Par Amy Balog
Tôt le matin du mardi 12 décembre, l’Aide à l’Église en Détresse (AED) a été informée de la présence d’une roquette non explosée juste à la limite de la paroisse. « Imaginez le niveau de traumatisme parmi les enfants et toutes les personnes présentes. Que se passerait-il en cas d’explosion ? Il est impossible de la désamorcer à moins que l’armée israélienne elle-même n’intervienne », a déclaré la source locale à l’AED dont nous taisons le nom par mesure de sécurité.
Deux jours plus tôt, le Patriarcat latin de Jérusalem a confirmé que durant ce week-end du 9-10 décembre, des éclats d’obus provenant de frappes de l’armée israélienne sur des bâtiments proches de la paroisse de la Sainte Famille, avaient détruit des réservoirs d’eau et des panneaux solaires sur les toits des structures paroissiales. Des voitures et d’autres parties du complexe ont également été endommagées.
Le complexe paroissial est à court de carburant, privant la communauté d’électricité ou de communications stables. « Seul un miracle a permis d’éviter qu’une grande catastrophe ne nous arrive », a déclaré un partenaire local à l’AED.
Alors que la situation à Gaza devient chaque jour de plus en plus dramatique, des milliers de chrétiens de Terre Sainte ont déjà bénéficié de l’aide fournie par l’AED, notamment des repas, des coupons alimentaires, le paiement de loyers ou de factures d’eau ou d’électricité, et des fournitures médicales.
Les chrétiens perdent tout à Gaza
« Nous avons mis en place des comités pour accomplir le travail, incluant un comité de soutien psychologique et spirituel et des comités pour les opérations logistiques, l’entretien des réserves et des fournitures, la santé, les transports et la sécurité. C’était la meilleure façon de partager le travail et d’occuper les gens pendant la période de confinement et de guerre », explique G.A., un chrétien de Gaza dont le témoignage a été transmis à l’AED.
« Finalement, au 48e jour de la guerre, un cessez-le-feu a été déclaré, et ça a été l’occasion de se déplacer et d’aller voir comment était notre maison. Nous avons été dévastés de voir que notre appartement, qui se trouve au dernier étage d’un immeuble de quatre étages, était complètement détruit à l’exception d’une pièce ! Nous avons rassemblé quelques objets et nous sommes retournés à l’abri des bâtiments paroissiaux en attendant la fin de cette horrible guerre pour pouvoir commencer à reconstruire nos vies », ajoute G.A., concluant par un mot de remerciement aux bienfaiteurs qui ont rendu cette aide possible. « Nous sommes très reconnaissants de l’aide qui nous a été apportée pour nous permettre de survivre en ces temps difficiles ».
La majorité de la population chrétienne, qui n’était que d’environ 1000 au début du conflit, s’est réfugiée dans la paroisse catholique, où les fonds de l’AED ont été utilisés pour acheter des médicaments pour les personnes atteintes de maladies chroniques et des aliments pour préparer des repas.
Un autre chrétien de Gaza, identifié sous les initiales J.M., témoigne : « Le 27e jour de la guerre, nous avons appris que notre quartier était attaqué. J’ai attendu que les bombardements se calment et je suis allé vérifier l’état de notre immeuble – où vivaient également plusieurs autres familles chrétiennes – pour découvrir que tout le bâtiment résidentiel avait été complètement démoli et qu’il ne restait plus rien. Tout ce que nous possédions, y compris tous mes souvenirs d’enfance, n’était plus que de l’histoire ancienne. Je suis retourné à l’Église et j’ai annoncé la nouvelle à mes parents et aux autres familles chrétiennes qui s’étaient réfugiées avec nous. Le lendemain, j’ai retiré la clé de mon porte-clés, car je n’en avais plus besoin pour rentrer chez moi ! »
Jusqu’à présent, 22 chrétiens sont morts à Gaza à cause de la guerre. Dix-sept personnes sont mortes lorsque le complexe orthodoxe a été frappé par une bombe, et cinq autres sont mortes faute de soins médicaux.