Jeunes saluant le pape François hier © Vatican Media

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La miséricorde du Seigneur : témoignages lors du Chemin de croix

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« Jésus est le seul à m’avoir vraiment rassasié »

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Hier soir, lors des stations du Chemin de croix, trois jeunes sont venus témoigner de la présence du Seigneur dans leur vie et des grâces reçues. Voici leurs témoignages.

IIIe station

1. Témoignage d’Esther, 34 ans, d’Espagne

J’ai grandi loin de l’Église, bien que j’aie été baptisée et que j’aie fait ma première communion. Et tout en grandissant, je me suis perdue dans le monde. À un peu plus de 18 ans, je vivais comme une femme mariée sans l’être et je vivais une relation très dépendante qui allait de mal en pis. À 24 ans, après avoir terminé des études d’architecture, j’ai eu un accident qui a entraîné une lésion de la moelle épinière et, de ce fait, je me suis donc retrouvée en fauteuil roulant.

Ces événements ont été très douloureux et ont annulé tous mes projets. Avec le temps, j’ai découvert que c’était un cadeau. Cela m’a permis de sortir de l’environnement dans lequel je me trouvais, de changer mon regard et de prendre conscience que je n’étais pas une personne comme les autres. Je me suis rendu compte que je ne vivais pas sainement. Je m’inquiétais beaucoup pour l’avenir, voulant échapper à la souffrance. J’essayais de tout faire par moi-même parce que je ne connaissais pas encore mon Père céleste que je ne rencontrerais que plus tard.

Pendant ces années, il a pris soin de moi à travers ma famille et le personnel hospitalier. Il m’a offert la passion du sport, m’a encouragée à quitter la maison, a trouver le travail dont j’avais toujours rêvé. Il m’a prise par la main jusqu’à ce que je rencontre Nacho, mon plus beau cadeau, mon mari.

Cependant, des problèmes sont rapidement apparus dans notre relation, nous ne savions pas comment nous aimer et nous croyions à tout ce que le monde nous prônait. Et lorsque le Seigneur m’a permis de tomber enceinte, nous avons décidé d’interrompre la grossesse en raison de difficultés et de craintes, pensant que l’enfant n’était pas encore une personne. Après tout cela, j’étais très triste et jamais je ne m’étais sentie aussi démunie. Quelque chose était mort en moi. 

Mais le Seigneur, dans son infinie miséricorde, est venu me chercher. Quelques mois plus tard, j’ai commencé à ressentir un amour si grand, si grand qu’il était inexplicable … au point d’éveiller ma conscience. Je me suis confessée, après de nombreuses années, en éprouvant un profond repentir pour toutes les souffrances que j’avais causées à ce Père qui m’aimait tant. Il m’a appris à vivre autrement et à retourner à l’Église, où je savais qu’il m’attendait toujours.

Il m’a donc accordé une nouvelle grossesse et cette fois, je l’ai accueillie avec gratitude. Et ma précieuse Élisabeth, que j’aime à la folie, est née. De nouveaux problèmes ont encore surgi, j’étais dans une phase de changement et Nacho ne le comprenait pas. J’ai alors fait la connaissance des COF – Centres d’orientation familiale – où l’on vous aide à faire face aux difficultés. Ils nous ont appris à améliorer notre communication.

Nacho est devenu enthousiaste à l’idée de faire une retraite et, à son retour, notre relation a commencé à s’améliorer. Le 7 mai 2022, nous nous sommes mariés. C’était merveilleux de célébrer ce sacrement en sachant que le Seigneur serait toujours avec nous pour nous apprendre à nous aimer. Nous continuons à vivre des moments difficiles et à avoir des problèmes quotidiens, mais nous sommes certains que tout a un sens et que le Seigneur nous conduit par la main, voire dans ses bras, lorsque nous en avons besoin.

VIIe station

2. Témoignage de João, 23 ans, du Portugal

Je m’appelle João, j’ai 23 ans. J’étais en deuxième année à la faculté lorsque la pandémie a commencé et la vie quotidienne, que nous pensions garantie, a cédé la place à des jours et des jours de peur, de doutes et de réalités artificielles… Communiquer, étudier et terminer l’université à travers un écran. En même temps, sortir de la maison générait en nous un sentiment de culpabilité devant le spectre de la contamination d’un membre de la famille.

Avec toute cette tempête, à la fin des cours en 2021, j’ai dû me rendre aux urgences d’un hôpital pour de graves maux de tête et des malaises. Le médecin m’a expliqué que notre corps – parce que nous attachons plus d’importance à la douleur physique – est programmé pour envoyer des signaux afin de prendre soin de notre santé mentale. Une expression que nous avons pris l’habitude d’entendre plus que jamais (bien qu’il soit encore difficile pour beaucoup de l’admettre) est la suivante : nous avons besoin d’un psychologue, comme j’ai eu besoin d’un psychologue. 

