Icône de l'Hospitalité d'Abraham, dite de la Sainte-Trinité, copie de l'icône d'André Roublev @ wikimedia commons

Icône de l'Hospitalité d'Abraham, dite de la Sainte-Trinité, copie de l'icône d'André Roublev @ wikimedia commons

Trinité cela veut dire que Dieu, s’il est unique, n’est pas solitaire, par Mgr Follo

Dieu est amour très pur, infini et éternel.

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Rite Romain

Ex 34,4-6.8-9 ; Dn 3,52-56 ; 2Cor 13,11-13 ; Jn 3,16-18

1) « Le Père est l’Amant, le Fils est l’Aimé, l’Esprit Saint est l’Amour » (St Augustin).

Le dogme de la Trinité n’est pas le fruit d’imaginations poétiques, n’est pas le résultat d’élucubrations philosophiques. Il n’est pas non plus une froide formulation théologique, qui donne le prétexte de dire qu’il est un mystère si détaché de notre vie que plus d’un chrétien se sent tranquillement autorisé à l’ignorer. Le mystère de la Trinité est, oui, un grand mystère, qui dépasse notre imagination, mais il parle profondément à notre cœur, car dans son essence il n’est autre que l’explicitation de cette dense expression de saint Jean : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16).  Si Dieu est amour, il ne peut être solitude en lui-même. Car dans une relation d’amour il faut être au moins deux. N’aimer que soi n’est pas de l’amour, mais de l’égoïsme. Dieu Amour est donc quelqu’un qui aime depuis toujours et quelqu’un qui depuis toujours est aimé et rend cet amour : un éternel Amant, un éternel Aimé et un éternel Amour. 

L’Amant c’est Dieu le Père, infiniment libre et généreux en amour, que rien ne motive à aimer que l’amour. 

L’Aimé, l’éternel Aimé, est Celui qui accueille depuis toujours l’amour : qui est « gratitude éternelle », qui est « merci sans début ni fin », le Fils dans l’amour. 

L’Amour c’est l’Esprit Saint, dans lequel Leur amour est toujours ouvert à se donner, à « sortir de soi » : c’est pourquoi on dit de l’Esprit qu’il est un « don » de Dieu, source vive de l’amour, feu qui allume en nous la capacité de rendre l’amour par l’amour.

Ce mystère d’amour est concret et plus près de nous que nous le pensons, et nous le vivons concrètement quand, surtout dans les moments les plus importants, dans les moments les plus critiques, où nous avons le plus besoin de Dieu, nous faisons le signe de croix. Par ce geste sacré, presque sans nous en rendre totalement compte, nous invoquons le Dieu Un et Trine, en disant : « Au nom du Père, du Fils, du Saint Esprit ». Non seulement nous invoquons le Dieu Trinité pour qu’il nous aide, mais nous Le louons en disant « Gloire au Père, et au Fils et au Saint Esprit … Amen », prière que Sainte Thérèse de Calcutta récitait souvent en ces termes : « Gloire au Père-Prière, et Fils-Pauvreté, et au Saint-Esprit-Zèle pour les âmes. Amen-Marie ». 

2) Liturgie de louanges

Aujourd’hui, donc, la Liturgie de l’Église nous invite à célébrer la solennité de la Très Sainte Trinité, qui n’est pas un dogme abstrait, n’influe pas sur notre vie. Le dogme de Dieu Un et Trine nous enseigne que Dieu est Amour éternel et infini: « Dieu est amour » (Id.) : Il nous révèle que Dieu , « est une communion de Personnes divines, lesquelles sont l’une avec l’autre, l’une pour l’autre ; cette communion est la vie de Dieu, le mystère d’amour du Dieu vivant » (Pape François), mais nous révèle aussi que nous qui sommes faits à l’image et la ressemblance de ce Dieu, nous sommes appelés à vivre cette communion avec Dieu, en Lui et pour Lui, et entre nous. D’ailleurs l’amour est vraiment lui-même dans la relation avec un autre qui le constitue : « Pour pouvoir être charité, l’amour doit tendre vers un autre » (Saint Grégoire le Grand).

Aujourd’hui, l’Église nous fait contempler le merveilleux mystère dont nous provenons et vers lequel nous allons, mais nous invite aussi, encore une fois, à vivre chaque jour cette « communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion divine. Nous sommes appelés à vivre non pas les uns sans les autres ou contre les autres, mais les uns avec les autres et pour les autres » (Pape François).

