Le 27 décembre 2023, le nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore a ouvert solennellement la porte jubilaire de la Chapelle des Apparitions du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. À l’occasion de ce jubilé, Dieu manifeste sa miséricorde, notamment en accordant gratuitement une indulgence plénière aux pèlerins qui se seront préparés. Le pape François nous rappelle ce qu’est une indulgence :
« Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Epouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché. »
Voici les dispositions intérieures et extérieures pour vivre avec fruit la démarche jubilaire et recevoir l’indulgence plénière :
– Être en état de grâce et avoir la disposition intérieure du détachement complet du péché, même véniel. Ceci implique notamment de se confesser (si possible le jour même, sinon une semaine avant ou après) et de communier.
– Manifester notre ouverture à l’Eglise universelle, en priant aux intentions du Pape. Il est suggéré un Notre Père et un Je vous salue Marie.
– Professer la foi de l’Eglise en récitant le Je crois en Dieu.
– Manifester visiblement que nous voulons répondre à l’appel de Jésus, qui a dit Je suis la porte des brebis (Jn 10, 7), en passant la porte jubilaire de la chapelle des Apparitions.
– Traduire en charité concrète la grâce reçue en accomplissant une des œuvres de miséricorde rappelées par le pape François :
« Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Il est possible de recevoir l’indulgence plénière une fois par jour, pour soi-même ou pour une personne défunte, mais pas pour un autre vivant. Tous les détails de la démarche jubilaire sur le site du sanctuaire de Paray .
Pour accompagner notre prière et notre méditation, voici quelques textes de la tradition chrétienne sur l’ouverture du Cœur de Jésus par le transpercement de la lance.
Bienheureux Simon Fidati de Cascia (†1348)
Il faut voir l’action du Saint-Esprit dans l’expression de l’Evangéliste… Il veut que le côté ouvert nous manifeste l’amour du Cœur qui nous a aimés jusqu’à la mort, et que nous allions à cet amour ineffable qui l’a fait venir vers nous ; il veut que nous approchions de son Cœur, ce Cœur profond, ce Cœur caché, ce Cœur qui pense à tout, ce Cœur qui sait tout, ce Cœur qui aime ; il veut que, grâce à la porte ouverte, nous devenions, au moins dans la vivacité de l’amour, semblables à son Cœur, et que nous entrions en esprit dans le secret caché depuis l’éternité, et maintenant comme dévoilé à sa mort par l’ouverture de son côté.
Ludolphe de Saxe, dit le Chartreux (v.1295-1378)
Le Cœur du Christ a été blessé pour nous d’une blessure d’amour, afin que nous par un retour amoureux nous puissions par la porte du côté avoir accès à son Cœur, et là unir tout notre amour à son divin amour, de façon à ne faire plus qu’un même amour, comme il en est du fer embrasé et du feu. Car l’homme doit… ordonner tous ses désirs vers Dieu par amour pour le Christ… et conformer en tout sa volonté à la volonté divine, en retour de cette blessure d’amour qu’il reçut pour l’homme sur la croix, quand la flèche d’un amour invincible perça son très doux Cœur… Rappelons-nous donc quel amour plus qu’excellent le Christ nous a montré dans l’ouverture de son côté en nous ouvrant par là un large accès à son Cœur. Hâtons-nous d’entrer dans le Cœur du Christ, recueillons tout ce que nous avons d’amour pour l’unir à l’amour divin, en méditant sur ce qui vient d’être dit. »
Guillaume de Saint-Thierry et Bienheureux Guéric d’Igny
Les impénétrables richesses de ta gloire, Seigneur, restaient cachées au-dedans de toi, dans le ciel de ton secret, jusqu’au moment où la lance du soldat ouvrit le flanc de ton Fils, notre Seigneur et Rédempteur, sur la croix : les sacrements de notre rédemption s’épanchèrent alors si bien que désormais nous ne mettons pas dans son flanc le doigt ou la main comme Thomas, mais par la porte ouverte nous entrons tout entiers jusqu’à ton cœur, Jésus, siège certain de miséricorde, jusqu’à ton âme sainte, pleine de toute la plénitude de Dieu, pleine de grâce et de vérité, de salut pour nous et de consolation.
