Vendredi, après la confession de quelques jeunes, le Saint Père François a rencontré les représentants de quelques centres d’assistance et de charité au Centre paroissial de Serafina. Les autres associations présentes étaient l’Ajuda, le Centre d’Assistance et de Charité de Serafina, la Maison Familiale Ajuda de Berço et l’Association Acreditar. L’occasion pour le Saint-Père de développer trois aspects pour ne pas perdre le cas avant de rappeler la beauté du don de soi, la charité. Nous publions ici le texte intégral de discours du Saint-Père.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je remercie le Curé pour ses paroles et je salue chacun, en particulier les amis du Centro Paroquial da Serafina, de la Casa Famiglia Ajuda de Berço et de l’Association Acreditar. Et je vous remercie pour vos paroles qui ont décrit le travail que vous faites. Il est bon d’être ensemble ici à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse. Nous voyons la Vierge qui se lève pour aller aider. La charité, en effet, est l’origine et le but du cheminement chrétien, et votre présence, réalité concrète d’“amour en action”, nous aide à ne pas perdre le cap, le sens de ce que nous faisons. Je vous remercie pour vos témoignages dont je voudrais souligner trois aspects : faire le bien ensemble, agir concrètement et être proches des plus fragiles ; c’est-à-dire faire le bien ensemble, agir concrètement, pas seulement avec des idées mais concrètement, être proche des plus fragiles.
Premièrement : faire le bien ensemble. “Ensemble” est le mot clé qui a été répété de nombreuses fois dans vos interventions. Vivre, aider et aimer ensemble : jeunes et adultes, en bonne santé et malades, ensemble. João nous a dit une chose de très importante : nous ne devons pas nous laisser “définir” par la maladie mais en faire une partie vivante de la contribution que nous apportons à l’ensemble de la communauté. C’est vrai : nous ne devons pas nous laisser “définir” par la maladie ou par les problèmes, parce que nous ne sommes ni une maladie, nous ne sommes pas un problème : chacun est un cadeau, un don, un don unique, avec ses limites, mais un don, un don précieux et sacré pour Dieu, pour la communauté chrétienne et pour la communauté humaine. Alors, tels que nous sommes, enrichissons l’ensemble et laissons-nous enrichir par l’ensemble !
Deuxièmement : agir concrètement. Cela aussi est important. Comme nous l’a rappelé l’abbé Francisco, en citant saint Jean XXIII, l’Église « n’est pas un musée d’archéologie. Certains la pensent de cette manière, mais elle ne l’est pas. Elle est l’ancienne fontaine du village qui donne de l’eau aux générations d’aujourd’hui come à celles du futur (cf. Homélie de la liturgie en rite byzantin-slave en l’honneur de saint Jean Chrysostome, 13 novembre 1960). La fontaine sert à désaltérer la soif des personnes concrètes qui arrivent, avec le poids du voyage et de la vie. Du concret, donc, une attention au “ici et maintenant”, comme vous le faites déjà, avec le souci du détail et le sens pratique, de belles vertus typiques du peuple portugais. Lorsqu’on ne perd pas son temps à se plaindre de la réalité, mais que l’on se préoccupe de répondre aux besoins concrets, avec joie et confiance en la Providence, il se passe des choses merveilleuses. Votre histoire en témoigne : de la rencontre avec le regard d’une personne âgée dans la rue, naît un centre de charité “polyvalent” comme celui dans lequel nous nous trouvons. D’un défi moral et social, la “campagne pour la vie”, naît une association qui aide les mamans et les familles en attente, les enfants et les jeunes en difficulté, afin que, comme nous l’a dit Sandra, ils trouvent un projet de vie fiable. De l’expérience de la maladie naît une communauté de soutien à ceux qui mènent la lutte contre le cancer, en particulier des enfants, afin que, comme nous l’a dit João, « l’évolution du soin et une meilleure qualité de vie deviennent une réalité pour eux ». Merci pour ce que vous faites ! Continuez avec douceur et patience à vous laisser interpeller par la réalité, avec ses pauvretés anciennes et nouvelles, et à y répondre de manière concrète, avec créativité et courage.
