Giorgio La Pira, à gauche, au début des années 1950 © archiviolapira.it ondazionelapira.org

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Giorgio La Pira à Marseille avec le pape François (3/3)

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« Une figure exemplaire pour l’Église et pour le monde contemporain »

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La paix et le service des pauvres

Pour le cardinal Parolin aussi, un fil directeur de ce voyage au Vietnam, comme de la vie de La Pira, c’est le bien des pauvres : « Cette expérience d’intervention de paix dans le conflit vietnamien par Giorgio La Pira se réalisa au moment où naissait une nouvelle époque, dont Jean XXIII trace les premiers contours dans l’encyclique Mater et Magistra, parlant de « déclin des régimes coloniaux et la conquête de l’indépendance politique de la part des peuples d’Asie et d’Afrique ». Le regard de Giorgio La Pira, surtout après la conférence de Bandung, en 1955, était fixé, tourné, en permanence sur les besoins des pauvres sur les continents qui renaissaient dans la liberté et l’autodétermination en Asie et en Afrique. L’enseignement du bienheureux Fréderic Ozanam, qui fut son maître dès tout jeune, dicta à Giorgio La Pira son engagement à participer à la conférence de Saint Vincent de Paul en rendant visite aux pauvres.

« Chaque action de Giorgio La Pira était fondée sur l’expérience de l’eucharistie et du pain pour le pauvre » fait encore observer le Secrétaire d’État qui rappelle que La Pira avait institué à Florence une “messe des pauvres”, pour les pauvres, avec les pauvres de sa ville. Il souligne la convergence de vues, sur ce point également, avec le pape François. Le message du Saint-Père François, le 13 juin 2017 pour la première journée mondiale des pauvres, présente de profondes similitudes avec la messe des pauvres de Giorgio La Pira. « Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles » (n. 3).”

Et pour La Pira, insiste le cardinal Secrétaire d’État, « la guerre est indissolublement lié au drame de la pauvreté », comme l’affirme “l’Appel aux frères plus riches” de Giorgio La Pira publié par L’Osservatore Romano du 14 juin 1942 : « Quelle belle façon on a de raisonner sur les pauvres, la faim, la misère : vivre l’expérience de ces choses dans la chair vive est bien une chose bien différente : et personne ne peut le comprendre sans l’avoir vécu auparavant. Eh bien, mon frère, je t’invite à réfléchir sérieusement à la valeur de ta position et à la responsabilité qui l’accompagne. Pour que la réflexion soit efficace, il faut qu’elle parte d’une comparaison : pense à une position inverse : toi à la place de celui qui est privé de pain et privé de tout. Quelle immense joie si quelqu’un te tendait la main dans une situation si douloureuse ! Un peu de pain, un peu de lait, quelques lires pour acheter quelque chose, le loyer payé ; que de pensées en moins et que d’espérances restées dans l’âme ! Je sais, faire semblant est difficile. Mais essayons : essaie de t’approcher directement des pauvres ».

S’approcher directement des pauvres : un autre leitmotiv de l’enseignement du pape François, dans les pas de son saint patron, comme lors de sa visite pastorale à Assise, le 4 octobre 2013 : « Nous devons apprendre à être avec les pauvres, partager avec ceux qui sont privés du nécessaire, toucher la chair du Christ ! Le chrétien n’est pas quelqu’un qui se remplit la bouche avec les pauvres, non ! C’est quelqu’un qui les rencontre, qui les regarde dans les yeux, qui les touche. Je suis ici non pas pour « faire la une », mais pour indiquer que cette voie est la voie chrétienne, celle qu’a parcourue saint François. Saint Bonaventure, en parlant du dépouillement de saint François, écrit : « Ainsi le serviteur du Roi suprême demeura dépouillé de tout afin de marcher à la suite de celui qu’il aimait, à la suite de son Seigneur attaché nu à la croix » (sf, 1043).

Toutes ces harmoniques, et d’autres, font certainement mieux comprendre l’importance de la présence de La Pira dans le discours de Marseille.

La Fondation La Pira et les “prophètes de sainteté”

Rappelons enfin qu’une Fondation Giorgio La Pira promeut la diffusion de ses grandes intuitions. Le pape François a lui-même reçu en audience au Vatican, le 23 novembre 2018, les membres de cette fondation à l’occasion de son Vème Congrès national italien, lançant un appel à l’engagement des chrétiens en politique.

La vie politique actuelle, a fait observer le pape, « nécessite des fidèles laïcs et des hommes d’État d’une grande profondeur humaine et chrétienne pour le service du bien commun », qui s’engagent « pour le développement intégral des personnes ».

Le pape François a donné en exemple Giorgio La Pira comme une « figure exemplaire pour l’Église et pour le monde contemporain », soulignant « son témoignage de foi intégral, son amour pour les pauvres et pour les personnes marginalisées, son travail pour la paix, sa mise en œuvre du message social de l’Église et sa grande fidélité aux indications catholiques ».

Aujourd’hui a-t-il conclu, comme un défi lancé à tous les laïcs chrétiens « il faut des prophètes d’espérance, des prophètes de sainteté, qui n’aient pas peur de se salir les mains pour travailler et aller de l’avant ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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