Ouvre, Seigneur, la porte au flanc de ton arche, afin que puissent entrer tous ceux que tu veux sauver à la face de ce déluge qui inonde tout sur terre ; ouvre-nous le flanc de ton corps, afin que puissent entrer tous ceux qui désirent voir les secrets du Fils […] Ouvre la porte de ton ciel, afin qu’ils puissent voir les biens du Seigneur sur la terre des vivants, tes rachetés qui peinent encore sur la terre des mourants.
Va te cacher dans ces mains percées, dans ce flanc troué. Qu’est-ce, en effet, que la plaie dans le flanc du Christ, sinon la porte ouverte au flanc de l’arche pour ceux qui seraient préservés du déluge ? Seulement, l’une était figure, l’autre est réalité. […] C’est là que tu seras caché en sécurité jusqu’à ce que passe l’iniquité ; là que tu n’auras rien à souffrir du froid, car dans les entrailles du Christ la charité du Christ ne se refroidit pas ; là que tu seras inondé de délices ; là que tu déborderas de joie, du moins lorsqu’enfin la vie de notre Chef aura englouti tout être mortel et celui de tous les membres de son Corps.
(Ce texte a été proposé par Sr Marie-David Weill, csj, à partir de Guillaume de Saint-Thierry et Bienheureux Guéric d’Igny)
L’Office des Cinq Plaies, XVI° siècle
Il a voulu aussi que son côté fût ouvert, pour nous donner accès à ce qu’il a de plus intime. Car, quand le côté fut ouvert, le chemin fut frayé jusqu’au Cœur du Seigneur. Que l’homme s’approche de ce Cœur sublime et que Dieu soit exalté en lui. Mais qui montera jusque-là ? Qui s’y reposera ? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur. Mais que le pécheur n’hésite pas. Si l’entrée ne lui est pas tout d’abord accessible, qu’il pleure à la porte, là d’où coule le sang, d’où sort l’eau ; les portes sont ouvertes : le cri de ceux qui pleurent pénétrera sans peine jusqu’au Cœur du Seigneur ».
Stephan Fridolin (†1498)
Considère le Cœur blessé du Christ comme la véritable porte par laquelle on parvient à la grâce et à l’amitié de Dieu, par elle on monte vers les joies éternelles qui ne prennent jamais fin. Regarde le Cœur blessé du Christ. En lui a reposé sa très sainte Ame et son adorable Divinité, par laquelle nous sommes maintenus dans l’existence. Considère le Cœur ouvert du Christ comme le plus sûr asile des réfugiés. Où pourrait-elle s’envoler ailleurs, ta pauvre âme, lorsque les ennemis infernaux la poursuivent de leurs attaques durant la vie et au moment de la mort ? Considère le Cœur bienveillant du Christ comme une parfaite compensation de tes péchés et des péchés de l’humanité, puisque le Seigneur a répandu le très saint sang de son Cœur… Considère le Cœur enflammé du Christ comme l’origine de ton éternelle béatitude et le véritable chemin par lequel tu dois entrer dans la céleste patrie. Oh ! qui peut imaginer et exprimer la bonté, la hauteur, la longueur et la largeur du très saint Cœur de Jésus-Christ. Il dépasse de loin la compréhension et l’entendement des hommes. Voilà la merveilleuse cité de grâce que ton plus cher Seigneur t’a préparée, sur le bois fleuri de la sainte croix. Entres-y avec foi et chasteté : Seigneur, c’est ici le lieu de mon repos, c’est ici que je veux demeurer, parce que je l’ai choisi. »