Cinquième prédication de Carême du P. Raniero Card. Cantalamessa, ofmcap
Traduction de l’italien par Cathy Brenti
« Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde(1). » Saint-Père, Vénérables Pères, frères et sœurs, ces paroles sont parmi les dernières que Jésus adresse à ses disciples, avant de les quitter. Il ne s’agit pas de l’habituel « Courage ! » adressé à ceux qui restent, de la part de celui qui est sur le point de partir. En effet, il ajoute : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous(2). »
Que signifie « je reviens vers vous » s’il est sur le point de les quitter ? De quelle manière et à quel titre viendra-t-il demeurer auprès d’eux ? Si l’on ne comprend pas la réponse à cette question, on ne comprendra jamais la vraie nature de l’Église. On trouve cette réponse, comme une sorte de thème récurrent, dans les discours d’adieu de l’évangile de Jean, et il est bon d’écouter une fois les versets où elle devient la note dominante. Faisons-le avec l’attention et l’émotion avec lesquelles les enfants écoutent les dispositions de leur père à l’égard du bien le plus précieux qu’il s’apprête à leur laisser :
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous(3). »
« Mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit(4). »
« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement(5). »
« Il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai(6). »
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître(7). »
Mais qu’est-ce que l’Esprit Saint qu’il promet et qui est-il ? Est-ce lui-même, Jésus, ou un autre ? Si c’est lui-même, pourquoi dit-il à la troisième personne : « quand il viendra, l’Esprit… » ; si c’est un autre, pourquoi dit-il à la première personne : « je reviens vers vous » ? Nous touchons au mystère de la relation entre le Ressuscité et son Esprit. Relation si étroite et si mystérieuse que saint Paul semble parfois les identifier. En effet, il écrit : « Or, le Seigneur, c’est l’Esprit », mais il ajoute sans transition, « et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté(8) ». Si c’est l’Esprit du Seigneur, ce ne peut pas être, purement et simplement, le Seigneur.
La réponse de l’Écriture est que l’Esprit Saint, par la rédemption, est devenu « l’Esprit du Christ » ; c’est la manière dont le Ressuscité agit désormais dans l’Église et dans le monde, ayant « été, selon l’Esprit de sainteté, établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts(9)». C’est pourquoi il peut dire aux disciples : « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille » et ajouter : « Je ne vous laisserai pas orphelins ».
Nous devons nous débarrasser complètement d’une vision de l’Église qui s’est formée petit à petit et est devenue dominante dans la conscience de nombreux croyants. Je la définis comme vision déiste ou cartésienne, à cause de son affinité avec la vision du monde du déisme cartésien. Comment la relation entre Dieu et le monde était-elle conçue dans cette vision ? Plus ou moins comme ceci : Dieu au commencement crée le monde puis il se retire, le laissant se développer avec les lois qu’il lui a données ; comme une horloge qu’on a suffisamment remontée pour qu’elle fonctionne indéfiniment toute seule. Toute nouvelle intervention de Dieu bouleverserait cet ordre, raison pour laquelle les miracles sont jugés inadmissibles. Dieu, en créant le monde, serait comme quelqu’un qui donne une tape sur un ballon et le pousse en l’air, en restant, lui, au sol.
Que signifie cette vision si on l’applique à l’Église ? Que le Christ a fondé l’Église, l’a dotée de toutes les structures hiérarchiques et sacramentelles nécessaires à son fonctionnement, puis l’a quittée, se retirant dans son ciel, au moment de son Ascension. Comme quelqu’un qui pousse une petite barque dans la mer, tout en restant lui-même sur le rivage.
Mais il n’en est rien ! Jésus est monté dans la barque et il y reste. On doit prendre au sérieux ses dernières paroles dans Matthieu : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde(10). » À chaque nouvelle tempête, y compris celles d’aujourd’hui, il nous répète ce qu’il a dit à ses apôtres dans l’épisode de la tempête apaisée : « Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi(11) ? » Ne suis-je pas avec vous ? Puis-je sombrer ? Celui qui a créé la mer peut-il sombrer dans la mer ?
J’ai remarqué avec joie que dans l’Annuaire pontifical, sous le nom du Pape, il n’y a qu’un seul titre « Évêque de Rome » ; tous les autres titres – Vicaire du Christ, Souverain Pontife de l’Église universelle, Primat d’Italie, etc. – sont repris comme « titres historiques » à la page suivante. Cela me semble juste, surtout en ce qui concerne « Vicaire du Christ ». Le vicaire est celui qui supplée en l’absence du chef, mais Jésus-Christ ne s’est jamais absenté et ne s’absentera jamais de son Église. Par sa mort et sa résurrection, il est devenu « la tête du corps, la tête de l’Église(12) » et il le restera jusqu’à la fin du monde : le vrai et unique Seigneur de l’Église.
