Joseph Ratzinger créé cardinal par Paul VI © wikimedia commons

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Entre continuité et discontinuité (deuxième partie)

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Regards sur la constitution dogmatique du concile Vatican II sur l’Église, Lumen gentium

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Le ministère sacerdotal

Du côté catholique, comme de celui des chrétiens non-catholiques, on aurait très certainement souhaité des développements plus longs concernant les prêtres, en particulier la doctrine du sacerdoce. Il faudra attendre ! Pas très longtemps, d’ailleurs, car d’autres textes seront publiés. Avec le recul, je pense qu’il en fut mieux ainsi, car il y avait certainement les mêmes désaccords entre catholiques que chez les différents protestants, sur le caractère purement fonctionnel du sacerdoce. 

Pour les courants issus de la Réforme, tout venait de l’influence, à mes yeux néfastes, d’un écrit de Luther « Le Manifeste à la noblesse chrétienne de la nation allemande » de 1520, que ses partisans eurent l’imprudence de placer parmi ses trois grands écrits réformateurs. L’ouvrage ne figura cependant pas parmi les livres symboliques comme ses deux catéchismes et la Confession d’Augsbourg, entre autres. Pour dénoncer l’abus que constituait la possession d’un titre ecclésiastique sans en exercer la charge mais en en touchant les revenus, Luther avait insisté sur la dimension fonctionnelle du sacerdoce et avait eu tendance à mélanger le sacerdoce universel des baptisés et le sacerdoce ministériel, d’autant plus que déjà pointait le malentendu sur la notion de messe « sacrificielle », donc même la remise en question d’un sacerdoce dans le christianisme. 

Et, en 1962, un certain nombre de catholiques étaient tentés par cette position. Aussi, sans trop s’étendre sur la question, fort heureusement, le Concile n’est pas resté muet sur les prêtres et leur a consacré un paragraphe, le 28. L’essentiel est dit : « Tout en n’ayant pas la charge suprême du pontificat et tout en dépendant des évêques dans l’exercice de leurs pouvoirs, les prêtres leur sont cependant unis dans la dignité sacerdotale… ». À propos de cette affirmation capitale, et parce que je crois aux vertus pédagogiques du symbolisme, je pense qu’il serait préférable de revenir à l’ancien usage, pour les prêtres, de porter l’étole croisée, afin de bien montrer que le pouvoir dévolu aux prêtres est « lié » à celui de l’évêque. C’est une belle illustration de ce qu’écrit le Concile, qui n’a pas aboli non plus le port de la chasuble et des autres éléments de vêture du célébrant. 

En 1969, j’ai vu pourtant en France de nombreux prêtres abandonner toute « cette lingerie », qualifiée comme étant « d’un autre âge » ! Cela existe encore mais diminue fortement, les jeunes générations de prêtres ayant compris l’importance de ces symboles. Aussi, inviter les enfants du catéchisme, accompagnés d’adultes, à venir assister en silence, dans les sacristies, à l’habillement des divers officiants de la messe, pour qu’ils voient les différents ornements et entendent les prières qui vont avec, serait, je crois faire œuvre utile en matière de ré évangélisation ! 

Une authentique relation filiale à l’évêque

Je relève aussi cette importante demande du Concile concernant les relations entre l’évêque et ses prêtres : Ces derniers « doivent reconnaître en l’évêque leur père et lui obéir respectueusement. L’évêque, lui, doit considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis. ». Si j’attire l’attention sur cette recommandation, c’est parce que j’ai toujours eu la grâce de connaître cela avec les évêques sous la direction desquels j’ai travaillé et heureusement cela continue. Et je sais tout le bien que j’en ai tiré. Mais je crains que l’affaire des abus, justement dénoncés, ne pose un très grave problème quant au climat de confiance réciproque qui doit exister entre l’évêque et son presbyterium. 