Le troisième aspect : être proche des plus fragiles. Nous sommes tous fragiles et nécessiteux, mais le regard de compassion de l’Évangile nous pousse à voir les besoins des plus nécessiteux ; et à servir les pauvres, les bien-aimés de Dieu qui s’est fait pauvre pour nous (cf. 2 Co 8, 9) : les exclus, les marginalisés, les laissés-pour-compte, les petits, les personnes sans-défense. Ils sont le trésor de l’Église, ils sont les préférés de Dieu ! Et, parmi eux, souvenons-nous de ne pas faire de différence. Pour un chrétien, il n’y a pas de préférences entre ceux qui frappent à la porte dans le besoin : compatriotes ou étrangers, appartenant à un groupe ou à un autre, jeunes ou vieux, sympathiques ou antipathiques…
Et, en parlant de charité, je voudrais maintenant vous raconter une histoire, surtout à vous, les enfants qui ne la connaissez peut-être pas. C’est l’histoire, qui s’est réellement passée, d’un jeune homme portugais qui a vécu il y a très longtemps. Il s’appelait Jean Ciudad et vivait à Montemor-o-Novo. Il rêvait d’une vie pleine d’aventures et, tout jeune, il partit de la maison en quête du bonheur. Il le trouva après de nombreuses années et de nombreuses aventures, lorsqu’il rencontra Jésus. Et il fut tellement heureux de cette découverte qu’il décida même de changer de nom et de s’appeler désormais non plus Jean Ciudad, mais Jean de Dieu. Et il fit une chose audacieuse : il alla dans la ville et se mit à mendier dans les rues en disant aux gens : « Faites du bien à vous-mêmes, mes frères ». Vous comprenez ? Il demandait la charité, mais il disait à ceux qui la lui donnaient qu’en l’aidant, ils s’aidaient d’abord eux-mêmes ! Il expliquait donc que les gestes d’amour sont d’abord un don pour celui qui les pose, avant même que pour celui qui les reçoit ; parce que tout ce que l’on amasse pour soi sera perdu, tandis que ce que l’on donne par amour ne sera jamais perdu, mais sera notre trésor dans le ciel.
C’est pourquoi il disait : « Faites du bien à vous-mêmes, mes frères ». Mais l’amour ne rend pas heureux seulement au ciel, il le fait déjà sur terre, parce qu’il élargit le cœur et permet d’embrasser le sens de la vie. Si nous voulons vraiment être heureux, apprenons à tout transformer en amour, en offrant aux autres notre travail et notre temps, en disant des paroles bonnes et en accomplissant de bonnes actions ; et avec un sourire, avec une accolade, avec une écoute, avec un regard. Chers jeunes, frères et sœurs, vivons ainsi ! Nous pouvons tous le faire et nous en avons tous besoin, ici et partout dans le monde.
Savez-vous ce qui est arrivé à Jean ? Ils ne l’ont pas compris ! Ils l’ont pris pour un fou et l’ont enfermé dans un asile. Mais il ne s’est pas découragé, parce que l’amour n’abandonne pas, parce que celui qui suit Jésus ne perd pas la paix et ne pleure pas sur lui-même. Et c’est là précisément, dans l’asile, en portant la croix, que s’est manifestée l’inspiration de Dieu. Jean se rendit compte à quel point les malades avaient besoin d’aide et, lorsqu’on le laissa enfin sortir, après quelques mois, il commença à s’occuper d’eux avec d’autres compagnons, en fondant un ordre religieux : les Frères Hospitaliers. Cependant, certains commencèrent à les appeler autrement, selon les termes mêmes de ce jeune homme qui disait à tout le monde : « Faites du bien mes frères » ! À Rome nous les appelons ainsi : les “Fatebenefratelli”. Quel beau nom, quelle importante leçon ! Aider les autres est un cadeau pour soi-même et fait du bien tout le monde. Oui, aimer est un don pour tous ! Souvenons-nous : “o amor é um presente para todos !”. Répétons-l’ensemble : o amor é um presente para todos !
Aimons-nous ainsi ! Continuez à faire de votre vie un cadeau d’amour et de joie. Je vous remercie et je vous recommande, à vous tous, mais surtout aux enfants : allez de l’avant et de priez pour moi. Obrigado !
Paroles improvisées
Il y a beaucoup de choses que je voudrais vous dire maintenant, mais il se trouve que mes « réflecteurs » ne fonctionne pas et je ne peux pas bien lire. Je vous le donne donc, pour que vous le rendiez public par la suite. On ne peut pas se forcer la vue et lire mal.
Je veux juste m’arrêter sur quelque chose qui n’est pas écrit, mais qui est dans l’esprit de la rencontre : le concret. L’amour abstrait n’existe pas. L’amour platonique est dans les nuages, il n’est pas une réalité. L’amour concret, celui qui se salit les mains. Chacun de nous peut se demander : l’amour que je ressens pour tous ceux qui sont ici, l’amour que je ressens pour les autres, est-il concret ou abstrait ? Quand je donne la main à une personne dans le besoin, à un malade, à un marginal, après avoir donné la main, est-ce que je fais tout de suite comme ceci [il se frotter ma main sur son vêtement] pour ne pas être infecté ? La pauvreté me dégoûte-t-elle, la pauvreté des autres ? Est-ce que je cherche toujours une vie « distillée », qui existe dans mon imagination mais qui n’existe pas dans la réalité ? Combien de vies distillées, inutiles, qui passent sans laisser d’empreinte, parce que ces vies n’ont pas de poids !
Or nous avons ici une réalité qui laisse une empreinte, une réalité depuis tant années, tant d’années, qui laisse une empreinte, source d’inspiration pour les autres. Les Journées Mondiale de la Jeunesse ne pourraient pas exister sans tenir compte de cette réalité. Car c’est aussi cela la jeunesse, dans le sens où vous générez sans cesse une nouvelle vie. Par votre conduite, par votre engagement, par le fait que vous vous salissez les mains pour toucher la réalité de la misère des autres, vous générez de l’inspiration, vous générez de la vie. Je vous en remercie ! Je vous remercie de tout mon cœur. Continuez et ne vous découragez pas ! Et si vous vous découragez, prenez un verre d’eau et en avant !