Il est difficile de reconnaître sa fragilité, de demander de l’aide et de réaliser que l’on ne se suffit pas à soi-même ; on craint d’être un fardeau et d’être rejeté. Dans mon cas, la période d’isolement s’est transformée en un exercice d’écoute de soi. J’ai remonté le temps pour revisiter l’époque où j’étais victime de harcèlements à l’école, à quel point cela m’a marqué, les insécurités que cela a provoquées et la véritable croisade intérieure que j’ai menée, sans succès, pour savoir ce qui n’allait pas chez moi. 

J’aimerais pouvoir dire qu’il a été facile de penser à ce témoignage, mais ce n’est pas vrai ! En réalité, j’ai souvent remis à plus tard la réflexion sur les traces laissées par la pandémie. Et dans cette procrastination, qui est une inertie, je me suis rendu compte que la pandémie m’avait transformé et rendu plus fort. 

Dans mon cas, l’isolement que je ressens aujourd’hui n’obéit plus aux règles de sécurité, mais si ma foi et mon énergie ont failli, si je ne peux pas me dépasser et m’engager, alors un isolement silencieux persiste, un isolement émotionnel, que l’absence de masques n’a pas réussi à faire taire.

Généralement, la personne qui souffre le plus est celle qui ne se sent pas accueillie. Nous devons réfléchir à la manière dont nous accueillons ceux qui en ont le plus besoin…. Nous sommes l’Église de celui qui, après avoir été exclu, est devenu une pierre angulaire. La foi m’aide toujours quand je tombe. La foi en une Église pèlerine, où personne n’est laissé de côté et qui, inspirée par le témoignage de la Vierge, se lève et choisit comme chemin les maisons et les cœurs de ceux qui se sentent en marge. Ensemble, en tant qu’êtres humains, il est possible de surmonter tout isolement, tout individualisme.

IXe station

3. Témoignage de Caleb, 29 ans, des États-Unis

Il y a des moments où je repense à l’époque où j’étais plus jeune et je ressens une profonde tristesse et, en même temps, une grande joie. La réalité de ma vie est que je suis l’une des brebis perdues que Jésus est venu chercher.

J’ai grandi dans une famille très désunie, avec un père qui n’avait pas conscience de sa valeur et de son identité dans le Christ et qui a été sévèrement éprouvé. En raison de ses souffrances, il a fait du mal aux autres. L’Église a été l’une de mes échappatoires à la vie familiale. Il m’a toujours semblé que c’était ma maison loin de chez moi. J’ai grandi dans différentes traditions chrétiennes, mais mon âme a toujours aspiré à quelque chose de plus. Je désirais cette rencontre avec Jésus que tout le monde autour de moi avait vécue, mais que je n’avais pas encore connue. Je ne comprenais pas que, pendant tout ce temps, le Seigneur était à mes côtés.

Alors que j’approchais de la fin de mes études secondaires, mes parents ont vécu un divorce horrible et mon monde s’est effondré. J’ai sombré dans la dépression, j’ai lutté contre l’automutilation, je suis devenu toxicomane et j’ai voulu mettre fin à mes jours. J’ai laissé la souffrance me conduire à satisfaire mes désirs égoïstes. Tout ce que je savais avait disparu et je ne savais plus comment m’orienter. Ma conscience était plongée dans l’obscurité à cause de toute la douleur… et je cherchais une raison de vivre.

Le Seigneur a entendu mon cri du fond de l’abîme et m’a envoyé le plus beau des cadeaux : une personne qui est devenue mon épouse. Lorsque j’ai rencontré ma femme, j’ai retrouvé une raison de vivre et le désir d’approfondir ma foi. Je désirais la même ferveur qu’elle pour Jésus mais, en luttant contre les fantômes de mon passé, cela me semblait toujours inaccessible.

Après être sortis ensemble pendant un certain temps, nous nous sommes séparés et j’ai dû faire un choix. Je pouvais soit permettre à Jésus de prendre le contrôle total de ma vie, soit retomber dans mes vieilles habitudes. Par sa grâce, j’ai persévéré. En tant qu’apprenti dans un salon de tatouage, j’ai connu la douleur des oubliés de la société et c’est là que j’ai vraiment vu Jésus dans toute sa personne.

Après une longue reconstruction, ma femme et moi nous sommes retrouvés et nous nous sommes mariés. Nous sommes très engagés dans notre Église et j’ai été chargé de faire la catéchèse aux jeunes mais je me suis rendu compte que je n’en comprenais pas toute la portée. J’ai commencé à effectuer des recherches sur l’Église primitive, à l’aide de documents bibliques et historiques. Pour résumer, c’est le message de saint Jean chapitre 6, Jésus dans l’Eucharistie, qui m’a ramené à la pleine communion dans l’Église catholique.

Après réflexion, je me suis rendu compte que la blessure de mon père – que j’avais subie – m’avait causé une crise d’identité, mais après avoir accepté la personnalité que mon Père céleste m’a donnée, les blessures ont finalement commencé à guérir. L’union complète avec Jésus dans l’Eucharistie est ce qui a guéri mon âme. Après avoir expérimenté tout ce que ce monde a à offrir, il est le seul à m’avoir vraiment rassasié.

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Rédaction

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