La manière dont ont été communiqués les résultats d’enquête de la CIASE, nous prenant par surprise, a suscité parmi les plus scandalisés des vocations de Torquemada ou de pasionarias, et cela m’inquiète. Oui, il faut que l’Église redevienne une maison sûre mais aussi de confiance, pour tous les baptisés sans exception, prêtres compris. Cela est important à une époque où la présomption d’innocence est constamment bafouée et incite au règlement de comptes ! Je ne souhaite pas du tout que systématiquement les évêques « couvrent » leurs prêtres, comme cela a pu se produire un certain nombre de fois dans le passé, le plus souvent à la demande expresse des familles, quand il s’agissait d’enfants mineurs, pour éviter tout scandale ! C’était l’état d’esprit de l’époque des années 1960/1970. 

Dans l’état actuel des choses, il faut que toute dénonciation soit portée à la connaissance de la justice si cela relève du délit et du crime, et il sera ainsi bien clair qu’il n’y aura pas d’anonymat, tant pour les plaignants que pour l’accusé. Et si la justice civile n’a pas à être mise en cause, il appartiendrait alors à l’évêque d’enquêter lui-même rapidement en confrontant les deux parties afin d’éviter les situations pénibles, suscitées par les rumeurs ou les bavardages. Même réaction souhaitée de ma part pour les prêtres ou religieux jetés dans la boue du simple fait d’avoir appartenu à une communauté qui a eu des problèmes dans le passé. 

Il y a en ce moment des amalgames qui ne font pas honneur à l’Église, parce que ce sont des serviteurs ou servantes de cette même Église qui sont les acteurs d’insinuations d’autant plus malfaisantes qu’elles sont relayées par des médias très liés à ce type d’indicateurs ! 

Mais revenons à notre texte : la référence à la paternité se retrouve aussi à propos des prêtres dans ce paragraphe 28 : « De leurs fidèles qu’ils ont engendrés spirituellement par le baptême et l’enseignement (cf. 1 Corinthiens 4, 15 et 1 Pierre 1, 23), les prêtres doivent avoir, dans le Christ, un souci paternel ». 

Le signe de la paternité

Comme pour l’évêque, on a recours à l’image de père et c’est particulièrement remarquable, car déjà à l’époque du Concile, l’absence de père dans les familles faisait des ravages, absence qui pouvait hélas se décliner sous de multiples formes. Il était bon d’entendre l’Église réhabiliter l’image paternelle pour qualifier deux ministères représentants le sacerdoce. Mais c’est encore plus nécessaire aujourd’hui face aux revendications féministes dans l’Église, qui osent se servir de ce beau symbole pour le transformer en cause principale des abus dont un certain nombre de mineurs ont été victimes. Pour ces suffragettes en quête de reconnaissance de ministère, voire d’ordination, c’est la conception trop masculine de l’autorité dans l’Église qui est en cause, ce qui équivaut à dire qu’un père aurait par nature des penchants incestueux ! Il faut alors apporter le remède-miracle de la féminité. Quand on rappelle qu’il existe depuis longtemps dans l’Église en évoquant la personne de la Bienheureuse Vierge Marie, cela ne leur suffit pas, car en réalité pour certaines dames, Marie est une fausse femme, ce n’est qu’une vierge qui ne fait qu’enfanter, une femme réduite à l’esclavage de la maternité, privée des joies de l’intimité conjugale. 

On appelle alors à la rescousse des expressions féminines appliquées à Dieu dans la Bible, comme « les entrailles de Miséricorde », traduction du pluriel hébreu rahamîm, qui au singulier réhem désigne clairement l’utérus (voir Isaïe 63, 15) où Dieu est en même temps appelé Père. Mais pour la Bible il faut bien comprendre que le divin est absolument asexué en opposition polémique vis-à-vis du paganisme local des dieux cananéens de la fécondité, Baal et Astarté, un dieu et une déesse. Et pour l’Écriture Sainte, ces dieux et déesses païens sont des créations de l’homme, et, tout comme les créatures humaines, ils sont sexués. 

