Paradis Le bon berger de la création

Paradis Le bon berger de la création

Parole qui libère du mal et crée l’homme nouveau, par Mgr Francesco Follo

Suivre Jésus dans une attitude de recherche et d’écoute de sa parole

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L’invitation de la liturgie de ce 4ème dimanche propose de suivre Jésus dans une attitude de recherche et d’écoute de sa parole, en nous laissant émerveiller par son amour pour nous.

 

Parole qui libère du mal et crée l’homme nouveau

IV dimanche du Temps ordinaire – année B – 28 janvier 2024

Dt 18,15-20; Ps 94; 1Cor 7,32-35; Mc 1,21-28


  1) Parole faisant autorité, nouvelle et libératrice

  Dimanche dernier nous avons été invités à réfléchir sur la vocation de Pierre et André, de Jacques et de Jean. En compagnie de ces quatre pêcheurs que Jésus a appelés pour devenir pêcheurs d’hommes, nous poursuivons le chemin commencé avec la lecture de l’Evangile de Saint-Marc. Dans le récit que nous lisons aujourd’hui, cet évangéliste fait la narration du Messie qui va à Capharnaüm. C’est samedi, et, comme chaque juif, Jésus, se rend à la synagogue pour la prière et la lecture de la Bible. Comme chaque Israélite pouvait prendre la parole et intervenir après les scribes et les anciens du peuple, Jésus  prend la parole et enseigne avec une autorité qui surprend les personnes présentes.
  Cette autorité d’enseignement est immédiatement accompagnée par l’autorité d’action qui libère un homme tourmenté par un esprit impur. Le diable est un intrus dans l’homme qui est fils de Dieu. La parole du Fils de Dieu chasse le Mauvais et met fin à une cohabitation dévastatrice et ruineuse.
  Ceux qui assistent à la scène dans la synagogue « sont étonnés de l’enseignement de Jésus parce qu’il enseignait comme un homme qui a autorité et non pas comme les scribes ».
Jésus enseignait comme une personne qui a autorité. Celui qui a autorité annonce non seulement la bonne nouvelle, mais il la fait aussi advenir. Nous le voyons dans la suite du récit : « Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : ‘Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu.’  Jésus l’interpella vivement : ‘Tais-toi ! Sors de cet homme.’ L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui » (Mc 1,23-26). La bonne nouvelle est Dieu qui est parmi les hommes et les libère en leur redonnant la vie saine et sainte.
L’évangile (= bonne nouvelle) qu’est le Christ et qu’il porte, est un enseignement nouveau. Cela ne signifie pas simplement une chose jamais dite auparavant ou jamais entendue ailleurs. Il ne s’agit pas simplement d’une nouveauté chronologique. Dans la parole de Jésus nous percevons la présence de la nouveauté de Dieu, une nouveauté qualitative : quelque chose qui régénère et renouvelle.
  La nouveauté de Jésus a fait irruption dans le monde : son enseignement n’est pas réductible à une doctrine, à une leçon sublime de théologie ou d’éthique à imposer aux épaules faibles de l’homme. La nouveauté, c’est Lui-même qui demande seulement à être écouté comme force libératrice. Le Christ qui « porte chaque nouveauté en se portant soi-même « (Saint Irénée de Lyon) avec sa parole prononcée avec autorité, manifeste l’amour de Dieu. Sa parole est une parole qui ouvre, qui libère celui qui est victime du mal, qui l’arrache au pouvoir du Mauvais pour lui restituer sa dignité, liberté de fils de Dieu.
  Cet évangile s’adresse à nous aujourd’hui afin que nous l’accueillions en demandant la purification de nos péchés et fassions nôtres les paroles de Saint Bernard de Clairvaux: « J’ai commis un péché grave, ma conscience sera tourmentée, mais elle ne sera pas choquée parce que je me souviendrai des blessures du Seigneur. Donc, si un remède si efficace et si puissant me vient à l’esprit, je ne peux plus être choqué par aucune maladie, si maligne soit-elle. Mon mérite est donc la miséricorde de Dieu, puisqu’il sera riche en miséricorde » (Discours n.61 sur le Cantique des cantiques).
  L’autorité du Christ est l’autorité compétente d’une personne riche de miséricorde divine et d’humanité. Jésus « enseigne » en montrant la nouveauté de sa vie comme l’accomplissement de la Loi, pendant que les scribes « enseignent » avec l’angoisse de bien interpréter la Loi et d’élaborer une doctrine.
  Une autorité émerge de cela, ce qui génère de l’étonnement. Il ne s’agit pas seulement d’une doctrine meilleure, plus profonde et mieux construite, adressée à l’intelligence, mais d’une force qui pendant qu’elle se montre, transforme miséricordieusement les personnes qui s’ouvrent pour l’accueillir. La Parole du Christ est une parole forte et en même temps douce. Cette parole guérit et libère du péché qui est une fuite de Dieu et de nous mêmes.

