Le pape s’adressant aux membres et collaboratuers du Dicastère du culte divin © Vatican Media

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Comment favoriser la formation des fidèles ?

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Discours aux dicastère pour le culte divin

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Jeudi 8 février le pape François s’est adressé aux participants à l’assemblée plénière du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, développant en particulier la réforme liturgique. Ci-dessous le texte intégral de l’intervention du Saint-Père.

Chers frères et sœurs !

Je vous rencontre à l’occasion de votre Assemblée plénière. Je salue le cardinal Préfet et vous tous, membres, consulteurs et collaborateurs du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Soixante ans après la promulgation de Sacrosanctum Concilium, les mots que nous lisons dans son introduction, par lesquels les Pères ont déclaré le but du Concile, ne cessent de nous enthousiasmer. Il s’agit d’objectifs qui décrivent une volonté précise de réformer l’Église dans ses dimensions fondamentales : accroître chaque jour davantage la vie chrétienne des fidèles ; mieux adapter aux besoins de notre temps les institutions soumises à des changements ; favoriser ce qui peut contribuer à l’union de tous les croyants dans le Christ ; revigorer ce qui sert à appeler tout le monde au sein de l’Église (cf. SC, 1). Il s’agit d’une œuvre de renouveau spirituel, pastoral, œcuménique et missionnaire. Et pour y parvenir, les Pères du Concile savaient bien par où commencer, ils savaient « qu’il leur incombe en particulier de pourvoir à la réforme et à la promotion de la Liturgie » (ibid.). Cela revient à dire : sans réforme liturgique, il n’y a pas de réforme de l’Église.

Nous ne pouvons faire une telle affirmation que si nous comprenons la liturgie au sens théologique, comme le résument admirablement les premiers numéros de la Constitution. Une Église qui ne ressent pas la passion de la croissance spirituelle, qui n’essaie pas de parler de manière compréhensible aux hommes et aux femmes de son temps, qui ne s’afflige pas de la division entre les chrétiens, qui ne tremble pas de l’impatience d’annoncer le Christ aux nations, est une Église malade, et ce sont là les symptômes.

Toute réforme de l’Église est toujours une question de fidélité conjugale : l’Église Epouse sera d’autant plus belle qu’elle aime davantage le Christ Époux, jusqu’à lui appartenir totalement, jusqu’à se conformer pleinement à lui. Et sur ce point, je dis une chose sur les ministères des femmes. L’Église est femme et l’Église est mère et l’Église est la figure de Marie et l’Église-femme, la figure de Marie, est plus que Pierre, c’est-à-dire qu’elle est quelque chose d’autre. Tout n’est pas réductible à la ministérialité. La femme en elle-même a un très grand symbole dans l’Église en tant que femme, sans la réduire à la ministérialité. C’est pourquoi j’ai dit que toute réforme de l’Église est toujours une question de fidélité conjugale, parce qu’elle est femme. Les Pères du Concile savaient qu’ils devaient mettre la liturgie au centre, parce qu’elle est le lieu par excellence de la rencontre avec le Christ vivant. L’Esprit Saint, qui est la précieuse dot que l’Époux lui-même, avec sa croix, a donnée à l’Épouse, rend possible cette actuosa participatio qui anime et renouvelle continuellement la vie baptismale.

Le but de la réforme liturgique – dans le contexte plus large du renouveau de l’Église – est précisément « de favoriser la formation des fidèles et de promouvoir une action pastorale qui ait pour sommet et pour source la sainte Liturgie » (Instruction Inter oecumenici, 26 septembre 1964, 5).

Pour que tout cela se produise, il faut donc une formation liturgique, c’est-à-dire à la liturgie et à partir de la liturgie, sur laquelle vous réfléchissez ces jours-ci. Il ne s’agit pas d’une spécialisation pour quelques experts, mais d’une disposition intérieure de tout le peuple de Dieu. Cela n’exclut pas, bien sûr, que la priorité soit donnée à la formation de ceux qui, en vertu du sacrement de l’Ordre, sont appelés à être mystagogues, c’est-à-dire à conduire par la main et à accompagner les fidèles dans la connaissance des saints mystères. Je vous encourage à poursuivre votre engagement afin que les pasteurs sachent comment conduire le peuple au bon pâturage de la célébration liturgique, où la proclamation du Christ mort et ressuscité devient une expérience concrète de sa présence qui transforme la vie.

Dans l’esprit de la collaboration synodale entre les dicastères – souhaitée par Praedicate Evangelium (cf. n. 8) – je souhaite que la question de la formation liturgique des ministres ordonnés soit également discutée avec le Dicastère pour la culture et l’éducation, avec le Dicastère pour le clergé et avec le Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, afin que chacun puisse offrir sa contribution spécifique. Si « la liturgie est le sommet vers lequel tend l’activité de l’Église et en même temps la source d’où jaillit toute sa force » (SC, 10), la formation des ministres ordonnés doit aussi avoir de plus en plus une empreinte liturgico-sapientielle, à la fois dans le programme des études théologiques et dans l’expérience de vie des séminaristes.

Enfin, en préparant de nouveaux itinéraires de formation pour les ministres, nous devons en même temps penser à ceux du peuple de Dieu. À commencer par les assemblées qui se réunissent le jour du Seigneur et les fêtes de l’année liturgique, qui sont la première occasion concrète de formation liturgique. Mais il peut aussi y avoir d’autres moments où le peuple est davantage impliqué dans les célébrations et dans leur préparation : je pense aux fêtes patronales, ou aux sacrements de l’initiation chrétienne. Préparés avec soin pastoral, ils deviennent des occasions favorables pour redécouvrir et approfondir le sens de la célébration du mystère du salut aujourd’hui. « Allez préparer […] le repas de la Pâque » (Lc 22, 8) : ces paroles de Jésus, qui inspirent vos réflexions en ces jours, expriment le désir du Seigneur de nous réunir autour de la table de son Corps et de son Sang. Il s’agit d’un impératif qui nous parvient comme un appel d’amour : s’engager dans la formation liturgique signifie répondre à cette invitation afin de « manger la Pâque » et de vivre une existence pascale, personnelle et communautaire.

Chers frères et sœurs, votre tâche est grande et belle : travailler pour que le peuple de Dieu grandisse dans la conscience et dans la joie de rencontrer le Seigneur en célébrant les saints mystères et, en le rencontrant, ait la vie en son nom.  Je vous remercie vivement pour votre engagement et je vous bénis de tout cœur. Que la Sainte Vierge veille sur vous. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je vous remercie.

Traduction de l’anglais par ZENIT

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Rédaction

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