Faire grandir la vertu de l’écoute
En début de semaine, le Saint-Père a reçu les participants au Chapitre général de la Congrégation des Sœurs des Écoles Notre-Dame. Cette congrégation a été fondé en Allemagne par la Bienheureuse Maria Teresa Gerhardinger, religieuse béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1985.
Voici le texte intégral que le pape François a adressé aux participants de la rencontre.
Chères sœurs, bonjour !
Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de votre 25e Chapitre général, qui se tient ici à Rome. Alors que vous vous réunissez pour rendre grâce à Dieu tout-puissant pour ses bénédictions, passées et présentes, et pour discerner le chemin futur de votre Congrégation, j’espère que vous continuerez à vous inspirer de l’héritage de votre fondatrice, la Bienheureuse Teresa de Jésus Gerhardinger, dont l’anniversaire de béatification a lieu le 17 novembre, date de clôture de votre Chapitre général. Où en est sa cause de canonisation ?
La vie de la Bienheureuse Teresa témoigne du pouvoir de transformation de la foi, du courage de tracer de nouvelles voies et du dévouement à l’éducation des jeunes. Sa vision était intégrale : transmettre des connaissances académiques tout en nourrissant l’esprit et en formant des individus empreints d’empathie, responsables et centrés sur le Christ, c’est-à-dire en formant le cœur à la compassion. Sur ses traces, vous avez poursuivi sur les trois voies de l’éducation, du service et de la spiritualité. Comme nous le lisons dans vos Constitutions, la Bienheureuse Teresa « a fondé la congrégation sur l’Eucharistie, l’a ancrée dans la pauvreté et l’a dédiée à Marie » (n° 17-18). J’aime ce terme : ancrée dans la pauvreté. Sans pauvreté authentique, il n’y a pas de vie religieuse. La pauvreté est la sauvegarde de la vie consacrée. Elle n’est pas seulement une vertu, non, elle est la sauvegarde. Ne l’oubliez jamais. Ce fondement solide a permis aux Sœurs des Écoles de Notre-Dame d’aller dans le monde entier et de témoigner de l’Évangile, en rendant le Christ visible par votre présence, votre foi, votre espérance et votre charité (cf. Constitutions, n° 4).
Le thème que vous avez choisi pour votre Chapitre général, « Vivre le témoignage prophétique de la communion universelle », est d’une grande importance dans le contexte de notre époque. Les Écritures nous fournissent de nombreuses références à la vocation prophétique d’individus et de communautés qui ont encouragé la communion entre les divers membres du peuple saint et fidèle de Dieu. Je pense ici, par exemple, au prophète Jérémie, dont la mission était de s’unir au peuple d’Israël dans sa souffrance afin de l’aider à reconnaître l’amour de l’alliance de Dieu et à y répondre ensemble. Je pense aussi à saint Paul, qui rappelait aux premiers chrétiens de Rome que « nous sommes plusieurs, mais un seul corps dans le Christ » (Rm 12, 5). En effet, votre charisme, qui consiste à « amener tous les hommes à l’unité pour laquelle le Christ a été envoyé », est lui-même fondé sur le désir d’unité de Jésus parmi tous ceux qui croient en lui (cf. Jn 17, 11).
En tant que femmes professant les conseils évangéliques, vous êtes depuis longtemps des pionnières dans l’accueil de la dimension prophétique de la vie consacrée qui « est un mémorial vivant de la manière dont Jésus a vécu et agi en tant que Verbe incarné dans sa relation avec le Père et dans son regard sur le genre humain » (Vita Consacrata, 22). Votre dévouement à cet égard est un signe non seulement du don que vous avez fait de vous-mêmes au Seigneur, mais aussi de votre disponibilité à servir, en lui, tous nos frères et sœurs.
Alors que vous réfléchissez maintenant à de nouvelles voies pour votre Congrégation, tout en restant enracinées dans le fondement solide offert par votre fondatrice, je vous encourage à continuer à être des témoins courageux de la solidarité évangélique à une époque où beaucoup font l’expérience de la fragmentation et de la désunion. Cette responsabilité revêt une importance encore plus grande à la lumière du voyage synodal que l’Église tout entière est en train d’entreprendre. Votre Chapitre est une occasion d’écouter plus attentivement l’Esprit Saint et les unes les autres afin de renforcer les liens qui vous unissent en tant que sœurs et en tant que membres du corps du Christ.
Je veux souligner ceci : l’écoute. Nous aimons toujours parler. Tout le monde, pas seulement les femmes, mais tout le monde. Pourtant, de cette manière, il est difficile d’apprendre à écouter. Le Seigneur nous parle aussi à travers les autres. Écouter les autres, donc, et ne pas penser, pendant que l’autre parle : « Qu’est-ce que je vais dire en réponse ? » Non. Écouter : pour que ce que l’autre dit entre dans mon cœur, et si je sens que je dois répondre, alors je réponds. L’écoute est vraiment une vertu que nous devons faire grandir dans nos communautés, dans la vie consacrée. Écouter le Seigneur, mais aussi écouter nos frères et sœurs. C’est très important.
Chères sœurs, je vous remercie de votre visite et je prie pour que l’Esprit Saint vous accorde ses dons en abondance, afin que les délibérations et les décisions du Chapitre portent beaucoup de fruits dans la vie de votre communauté. Et il y aura des fruits si vous savez écouter. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, vous protège, vous aide et soit votre guide sûr sur le chemin. Je vous bénis ainsi que toutes vos sœurs dans le monde entier. Combien sont-elles ? Combien de sœurs ? [Réponse : 1900]. 1900 ? Je les salue toutes ! 1900 baisers. Je vous adresse, à vous et à toutes vos sœurs, ma sincère bénédiction et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi, car j’en ai besoin.