Nigerians catholiques manifestant © AED/ACN

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Les prêtres catholiques condamnent les propos sectaires de l’ex-gouverneur de Kano (Nigeria)

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Les prêtres qualifient son discours de « diviseur, sectaire, haineux et totalement contraire à l’esprit d’un homme d’État »

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Par John Newton

Des prêtres nigérians ont condamné un discours dans lequel l’ancien gouverneur de Kaduna a déclaré que son parti était heureux d’avoir un gouvernement d’État exclusivement musulman, les chrétiens étant une minorité sans pouvoir.

Dans une vidéo devenue virale la semaine dernière, on voit Nasir El-Rufai, qui a été gouverneur de Kaduna pendant huit ans, dire à des religieux musulmans que le parti All Progressives Congress (APC) n’inclut pas les chrétiens dans le gouvernement, car la plupart d’entre eux n’ont pas voté pour lui.

L’association des prêtres diocésains catholiques des villes de Kaduna, Zaria et Kafanchan a écrit à l’actuel gouverneur Uba Sani – que l’on voit à côté d’El-Rufai dans la vidéo – pour lui demander de prendre ses distances par rapport aux déclarations de son prédécesseur.

Dans cette lettre, dont une copie a été envoyée à l’organisation caritative catholique Aide à l’Église en détresse (AED), les prêtres catholiques qualifient les commentaires d’El-Rufai de « déclaration de suprématie politique islamique dans l’État de Kaduna et au Nigeria, qui sème la discorde, le sectarisme, la haine et n’a rien d’une déclaration d’homme d’État. »

Dans la vidéo, M. El-Rufai s’adresse aux imams : « La haute hiérarchie du gouvernement de l’État de Kaduna est musulmane, mais un chrétien de Kaduna peut-il prouver que nous l’avons opprimé ? »

Il ajoute : « Ceux qui ne sont pas musulmans n’ont pas le droit de s’exprimer. Ceux qui ne sont pas musulmans ne votent pas pour notre parti. La plupart d’entre eux. Alors, pourquoi devrais-je leur donner le poste de gouverneur adjoint ? »

M. El-Rufai a ajouté que les régions musulmanes bénéficiant d’un fort soutien de l’APC recevaient un traitement préférentiel par rapport aux régions chrétiennes qui ne votaient pas pour lui.

Il a expliqué aux religieux islamiques que cette approche était fondée sur la définition de la « justice » enseignée par les imams et les oulémas (docteur de la loi musulmane, juriste et théologien, NDLR).

L’association des prêtres diocésains catholiques de Kaduna, Zaria et Kafanchan a déclaré que le discours de l’ancien gouverneur « n’est pas seulement une preuve de la discrimination et de la provocation que la plupart des communautés et des individus chrétiens ont subies dans notre État, en particulier pendant le règne de l’ancien gouverneur Nasir El-Rufai. »

« C’est aussi une explication des nombreuses politiques injustes de son administration, de la distribution inégale des ressources de l’État, des meurtres et des enlèvements gratuits qui ont touché les régions à dominante chrétienne, et de la nonchalance et parfois de la réponse méprisante du gouvernement aux appels de détresse des victimes. »

Les prêtres ont accusé le gouvernement local d’inaction face aux attaques contre les chrétiens et d’avoir réagi de manière très inappropriée à l’enlèvement et au meurtre de prêtres.

« La seule réponse qui leur est généralement apportée par le gouvernement est une accusation bizarre et inhumaine selon laquelle ils auraient provoqué leurs assassins, qualifiant les atrocités de meurtres de vengeance justifiés, avec des couvre-feux punitifs et l’interdiction d’associations socio-culturelles et de développement de certaines communautés socio-culturelles. » précise la lettre.

Ils ont ensuite attiré l’attention sur le fait que toutes les confessions chrétiennes étaient visées dans l’État : « Des communautés chrétiennes entières sont régulièrement attaquées, saccagées, incendiées et leurs habitants emmenés contre rançon ou massacrés sans qu’aucun des auteurs ne soit traduit en justice », ajoutant que les survivants n’ont reçu aucune aide de l’État.

Selon les recherches effectuées par l’AED, au cours des 18 derniers mois, 11 prêtres ont été enlevés dans l’État de Kaduna. Dimanche 11 juin, le père Jeremiah Yakubu a été enlevé.

Les signataires de la lettre concluent en assurant l’actuel gouverneur Uba Sani de leur « soutien sans faille et de leurs prières. »

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Rédaction

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