Aujourd’hui, la Liturgie de l’Église nous fait célébrer la fête de la Trinité comme une louange à Dieu non seulement pour ce qu’Il fait pour nous, mais pour comment Il est en Lui-même et pour nous. Dieu est amour très pur, infini et éternel. Il est Créateur et Père miséricordieux, Il est un seul Fils, Sagesse éternelle, incarné, mort et ressuscité pour nous. Dieu est Esprit Saint, Il fait tout bouger, l’histoire et le monde, vers la pleine récapitulation finale, afin que tous les hommes puissent dire de tout leur être « notre Père ».  

Aujourd’hui, en cette Solennité, d’un côté, nous sommes appelés à « contempler pour ainsi dire le Cœur de Dieu, sa réalité profonde, qui est celle d’être Unité dans la Trinité, totale et profonde communion d’amour et de vie » (Benoît XVI). De l’autre, nous sommes invités à prier pour que Dieu Un et Trine soutienne notre foi, « nous inspire des sentiments de paix, d’espérance, et nous donne le désir, la grâce, de nous engager dans les événements quotidiens » (Pape François), en faisant de nous des « levains » de communion et de consolation, de miséricorde et de pardon, de grâce et de compassion. 

Cela implique que nous prenions au sérieux l’invitation que le Christ encore aujourd’hui nous fait, en accueillant et témoignant l’Évangile de l’amour. De vivre l’amour de Dieu et envers notre prochain, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander pardon et à l’accorder.

Il nous est demander d’édifier l’Église afin qu’elle soit de plus en plus « un peuple rassemblé par l’unité du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Cette belle définition de saint Cyprien (De Orat.Dom. 23 ; cf. LG 4) nous introduit dans le mystère de l’Église, rendue communauté de salut par la présence du Dieu Trinité. Comme l’ancien peuple de Dieu, celle-ci est guidée dans son nouvel exode par la colonne de nuée pendant la journée et par la colonne de feu pendant la nuit, symboles de la présence constante de Dieu.  

2) La Trinité dans notre vie

Toute la vie chrétienne est accompagnée par la Trinité. Je dirais plus, et j’espère bien dire, la Trinité est « l’étoffe » de notre vie. En effet, nous sommes baptisés (=plongés) dans le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et « nous sommes appelés à partager la vie de la Bienheureuse Trinité, ici-bas dans l’obscurité de la foi, et, au-delà de la mort, dans la lumière éternelle » (Catéchisme de l’Église catholique, 263).

Et pas seulement le baptême, mais également tous les autres sacrements de l’Église, sont conférés avec le signe de la croix et au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. 

En effet, nous sommes tous confirmés avec l’onction au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. 

Dans le sacrement de pénitence nous sommes pardonnés pour nos péchés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. 

Toujours en ce nom les époux sont unis en mariage et leur amour est élevé en celui de Dieu qui se fait garant de leur fidélité réciproque.

Dans l’Eucharistie le Dieu Trinité, qui est en lui-même amour (cf. 1 Gv 4,7-8), s’implique totalement dans notre condition humaine. Dans le pain et dans le vin consacrés se trouve toute la vie divine qui nous rejoint et entre à faire partie de nous dans la forme du sacrement. 

Dans l’ordination sacerdotale, les prêtres sont consacrés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Grâce à cela, le prêtre se trouve inséré dans la dynamique trinitaire avec une responsabilité particulière. Son identité jaillit du ministère de la Parole et des Sacrements, lequel ministère est en relation essentielle avec le ministère de l’amour salvifique du Père (cf. Gv 17,6-9.24 ; 1Cor 1,1 ; 2Cor 1,1), avec l’être sacerdotal du Christ, qui choisit et appelle personnellement son ministre à rester avec Lui (cf. Mc 3,15), et avec le don de l’Esprit (Cf. Jn 20,21) » (Congrégation pour le Clergé, Directoire pour le Ministère et la vie des Prêtres, 11 Février 2013).

Dans la maladie et à la dernière heure, au moment de l’onction, le prêtre recommandera notre âme au nom du Père qui nous a créés, du Fils qui nous a sauvés et de l’Esprit Saint qui nous a sanctifiés.

