du pays. L’Église du Rwanda a orienté dès les débuts sa pastorale vers la réconciliation et le pardon. Elle a mis en place des groupes d’écoute, a pris en charge les survivants, et s’est attelée à l’éducation.
« C’est grâce à Dieu que depuis 30 ans, on a pu s’en sortir, dans la voie de réconciliation et de l’unité » exprime le cardinal Antoine Kambanda, l’archevêque actuel de Kigali, dans une interview accordée le 8 avril aux médias de Vatican. « Comme dit saint Paul, on voit ici que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. Parce qu’un pays qui était détruit, une communauté qui était déchirée, est maintenant uni et travaille ensemble pour se développer, c’est vraiment la grâce de Dieu. »
Selon le cardinal Kambanda, le peuple rwandais travaille à une réconciliation à trois niveaux : la réconciliation avec Dieu, avec soi-même et avec les autres, sans oublier l’aide matérielle. « La mort nous fait beaucoup de mal. Mais nous avons l’espérance dans la Résurrection. Et je vois que notre pays, le Rwanda, qui a été au fond de la souffrance et de la mort, dans le tombeau, est maintenant en train de ressusciter. »