Le pape François lors de son voyage en Birmanie en juin 2018 © Vatican Media

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Chrétiens et hindous : construire la paix dans la vérité, la justice, l’amour et la liberté

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Discours du pape à l’occasion de Deepavali et du 60e anniversaire de « Pacem in Terris »

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Chers amis hindous,

Le Dicastère pour le dialogue interreligieux vous présente ses joyeuses salutations et ses meilleurs vœux à l’occasion de la célébration de Deepavali dans le monde entier, le 12 novembre de cette année. Que Dieu, Lumière suprême, illumine vos cœurs et vos esprits, bénisse vos maisons et vos quartiers, et remplisse vos vies de paix et de bonheur !

Cette année marque le soixantième anniversaire de Pacem in Terris (Paix sur la Terre), la lettre encyclique du pape Jean XXIII. En 1963, alors que le monde était profondément troublé et au bord d’une guerre nucléaire, ce document lançait opportunément un appel passionné et particulièrement nécessaire aux dirigeants et aux peuples du monde pour qu’ils œuvrent ensemble en faveur de la paix.

Il les exhortait aussi à trouver des solutions amiables aux problèmes par le dialogue et les négociations, dans un esprit de confiance mutuelle. Le pape Jean XXIII, aujourd’hui un saint vénéré, y déclarait de manière prophétique que « la paix n’est qu’un mot vide de sens, si elle n’est pas fondée sur l’ordre dont Nous avons, avec une fervente espérance, esquissé dans cette encyclique les lignes essentielles ; ordre qui repose sur la vérité, se construit selon la justice, reçoit de la charité sa vie et sa plénitude, et enfin s’exprime efficacement dans la liberté » (n° 167). Inspirés par la noble vision que Pacem in Terris propose pour la construction de la paix, nous aimerions, en cette occasion de Deepavali, partager avec vous quelques réflexions sur la construction de la paix dans la vérité, la justice, l’amour et la liberté.

L’enseignement de Pacem in Terris a suscité au cours des six dernières décennies une prise de conscience accrue parmi les peuples du monde entier – bien qu’à des degrés divers – de la nécessité de respecter la dignité transcendantale des personnes, leurs droits légitimes et leur responsabilité partagée d’œuvrer pour le bien commun dans un esprit de solidarité. Elle a également donné naissance à des mouvements qui s’engagent avec enthousiasme dans la protection et la défense des droits de l’homme et dans la promotion de la paix par le dialogue et la négociation. Néanmoins, la pleine réalisation de sa prophétie de paix reste un rêve lointain qui ne peut se concrétiser que par des efforts de collaboration de la part d’hommes et de femmes de toutes les traditions religieuses et de tous les secteurs de la société. Ces efforts doivent se poursuivre et progresser.

Les initiatives visant à promouvoir la paix et le bien commun universel ne doivent pas céder au pessimisme, au découragement et au renoncement. Ces attitudes peuvent être motivées par le mépris de la dignité humaine, la négation ou la limitation des droits et des libertés fondamentaux des citoyens, y compris leurs droits religieux, l’intolérance et la haine, l’injustice et la discrimination, la violence et l’agression à l’égard de ceux qui sont ethniquement, culturellement, économiquement, linguistiquement et religieusement différents, ou à l’égard des membres les plus vulnérables de la société. Le pessimisme et le découragement peuvent être présents aujourd’hui, comme ils l’étaient en 1963. Saint Jean XXIII, cependant, en homme de profonde espérance, est resté convaincu que la paix est possible, à condition qu’elle soit fondée sur la vérité, la justice, l’amour et la liberté. Ce sont là, comme l’a souligné saint Jean-Paul II, d’heureuse mémoire, des « conditions essentielles de la paix » et des « piliers de la paix » fondamentaux (cf. Message pour la célébration de la Journée mondiale de la paix 2003 – Pacem in Terris : Un engagement permanent, n° 3-4). En tant que croyants, nous devons exprimer notre aspiration à la paix par des efforts cohérents et concertés, fondés sur une fidélité indéfectible à ces piliers.

Dans nos efforts pour contribuer à la construction d’un monde pacifique en utilisant tous les moyens en notre pouvoir, nous devons renforcer ces piliers de la paix. C’est pourquoi les familles, guidées par l’exemple des parents et des anciens, ainsi que les établissements d’enseignement et les médias, sont appelés à jouer un rôle prépondérant en inspirant le désir de paix et en enseignant les valeurs qui construisent la paix chez les hommes et les femmes de tous âges.

Le dialogue interreligieux est doté d’un grand potentiel pour nourrir la confiance mutuelle et l’amitié sociale entre les communautés interreligieuses. Il est en effet devenu « une condition nécessaire pour contribuer à la paix dans le monde » (Pape François, Discours aux membres de l’association ‘Emouna Fraternité Alumni’, 23 juin 2018). Il incombe donc aux religions et aux responsables religieux de s’efforcer d’encourager leurs fidèles à être des personnes dont la vie est façonnée par la vérité, la justice, l’amour et la liberté.

En tant que croyants et responsables de nos religions respectives, avec des convictions communes et un sens de la responsabilité partagée pour le bien-être de l’humanité, puissions-nous, chrétiens et hindous, nous efforcer sincèrement de devenir des artisans de paix. En joignant nos mains à celles des adeptes d’autres traditions religieuses et de toutes les personnes de bonne volonté, puissions-nous travailler ensemble pour construire notre monde sur la pérennité de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté, afin que chacun puisse jouir d’une paix véritable et durable !

À vous tous, une joyeuse fête de Deepavali !

Cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ

Préfet

Mgr. Indunil Janakaratne Kodithuwakku Kankanamalage

Secrétaire

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Rédaction

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