Dimanche 31 décembre à 17 heures, le Saint-Père a présidé les premières vêpres de la solennité de Marie très Sainte Mère de Dieu, suivies de l’exposition du Saint-Sacrement et du chant traditionnel du Te Deum à la fin de l’année civile et de la bénédiction eucharistique, dans la basilique vaticane.
Nous publions ci-dessous l’homélie que le pape a prononcée au cours de la célébration des
Vêpres.
La foi nous permet de vivre cette heure d’une manière différente de la mentalité du monde. La foi en Jésus-Christ, Dieu incarné, né de la Vierge Marie, donne une nouvelle façon de percevoir le temps et la vie. Je la résumerais en deux mots : gratitude et espérance.
Certains pourraient dire : « Mais n’est-ce pas ce que tout le monde fait en cette dernière nuit de l’année ? Tout le monde remercie, tout le monde espère, que l’on soit croyant ou non ». C’est peut-être ce que l’on peut penser, et c’est peut-être le cas ! Mais, en réalité, la gratitude mondaine, l’espérance mondaine sont apparentes ; il leur manque la dimension essentielle qu’est la relation avec l’Autre et avec les autres, avec Dieu et avec nos frères. Elles sont aplaties sur le moi, sur ses intérêts, elles manquent de souffle et ne vont pas au-delà de la satisfaction et de l’optimisme.
En revanche, dans cette liturgie, qui culmine avec le grand hymne Te Deum laudamus, on respire une tout autre atmosphère : celle de la louange, de la surprise, de la gratitude. Et cela non pas à cause de la majesté de la basilique, non pas à cause des lumières et des chants – ces choses sont plutôt la conséquence – mais à cause du Mystère que l’antienne du premier psaume exprimait ainsi : « Merveilleux échange ! Le Créateur a pris une âme et un corps, il est né d’une vierge ; […] il nous donne sa divinité ».
La liturgie nous fait entrer dans les sentiments de l’Église ; et l’Église, pour ainsi dire, les apprend de la Vierge Mère.
Pensons à ce qu’a dû être la gratitude dans le cœur de Marie lorsqu’elle a regardé Jésus nouveau-né. C’est une expérience que seule une mère peut faire, et qui pourtant, chez elle, chez la Mère de Dieu, a une profondeur unique, incomparable. Marie sait, elle seule avec Joseph, d’où vient cet enfant. Pourtant, il est là, il respire, il pleure, il a besoin de manger, d’être couvert, d’être protégé. Le Mystère laisse place à la gratitude, qui émerge dans la contemplation du don, dans la gratuité, alors qu’elle suffoque dans l’angoisse de l’avoir et du paraître.
L’Église apprend la gratitude de la Vierge Marie. Elle apprend aussi l’espérance. On pourrait penser que Dieu l’a choisie, Marie de Nazareth, parce qu’en son cœur il voyait se refléter sa propre espérance. Lui-même avait envoyé en elle son Esprit. Marie a toujours été remplie d’amour, remplie de grâce, et donc aussi remplie de confiance et d’espérance.
Pour ce qui est de Marie et de l’Église, ce n’est pas de l’optimisme, c’est autre chose : c’est la foi en Dieu qui est fidèle à ses promesses (cf. Lc 1,55) ; et cette foi prend la forme de l’espérance dans la dimension du temps, nous pourrions dire « en chemin ». Le chrétien, comme Marie, est un pèlerin de l’espérance. Et c’est précisément le thème du Jubilé de 2025 : « Pèlerins de l’espérance ».
Chers frères et sœurs, nous pouvons nous demander : Rome se prépare-t-elle à devenir une « ville de l’espérance » au cours de l’Année Sainte ? Nous savons tous que l’organisation du Jubilé est en cours depuis un certain temps. Mais nous comprenons bien que, dans la perspective qui est ici la nôtre, il ne s’agit pas principalement de cela, mais plutôt du témoignage de la communauté ecclésiale et civile ; un témoignage qui, plus que dans les événements, consiste dans le style de vie, dans la qualité éthique et spirituelle de la vie en commun. Par conséquent, la question peut être formulée de la manière suivante : travaillons-nous, chacun dans notre domaine, pour que cette ville soit un signe d’espérance pour ceux qui l’habitent et pour ceux qui la visitent ?
Un exemple. Entrer place Saint-Pierre et voir que, au milieu des bras de la Colonnade, des personnes de toutes nationalités, cultures et religions se déplacent librement et sereinement est une expérience qui suscite l’espérance ; mais il est important qu’elle soit confirmée par un bon accueil lors de la visite de la Basilique, ainsi que de la part des services d’information. Autre exemple : le charme du centre historique de Rome est éternel et universel, mais il doit aussi être accessible aux personnes âgées ou à celles qui souffrent d’un handicap moteur, et il est nécessaire que la « grande beauté » soit accompagnée d’un décorum simple et d’une fonctionnalité normale dans les lieux et les situations de la vie ordinaire et quotidienne. Car une ville plus vivable pour ses habitants est aussi plus accueillante pour tous.
Chers frères et sœurs, un pèlerinage, surtout s’il est exigeant, demande une bonne préparation.
C’est pourquoi l’année qui vient, qui précède le Jubilé, est consacrée à la prière. Et quel meilleur maître pourrions-nous avoir que notre Sainte Mère ? Mettons-nous à son école : apprenons d’elle à vivre chaque jour, chaque moment, chaque occupation avec notre regard intérieur tourné vers Jésus. Joies et peines, satisfactions et problèmes. Tout cela en présence et avec la grâce de Jésus, le Seigneur. Tout cela avec gratitude et espérance. Chers frères et sœurs, un pèlerinage, surtout s’il est exigeant, demande une bonne préparation. C’est pourquoi l’année qui vient, qui précède le Jubilé, est consacrée à la prière. Une année entière consacrée à la prière. Et quel meilleur professeur pourrions-nous avoir que notre Sainte Mère ? Mettons-nous à son école : apprenons d’elle à vivre chaque jour, chaque moment, chaque occupation avec notre regard intérieur tourné vers Jésus. Joies et peines, satisfactions et problèmes. Tout cela en présence et avec la grâce de Jésus, le Seigneur. Tout cela avec gratitude et espérance.