Si Dieu demeure cependant un Père, c’est parce que ce qualificatif exprime l’autorité, et certains diront : c’est la caractéristique d’une société patriarcale ! Et on accusera ce système d’être aujourd’hui dépassé à cause du rôle inférieur qu’il réserve aux femmes. Le patriarcat biblique existe certes, mais n’infériorise pas les femmes pour autant. Prétendre cela révèle une méconnaissance totale de la Bible, typique du regard faussé que la modernité jette sur le passé. La femme n’y a pas les mêmes fonctions que l’homme dans la société parce qu’on tient à la différenciation des sexes qui correspond à l’ordre de nature. Mais l’homme et la femme sont égaux parce que tous deux images de Dieu. La civilisation biblique se fonde entre autres sur la différence-complémentaire des sexes, au contraire de la nôtre qui ne jure que sur l’unisexe. Cela dit, pour ce qui concerne le sacré, si ce qui relève de l’institution est réservé aux hommes, ce qui est purement charismatique touche indifféremment toute l’espèce humaine. Il y a des femmes juges et prophètes. 

Et le Dieu Père lui-même n’échappe pas au dépassement de la différenciation dès qu’il s’agit révéler symboliquement l’importance de sa puissance : pour exprimer la plénitude d’amour qu’il peut manifester, on utilisera des termes féminins, empruntés à l’amour maternel. Il en ira de même pour ses représentants directs, les Apôtres dans le Nouveau Testament, qui sont pourtant exclusivement des hommes. Ils peuvent aussi user du symbolisme féminin, puisqu’ils annoncent la Parole de Dieu, ainsi saint Paul dans 1 Thessaloniciens 2, 7 : « alors que nous aurions pu nous imposer, en qualité d’apôtres du Christ. Nous avons été au milieu de vous pleins de douceur, comme une mère réchauffe sur son sein les enfants qu’elle nourrit ». 

L’évêque, successeur des Apôtres

Un apôtre se situe toujours à la place du Christ quand il prêche, comme lui il proclame la Parole de Dieu-Père. Mais un successeur d’apôtre ne sera jamais à l’identique, le Christ ou un apôtre, même si l’ordination opère en lui un changement ontologique. Sa parole (sauf à des moments particuliers de la liturgie) ne deviendra jamais Parole de Dieu, au sens d’Écriture Sainte comme cela a été le cas pour Saint Paul. La parole d’un successeur d’apôtre, pour avoir une autorité équivalente à celle de l’apôtre du Nouveau Testament, doit pouvoir s’accorder avec l’ensemble des paroles de tous les successeurs d’apôtres rassemblés en Église sous la direction du successeur de Pierre, Vicaire du Christ. Leur parole prêchée ou écrite constitue alors la Tradition, qui, avec l’Écriture Sainte sont les deux sources d’Autorité dans l’Église catholique. 

Aussi ne faut-il pas fausser le sens du texte paulinien en pressant l’image féminine de la « douceur maternelle » au point de « généraliser » pour toute la prédication chrétienne et forcément aussi pour ceux qui la pratiquent. Saint Paul comme apôtre peut l’employer au sens plein. C’est impossible à un successeur d’apôtre qui lui n’a pas d’accès direct à la Parole de Dieu. Car il doit toujours passer par l’intermédiaire des rédacteurs des Écrits sacrés. De ce fait, il parle toujours comme un homme, les paroles de Dieu qu’il prononcera seront toujours des « citations », dans la même ligne, il ne peut se permettre de manipuler des symboles ou images que Dieu seul a pu utiliser dans le temps particulier de la révélation de l’ancienne et de la nouvelle alliance. 