  2) Rencontre avec l’amour autoritaire
  Le déroulement répétitif du temps à Capharnaüm est interrompu – dans la synagogue de ce temps-là, dans l’église aujourd’hui – par la rencontre de Jésus de Nazareth avec les gens du lieu où vit un homme possédé par un esprit impur. Tous furent frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ».
  Aujourd’hui nous aussi sommes invités à rencontrer, dans la liturgie, le Seigneur qui vient avec sa parole, prononcée avec autorité, pour nous libérer du Mauvais qui s’insinue en nous pour nous arracher ce que le baptême nous a donné en nous faisant fils de Dieu. Pour voler les enfants à Dieu, le diable insinue le doute aux hommes en les induisant à penser que Dieu n’est pas un Père mais un ennemi de notre humanité. Le démon est un « esprit impur » parce qu’il a pour objectif de salir le regard en le polluant à la source. Un regard sale ne voit plus l’amour de Dieu, il perd les raisons de louer Dieu et, donc, il s’en sépare.
  Heureusement aussi aujourd’hui le Christ entre dans “le lieu où nous sommes réunis”[1] en prière et vient à notre rencontre : il enseigne avec autorité pendant les célébrations liturgiques, à travers la prédication et la proclamation de la Parole.
  Nous avons besoin de « l’autorité » de Jésus, si différente de celle des scribes. Il ne parle pas avec présomption, sa chaire n’est pas placée en haut mais à côté des pauvres et des pécheurs. Le Christ est autorité parce qu‘il a porté le visage de Dieu sur la terre, il a donné la chair à son amour pour le Père, a « renfermé » son omnipotence dans sa miséricorde.
Jésus ne parle pas au nom de Dieu comme faisaient les scribes. Lui, il est Dieu. Lui, il descend jusqu’au coeur et il le guérit avec autorité, l’autorité de l’amour. Seulement Lui peut nous guérir du mal en purifiant la source de nos mauvais comportements.
  L’important est que notre esprit et notre coeur soient tournés vers le Christ, convertis, c’est-à-dire tournés vers Lui, avec nos frères et sœurs. Le chemin qui commence ce dimanche se conclura sur la croix. Marchons en regardant le Christ qui nous introduit, pas après pas, dans la connaissance de son identité.
  Etonnons-nous de la rencontre impensable avec un Dieu qui n’écrase pas l’homme mais qui se donne lui-même : il l’aime, il le libère pour qu’il vive. Faisons de sorte que l’étonnement de ceux qui écoutaient il y a presque deux mille ans devienne aussi le nôtre.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Saint Marc écrit : « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ». Tous étaient stupéfaits, quasi incrédules, mais ils percevaient, dans ses paroles, la force supérieure de la grâce, comme Saint Luc aussi écrira : “ Ils s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche (Lc 4,22).
  En rencontrant le Christ, prophète définitif, le comportement à avoir est celui de l’écoute pleine d’étonnement. Ecoute qui exige un climat de silence intérieur et de tension étonnée, signe du désir de connaissance  dans lequel un comportement d’accueil et de dévouement naît et croît.
  Un exemple de cet accueil et dévouement nous vient des vierges consacrées qui témoignent que ce que Saint-Paul nous dit dans la seconde lecture de la messe d’aujourd’hui, est réellement praticable. L’Apôtre des gentils écrit : « J’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. C’est dans votre intérêt que je dis cela ; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien, afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage. Si un jeune homme pense qu’il risque de ne pas respecter une jeune fille, s’il est plein d’ardeur et que l’issue devienne inévitable, qu’il fasse comme il veut : ils peuvent se marier, ce n’est pas un péché »  (1 Cor 7, 32-35).
  Beaucoup de distractions nous portent aujourd’hui à négliger notre rapport avec Dieu et à satisfaire seulement nos exigences matérielles. L’enseignement de Saint-Paul et le témoignage des vierges consacrées montrent un parcours alternatif à ceux qui conçoivent l’amour seulement dans l’horizon du temps présent et de la corporéité.  L’abus du mot « amour » et ses différentes significations nous font comprendre comment il est problématique de choisir le juste chemin pour vivre dans l’amour de Dieu, mais les femmes consacrées montrent qu’il est possible de vivre en cet amour divin et d’aimer d’une manière vierge chaque frère et soeur, malgré nos limites et nos défauts.

Lecture patristique
Saint Jean Chrysostome(344/354 – 407)
Homélies sur la Lettre aux Hébreux, 5,3
PG 63, 50.

Considérez Jésus Christ, apôtre et grand prêtre pour notre confession de foi, lui qui est digne de confiance pour celui qui l’a institué, tout comme Moïse, sur toute sa maison (He 3,1-2). Que signifie: Il est digne de confiance pour celui qui l’a institué! Cela veut dire qu’il dirige par sa providence les êtres qui lui appartiennent, et ne les laisse pas périr par sa négligence.
Comme Moïse qui fut digne de confiance dans toute sa maison ; c’est-à-dire: apprenez qui est votre grand prêtre, apprenez son origine, et vous n’aurez pas besoin d’autres encouragements ni consolations. Le Christ est appelé apôtre parce qu’il a été envoyé. Il est appelé aussi grand prêtre pour notre confession,c’est-à-dire notre confession de foi. Jésus est comparé, ajuste titre, à Moïse puisqu’il a été chargé comme Moïse de gouverner un peuple, mais un peuple plus nombreux et chargé d’une mission plus importante. Moïse avait gouverné à titre de serviteur, le Christ gouverne en sa qualité de Fils. Ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, ceux que guide Jésus lui appartiennent.
Pour attester ce qui allait être dit (He 3,5). Que dis-tu là? Est-il possible que Dieu accepte un témoignage humain? Oui, sans aucun doute, car il appelle le ciel, la terre et les collines à être ses témoins. Voici ce qu’il dit par son prophète: cieux, écoutez; terre, prête l’oreille, car le Seigneur parle (Is 1,2). Et encore: Écoutez, vous aussi, fondements inébranlables de la terre (Mi 6,2), c’est le procès du Seigneur avec son peuple. A plus forte raison prend-il des hommes à témoin.
Que signifie: Pour attester! Pour que les hommes attestent, même quand ils agissent impudemment, que le Christ nous parle vraiment en sa qualité de Fils, car ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, mais ceux que guide Jésus lui appartiennent.

[1] Synagogue (σύν “avec, ensemble” e ἄγω “je conduis” est un mot grecque qui signifie “lieu de réunion”

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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