De cette façon toute notre existence de chrétiens est prise dans le rayonnement de la Trinité, qui habite en nous dans un état de grâce : « Nous viendrons à lui – nous a promis Jésus – et établirons notre demeure en Lui ».

Si être demeure de Dieu, habitation vivante de la Trinité, est la vocation de tout chrétien, ça l’est tout particulièrement pour les Vierges consacrées.

Ces femmes, en s’en remettant complètement aux mains de l’évêques, témoignent de manière spéciale la dimension trinitaire de la vie chrétienne.

En effet, la virginité est en quelque sorte une déification de l’homme : « Quelle plus grande louange faire de la virginité que de monter par là qu’elle déifie d’une certaine manière ceux qui participent à ses purs mystères, au point qu’ils communient à la gloire de Dieu, seul véritablement Saint et immaculé, admis dans sa familiarité par la pureté et l’incorruptibilité » (Saint Grégoire de Nysse, De Virginitate, 1, 1-2; 256 s.)

 

La virginité provient donc de la Trinité et se vit dans la Trinité, liée comme elle est à la génération du Fils par le Père, portée en don aux hommes par le Verbe qui vient dans le monde de la même façon qu’il a été créé par le Père, à savoir virginalement, par une Vierge. Ainsi, chez le chrétien, la virginité produit les mêmes effets que ceux qui se sont vérifiés « chez Marie, l’Immaculée, quand toute la plénitude de la divinité qui était dans le Christ brilla en elle (…). Jésus ne vient plus par sa présence physique, mais vit spirituellement en nous et, avec lui, il nous apporte le Père » (Ibid., 2).

Cet idéal de vie caractérisé par la virginité au moins spirituelle est proposé à tous les chrétiens, aux chrétiens mariés aussi, comme une exigence de perfection, naturellement. Mais Grégoire de Nysse et les autres Pères voient clairement que ceux qui choisissent, toujours par don de Dieu, la virginité également physique en s’abstenant du mariage, en imitant Jésus et Marie, retrouve l’intégrité originelle dans laquelle l’homme a été créé ou, comme affirme le saint évêque de Nysse, la condition « du premier homme dans sa première vie » (Ibid., 12, 4. 4 ; 416 s).

Lecture Patristique

Saint Jean Chrysostome (347- 407)

Homélie

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle (Jn 3,16).

Vous voyez la cause de l’avènement du Fils de Dieu : il est venu pour que tous ceux qui devaient périr trouvent, par la foi en lui, l’accès au salut. Qui aurait pu imaginer une générosité pareille, au-delà de tout éloge ? Par le don du baptême, Dieu accorde à notre nature le pardon de tous nos péchés ! Non seulement ici la pensée est impuissante, mais la parole est incapable de dénombrer les autres bienfaits de Dieu. Si nombreux qu’ils soient, je suis obligé d’en omettre encore davantage. Que serait-ce donc, si l’on songeait encore à ce chemin de la conversion que Dieu, dans son indicible amour des hommes, a donné au genre humain, ainsi qu’à ses prescriptions merveilleuses grâce auxquelles, si nous le voulons, même après le bienfait du baptême, nous pourrons attirer la grâce d’en haut !

Vous voyez, mes enfants, l’abîme des bienfaits de Dieu ! Vous voyez combien leur énumération est longue, bien que nous n’en ayons encore rappelé qu’une faible partie ! Comment, en effet, le langage humain pourrait-il dénombrer tout ce que Dieu a fait pour nous ? Mais si grands et si nombreux que soient ces bienfaits, ils sont plus ineffables et plus grands encore, ceux qu’il a promis pour le vie future à ceux qui marchent sur le chemin de la vertu. Et, pour nous montrer en peu de mots l’excès de leur grandeur, saint Paul nous dit : Ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu (1Co 2,9).

Voyez-vous l’excellence de ces bienfaits ? Voyez-vous comme ils sont au-dessus de toutes les idées de l’homme ? Ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, c’est l’expression de saint Paul. Si nous voulons récapituler toutes ces merveilles, si nous voulons en rendre grâce selon nos forces, nous pourrons attirer sur nous encore plus de grâces divines et grandir en vertu. Le souvenir des bienfaits de Dieu nous aide à affronter les labeurs de la vertu, à mépriser les biens terrestres, pour nous ouvrir à l’auteur de tous ces dons et augmenter, de jour en jour, l’amour que nous lui témoignons.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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