En 2024, aucun prédicateur ou théologien catholique ne peut dire que le symbole de la paternité doit être enrichi par celui de la maternité pour renforcer la fraternité parmi les hommes. La paternité masculine doit pouvoir exister à côté de la maternité féminine, sans confusion ni mélange pour l’équilibre de l’humanité ! De plus, subvertir l’un au moyen de l’autre constituerait une nouveauté dans la révélation, inacceptable pour la Tradition catholique, car une telle conception du témoignage chrétien pourrait aller du ridicule, comme Dieu traduit par Il ou Elle, à l’hérésie, l’ordination des femmes à un ministère sacré. Les prêtres doivent demeurer des pères dont le caractère sacré constituera la meilleure barrière contre les abus de tout genre contre leurs fidèles, parce qu’ils relèveraient tous de l’inceste, aggravé par sa dimension de véritable trahison spirituelle ! Surtout dans une société qui connaît une trahison-démission des pères au sens où Julien Benda traitait de la trahison des clercs dans son célèbre ouvrage paru en 1927 (réédité en 1946 et en 1975).

Le ministère des diacres

Le paragraphe 29 de Lumen gentium concernant les diacres rappelle ce qui est souvent oublié : le « patron » direct du diacre est l’évêque et non le curé, même si l’autorité épiscopale passe le plus souvent par lui qui le représente. En prévision du service diaconal à venir, le Concile a permis un diaconat permanent, allant jusqu’à autoriser l’ordination d’hommes « mûrs » mariés ainsi que des plus jeunes. Mais pour ces derniers, il est bien précisé : « pour lesquels la loi du célibat doit demeurer ferme. » Ce qui signifie que le diaconat, même si on lui reconnaît une spécificité propre, demeure tourné vers le sacerdoce. Il arrive ainsi souvent que des diacres mariés devenus veufs, reçoivent l’ordination sacerdotale. Ce diaconat permanent est précieux, particulièrement en ces temps où les vocations sacerdotales manquent. Mais les vocations diaconales aussi, ce qui montre que le mariage n’est pas en cause dans la chute des vocations de serviteurs-ministres de l’Église ! 

Le laïcat et la laïcité

Le paragraphe 32 consacré aux laïcs revêt en 2024 une importance plus grande que celle qu’il avait à sa parution en 1964. Nous vivions à cette époque une laïcité de l’État, de l’enseignement public et d’autres organisations qui était synonyme de neutralité, assez souvent bienveillante à l’égard des religions. Mais à cette époque, l’islam comptait peu en France. Depuis, les choses ont changé, particulièrement au cours de ces vingt dernières années. Avec, 1,5% de sa population qui pratique le catholicisme, la France compte désormais des pratiquants musulmans supérieurs en nombre à tous ceux des religions existantes sur son territoire. C’est dans ce même temps que la laïcité est devenue agressive à l’égard des religions et que se vérifie la justesse des condamnations de saint Pie X (1906) et de Pie XI (1924) envers la séparation des Églises et de l’État. 

On lit au paragraphe 31 : « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu … pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur. » Pour le Concile, il n’est donc pas question de « mettre son christianisme dans sa poche » dans la vie en société. 

J’invite à relire l’encyclique de Pie XI, Quas primas, instituant la fête du Christ-Roi. Le pape reprend en fait le propos de saint Pie X contre la loi de 1905 : « Dieu et Jésus-Christ ayant été exclus de la législation et des affaires publiques, et l’autorité ne tenant plus son origine de Dieu mais des hommes, il arriva que les bases mêmes de l’autorité furent renversées dès lors qu’on supprimait la raison fondamentale du droit de commander pour les uns, du devoir d’obéir pour les autres… Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et DANS LEUR VIE PUBLIQUE, des bienfaits incroyables – une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix – se répandraient infailliblement sur la société tout entière. ». Aussi est-il juste de poser la question « Le concile Vatican II a-t-il sonné l’heure du laïcat ? » et d’y répondre positivement comme le fait monseigneur Aillet dans l’excellent livre que j’ai déjà signalé (1). 

