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L’hiver démographique arrive en Asie du Sud

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En 2100, seuls 6 pays dans le monde parviendraient encore à un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme

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Le déclin démographique n’affecte plus seulement les pays où le bien-être et le confort sont plus répandus. C’est un phénomène mondial, s’étendant à tous les continents. Et s’il se poursuit au rythme de la dynamique actuelle, en 2100, seuls 6 pays au monde parviendront encore à un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme, le seuil dit « de remplacement des générations » qui leur permet de maintenir la stabilité de leur population.

Cela est étayé par une nouvelle étude basée sur des modèles statistiques et publiée par la revue scientifique britannique Lancet. Il s’agit d’une analyse démographique de la gigantesque quantité de données de l’étude sur la charge mondiale de la maladie, des blessures et des facteurs de risque, réalisée par l’institut de mesure et d’évaluation sanitaire (IHME) de l’Université de Washington (et financée par la fondation Bill Gates).

Ce sont précisément les cercles scientifiques qui ont longtemps dénoncé à cor et à cri la « bombe démographique », qui ainsi, envoient aujourd’hui exactement le message inverse : les naissances diminuent considérablement au niveau mondial.

En combinant des milliers d’études relatives à la dynamique démographique dans 204 pays avec des systèmes sophistiqués, ils certifient non seulement que le taux de fécondité au niveau mondial a diminué de moitié au cours des soixante-dix dernières années, passant de 4,84. en 1950 à 2,23 en 2021, mais ils ajoutent également que le déclin se poursuivra au cours des prochaines décennies : selon les projections développées en combinant les analyses de la maternité dans les différentes cohortes d’âge de chaque pays, si la dynamique actuelle continue, ce taux tomberait à 1,83 en 2050 et même à 1,59 en 2100.

Traduit en chiffres absolus

Selon cette étude, les naissances dans le monde ont atteint leur apogée en 2016, atteignant 142 millions. En 2021, elles sont déjà tombées à 129 millions. Mais si le modèle statistique était confirmé au cours des prochaines décennies, elles diminueraient encore, atteignant 112 millions en 2050 et (même) 72 millions en 2100.

Il est clair que les estimations à long terme présentent de très grandes marges d’erreur. Mais les données les plus intéressantes issues de la recherche publiée par le Lancet concernent la dynamique qui s’opère dans les différentes zones géographiques. Parce que si, d’une part, le ralentissement (qui existe) suit un rythme plus lent en Afrique subsaharienne, l’effondrement du taux de natalité en Asie du Sud ferait la différence dans les années à venir.

Des pays sur la voie de l’Europe

Selon ces projections, des pays tels que l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh sont en voie d’atteindre très rapidement les faibles taux de natalité de l’Europe occidentale et de l’Extrême-Orient. Si, en 2021, il y avait un total de 32 millions de naissances en Asie du Sud, d’ici 2050, elles pourraient déjà tomber à 18,7 millions.

Les données pour le Bangladesh sont particulièrement frappantes, où la projection (également due à la migration) est plus que divisée par deux : le scénario proposé prévoit 1,37 million de nouvelles naissances, contre 2,8 millions en 2021. Et, plus généralement, les projections sur le taux de fécondité montrent une courbe pour l’Asie du Sud qui finirait même en dessous de celle des pays à haut revenu. 

Ce sont des chiffres qui – évidemment – devront être vérifiés par les faits. Et également parce que l’étude ne manque pas d’affirmations idéologiques, comme l’idée que les politiques en faveur de la contraception et de l’avortement ne peuvent en aucun cas être remises en cause et que les politiques natalistes sont (pour l’essentiel) inefficaces.

Mais au-delà des interprétations, ces chiffres montrent à quel point la question de l’hiver démographique est un thème qui touche désormais toute l’Asie. Si les prévisions publiées par le Lancet étaient vérifiées, seul le Tadjikistan aurait un taux de natalité (légèrement) supérieur au seuil de remplacement en 2100. 

Après les profondes blessures causées en Chine par la politique de l’enfant unique et le vieillissement inexorable de la population au Japon et en Corée du Sud, l’Asie du Sud pourrait elle aussi se trouver bientôt confrontée à cette dynamique. Et ce sera des réponses proposées que dépendra le visage de l’Asie de demain.

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Rédaction

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