Profanation de la basilique du Sacré-Cœur de Rouen © Secrétariat pastorale de Catho Rouen

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Les actes de violence contre les chrétiens sont en hausse en Europe

Le dernier rapport de l’OIDAC Europe fait état d’une augmentation de 44 %

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L’Observatoire sur l’intolérance et la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC) a publié son rapport annuel le 16 novembre à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance. Il souligne que les actes de haine contre les chrétiens ont augmenté : 748 actes de violence en 2022.

L’Observatoire a été fondé en 2010 et est basé à Vienne, en Autriche. Il recense les cas d’actes de violence contre les chrétiens à travers l’Europe.

Le dernier rapport de l’OIDAC Europe fait état d’une augmentation de 44 % des actes de violence contre les chrétiens au cours de l’année écoulée. Les plus notables sont les incendies criminels d’églises, qui ont augmenté de 75 % entre 2021 et 2022. L’organisation note que la plupart de ces actes sont motivés par des considérations extrémistes et particulièrement dirigés contre les chrétiens ayant exprimé une vision traditionnelle du monde. Ceux-ci subissent même une discrimination légale dans des pays qui se considèrent comme des défenseurs de la liberté.

Si les chrétiens ne subissent pas les mêmes persécutions qu’au Moyen-Orient ou au Nicaragua, les attaques se sont aggravées au cours de la dernière décennie. Ainsi, l’OIDAC dénonce 325 cas en 2018 contre des chrétiens en Europe et plus de 500 en 2021. Ils s’élèvent aujourd’hui au nombre de 748.

Madeleine Enzlberger, directrice générale de l’Observatoire en 2021, analyse ainsi la situation : « Beaucoup d’actes de violence ont été commis contre des églises où des fidèles ont été attaqués, des églises vandalisées, des messes perturbées, ce type de délits. Selon moi, il est temps de fixer des limites. Les défis sont de plus en plus nombreux. »

En 2022, l’OIDAC Europe a recensé 748 actes de violence antichrétiens dans 30 pays différents : incendies criminels, graffitis, profanations, vols dans des églises ou des institutions, ainsi que des agressions physiques, insultes et menaces à l’encontre des croyants. Dans son rapport publié le 16 novembre, l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a dénombré 792 actes de haine antichrétiens dans 34 pays, classés dans la catégorie des actes de violence. L’OSCE indique que les chrétiens sont le groupe religieux le plus visé après les juifs.

Deux tendances se dégagent en matière d’attaques : les incendies criminels, qui sont passés de 60 en 2021 à 105 en 2022, et le nombre croissant des actes de violence perpétrés par des membres radicalisés de groupes idéologiques, politiques ou religieux, guidés par des positions clairement antichrétiennes.

L’actuelle directrice de l’OIDAC Europe, Anja Hoffmann, souligne que  l’augmentation des actes de vandalisme liés à des motivations extrémistes s’accompagne d’une tolérance accrue de ces attaques de la part de la société : « Alors que, par le passé, les motivations du vandalisme ou de la profanation des églises restaient largement floues, nous constatons aujourd’hui que de plus en plus d’auteurs laissent des messages qui révèlent une motivation extrémiste, voire revendiquent fièrement sur les médias sociaux la responsabilité des crimes commis. »

Le rapport de l’OIDAC fait également état d’autres formes de discrimination à l’encontre des chrétiens : perte de leur emploi pour avoir exprimé leur foi, suspension ou poursuites pénales pour avoir affiché leur position religieuse non violente en public, attaques ou inculpations pour avoir prétendument tenu un « discours de haine », parfois simplement pour avoir adhéré aux enseignements traditionnels de leurs Églises. Les licenciements de Ben Dybowski et Joshua Sutcliffe, professeurs à Oxford, et de l’aumônier de la Trent College School, le révérend Bernard Randall, dans le Derbyshire, en Angleterre, sont bien connus.

La représentante de l’OSCE pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, Regina Polak, s’est dit préoccupée par le nombre croissant de cas, étant donné que son service enquête également sur l’intolérance et la discrimination à l’égard des chrétiens et des membres d’autres religions : « Le nombre croissant d’actes de haine antichrétiens en Europe signalés par l’OIDAC est très inquiétant. Il est absolument nécessaire de sensibiliser les pouvoirs publics et la société à ce problème et de prendre des mesures politiques pour l’aborder et le combattre de manière déterminée ».

Anja Hoffmann a déclaré : « La condamnation des enseignements religieux traditionnels, qui n’incitent pas à la violence ou à la haine, en les qualifiant de ‘’discours de haine’’, est dangereuse à plusieurs niveaux : cela stigmatise les convictions légitimes liées à la conscience et, dans le même temps, banalise les discours de haine réels ». Elle alimente la réflexion selon laquelle « réduire au silence les voix chrétiennes publiques porte atteinte à la pluralité des sociétés démocratiques occidentales et rend impossible, par essence, la liberté d’expression ».

La liberté de culte et de rassemblement a été restreinte par des projets de loi au Royaume-Uni, tels que des « zones tampons », qui rendent illégales les prières et les manifestations religieuses devant les cliniques d’avortement. Pour preuve, l’arrestation surprenante d’Isabel Vaughan-Spruce, interrogée par la Police alors qu’elle se tenait silencieusement dans une « zone tampon » et qui a fait l’objet d’une enquête pour avoir « prié intérieurement ».

L’OIDAC Europe a constaté des atteintes au droit des parents à éduquer leurs enfants selon leurs croyances religieuses. Il en est ainsi des limitations à la liberté de conscience qui suppriment les clauses de conscience dans les lois médicales, plaçant le personnel médical qui refuse de participer à certaines pratiques pour des raisons de conscience – qu’il s’agisse d’avortement ou d’euthanasie – dans une position vulnérable, faisant de l’autorité civile un oppresseur de la liberté de conscience de ces citoyens.

« Lorsque les chrétiens sont contraints de choisir entre leurs valeurs éthiques et leur profession, la société est confrontée à un avenir difficile, a déclaré Anja Hoffmann. En sensibilisant le public et en fournissant une analyse approfondie de ces questions en matière de droits de l’homme, l’OIDAC Europe espère contribuer à la sauvegarde de la liberté religieuse des chrétiens et de tous les croyants dans l’Europe entière. »

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Rédaction

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