La promotion du laïcat est une excellente chose, mais à condition d’y donner les précisions qu’il expose, dont une essentielle, rappelant qu’en 1964, on ne manquait pas de prêtres comme aujourd’hui. L’action des laïcs était sollicitée non pour « jouer au curé » dans les paroisses, mais pour évangéliser le monde dans lequel ils vivaient. Il l’exprime parfaitement après avoir salué « le formidable élan des mouvements d’action catholique pour l’évangélisation du monde », encouragé par le Concile, en écrivant : « Force est de constater toutefois que la privatisation croissante de la foi dans la société, à la faveur d’une laïcité de plus en plus fermée – conjuguée avec une méprise entretenue au sein de l’Église sur la mission d’évangélisation, qui donna naissance à une “pastorale de l’enfouissement” – a conduit à une sorte de “cléricalisation” du laïcat, au risque d’enfermer les fidèles laïcs dans des tâches intra-ecclésiales et de les contraindre ainsi à se retirer du monde au quotidien. » 

Car c’est bien dans le monde que les laïcs doivent d’abord exercer leur apostolat comme l’indique le paragraphe 33 de notre texte conciliaire, avec cette précision qu’ils sont « tout spécialement appelés à assurer la présence et l’action de l’Église dans les lieux et les circonstances où elle ne peut devenir autrement que par eux le sel de la terre. » C’est là un encouragement à maintenir, développer ou créer des groupes catholiques, là où la loi de 1905 poserait des difficultés. Il est bon qu’existent des groupes de parlementaires et de juristes catholiques et lorsqu’on en invente d’autres, si cela tourmente le laïcisme ombrageux, on se réconfortera en se disant qu’on obéit au Concile. Ce dernier va d’ailleurs plus loin en évoquant la coopération des laïcs à l’apostolat hiérarchique, ce tant pour les hommes que pour les femmes. C’est très exactement ce que le pape François a fait dans la ligne du Concile.

La vocation prophétique du laïcat

Je relève aussi que la participation des laïcs à la fonction prophétique du Christ va à l’encontre de la nouvelle laïcité conçue comme religion d’État, car « Le Christ, grand prophète … accomplit sa fonction prophétique jusqu’à la pleine manifestation de la gloire, non seulement par la hiérarchie … mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des témoins … afin que brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la force de l’Evangile … Cette espérance, ils ne doivent pas la cacher dans le secret de leur cœur, mais l’exprimer aussi à travers les structures de la vie du siècle par un effort continu de conversion, en luttant “contre les souverains de ce monde des ténèbres, contre les esprits du mal (Éph 6, 12)” ». 

Au travers de cette promotion du laïcat, Vatican II a actualisé les enseignements des papes Pie X et Pie XI contre le laïcisme qui veut privatiser la religion. Et que les hommes politiques qui disent, pour nous « consoler », nous catholiques, qu’ils agissent ainsi par crainte de l’islam, sachent bien qu’ils nous désolent par leur inaptitude, réelle ou voulue, à comprendre le fait religieux. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas su organiser le culte musulman en France, que les autres religions doivent en faire les frais ! La liberté religieuse est un acquis précieux, à condition d’être bien comprise et de n’être point à sens unique. 

Pour être vécue sans heurts, elle ne peut faire abstraction des racines religieuses et culturelles des pays où elle existe, pas plus que de l’histoire. Or, au fur et à mesure que la Laïcité s’établit comme religion d’État, la liberté religieuse rétrécit pour tous, en France ! Quand le Concile demande aux laïcs catholiques, au paragraphe 36 « qu’unissant leurs forces, ils apportent aux institutions et aux conditions de vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les assainissements convenables, pour qu’elles deviennent toutes conformes aux règles de la justice et favorisent l’exercice des vertus au lieu d’y faire obstacle », le Français catholique qui lui obéit en participant à une association qui a pour but de dissuader les femmes d’avorter, au risque d’une amende et de prison ! Et bien d’autres nuages noirs de ce genre se profilent à l’horizon. 

Père Michel Viot.

1) Je rappelle le livre dont je recommande la lecture : Vatican II, le Concile en questions, de Monseigneur Marc Aillet. Editions Artège.

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P. Michel Viot

Père Michel Viot. Maîtrise en Théologie. Ancien élève de l’Ecole Pratique dès Hautes Études. Sciences religieuses.

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