Hier 2 novembre, jour de commémoration de tous les fidèles défunts, le Saint-Père a présidé la sainte messe au Rome War Cemetery.
À son arrivée, le pape a été accueilli par le vice-président Peter Hudson CBE, le directeur régional Geert Bekaert, la directrice nationale pour l’Italie Claudia Scimonelli et le personnel du cimetière.
En chemin, il a déposé des fleurs blanches sur certaines tombes et s’est recueilli pour un moment de prière. À la fin de la célébration eucharistique, le pape François a fait une brève halte devant le cimetière catholique de Rome. Il est ensuite retourné au Vatican.
Nous publions ci-dessous la transcription de l’homélie que le pape a prononcée spontanément après la proclamation de l’Évangile :
La célébration d’une journée comme celle d’aujourd’hui nous amène à deux réflexions : la mémoire et l’espoir.
Le souvenir de ceux qui nous ont précédés, qui ont vécu leur vie, qui ont terminé cette vie ; le souvenir de tant de personnes qui nous ont fait du bien : en famille, entre amis… La mémoire aussi de ceux qui n’ont pas fait tant de bien, mais qui ont été reçus dans la mémoire de Dieu, dans la miséricorde de Dieu. C’est le mystère de la grande miséricorde du Seigneur.
Et puis l’espérance. La mémoire d’aujourd’hui est une mémoire pour regarder en avant, pour regarder notre chemin, notre route. Nous marchons vers la rencontre, avec le Seigneur et avec tous. Et nous devons demander au Seigneur cette grâce de l’espérance : l’espérance qui ne déçoit jamais ; l’espérance qui est la vertu de tous les jours, qui nous fait avancer, qui nous aide à résoudre les problèmes et à chercher des issues. Mais pour toujours aller en avant, de l’avant. Cette espérance féconde, cette vertu théologale de tous les jours, de tous les instants : je l’appellerai la vertu théologale « de la cuisine », parce qu’elle est à portée de main et qu’elle nous vient toujours en aide. L’espérance qui ne déçoit pas : nous vivons dans cette tension entre mémoire et espérance.
Je voudrais m’arrêter sur une chose qui m’est arrivée à l’entrée. Je regardais l’âge de ces soldats tombés au combat. La plupart avaient entre 20 et 30 ans. Des vies écourtées, des vies sans avenir. Et j’ai pensé aux parents, aux mères qui ont reçu cette lettre : « Madame, j’ai l’honneur de vous dire que vous avez un fils héros ». « Oui, un héros, mais on me l’a enlevé ! » Que de larmes dans ces vies fauchées. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux guerres d’aujourd’hui. La même chose se produit aujourd’hui : tant de jeunes et de moins jeunes… Dans les guerres du monde, même dans celles qui nous sont les plus proches, en Europe et au-delà : que de morts ! La vie est détruite sans que l’on s’en rende compte.
Aujourd’hui, en pensant aux morts, chérissons leur mémoire et gardons l’espérance, nous demandons au Seigneur la paix, pour que les hommes ne s’entretuent plus dans les guerres. Tant de morts innocents, tant de soldats qui laissent leur vie. Mais cela, pourquoi ? Les guerres sont toujours une défaite, toujours. Il n’y a pas de victoire totale, non. Oui, l’un gagne sur l’autre, mais derrière, il y a toujours la défaite du prix payé.
Prions le Seigneur pour nos morts, pour tous : que le Seigneur les accueille tous. Et nous prions aussi pour que le Seigneur ait pitié de nous et nous donne l’espérance : l’espérance que nous pourrons aller de l’avant et que nous pourrons nous retrouver tous ensemble avec lui, quand il sera temps pour nous de les retrouver tous ensemble avec lui, quand il nous appellera. Qu’il en soit ainsi.