Sa présence n’est pas, pour ainsi dire, une présence morale et intentionnelle, ce n’est pas une seigneurie par procuration. Lorsque nous ne pouvons pas être présents en personne à un événement, nous disons généralement : « Je serai présent spirituellement », ce qui n’est, ni une grande consolation, ni d’une grande aide pour ceux qui nous ont invités. Lorsque nous disons de Jésus qu’il est présent « spirituellement », cette présence spirituelle n’est pas une forme inférieure à la présence physique, mais elle est infiniment plus réelle et efficace. C’est la présence de Jésus ressuscité qui agit dans la puissance de l’Esprit, qui agit en tout temps et en tout lieu, et agit à l’intérieur de nous.
Si, dans la situation actuelle de crise énergétique croissante, on découvrait l’existence d’une nouvelle source d’énergie inépuisable, si l’on découvrait enfin comment utiliser l’énergie solaire à volonté et sans effets négatifs, quel soulagement ce serait pour toute l’humanité ! Eh bien, l’Église possède, dans son domaine, une source d’énergie inépuisable de ce type : la « force d’en haut » qu’est l’Esprit Saint. Jésus a pu dire de lui : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite(13). »
Il y a un moment dans l’histoire du salut qui rappelle de près les paroles de Jésus lors de la dernière Cène. Il s’agit de l’oracle du prophète Aggée. Il dit :
Le vingt et unième jour du septième mois, la parole du Seigneur se fit entendre par l’intermédiaire du prophète Aggée : « Va parler à Zorobabel, fils de Salathiel, gouverneur de Juda, à Josué, fils de Josédeq, le grand prêtre, et au reste du peuple. Tu leur diras : Reste-t-il encore parmi vous quelqu’un qui ait vu cette Maison dans sa gloire première ? Eh bien ! Qu’est-ce que vous voyez maintenant ? N’est-elle pas devant vous réduite à rien ? Mais à présent, courage, Zorobabel ! – oracle du Seigneur. Courage, Josué fils de Josédeq, grand prêtre ! Courage, tout le peuple du pays ! – oracle du Seigneur. Au travail ! Je suis avec vous – oracle du Seigneur de l’univers […] Mon esprit se tient au milieu de vous : Ne craignez pas(14) ! »
C’est l’un des rares textes de l’Ancien Testament que l’on peut dater avec précision, le 17 octobre 520 av JC. Ne nous semble-t-il pas qu’il décrit, avec les mots d’Aggée, la situation actuelle de l’Église catholique et, à bien des égards, celle de toute la chrétienté ? Les plus âgés parmi nous se rappellent avec nostalgie l’époque, juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale, où les églises étaient remplies le dimanche, où mariages et baptêmes se succédaient dans les paroisses, où séminaires et noviciats religieux abondaient en vocations… « Mais dans quel état la voyons-nous aujourd’hui ? » pourrions-nous dire avec Aggée ? Cela ne vaut pas la peine de perdre du temps à répéter la liste des maux actuels, de ce qui, pour certains, semble n’être que ruines, un peu comme les ruines de la Rome antique que nous avons tout autour de nous dans cette ville.
Tout ce qui brillait autrefois et que nous sommes enclins à regretter n’était pas or. Si tout avait été or, si ces séminaires remplis avaient été des forges de saints pasteurs et que l’éducation traditionnelle qui y était dispensée avait été solide et vraie, nous n’aurions pas autant de scandales à déplorer aujourd’hui… Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit de parler ici, et je ne suis certainement pas le mieux qualifié pour le faire. Ce que je tiens à relever, c’est l’exhortation que le prophète adressa au peuple d’Israël ce jour-là. Il ne les exhorte pas à s’apitoyer sur leur sort, à se résigner et à se préparer au pire. Non, il dit comme Jésus : « Courage ! Au travail ! Je suis avec vous – oracle du Seigneur […] Mon esprit se tient au milieu de vous. »
Mais attention : il ne s’agit pas d’un vague et stérile « Ayez courage ». Le prophète a déjà dit quel est le « travail » auquel ils doivent s’atteler. Et puisqu’il nous concerne de près, écoutons aussi l’oracle précédent d’Aggée au peuple et à ses dirigeants :
Ainsi parle le Seigneur de l’univers : Ces gens-là disent : « Le temps n’est pas encore venu de rebâtir la Maison du Seigneur ! » Or, voilà ce que dit le Seigneur par l’intermédiaire d’Aggée, le prophète : Et pour vous, est-ce bien le temps d’être installés dans vos maisons luxueuses, alors que ma Maison est en ruine ? Et maintenant, ainsi parle le Seigneur de l’univers : Rendez votre cœur attentif à vos chemins : Vous avez semé beaucoup, mais récolté peu ; vous mangez, mais sans être rassasiés ; vous buvez, mais sans être désaltérés ; vous vous habillez, mais sans vous réchauffer ; et le salarié met son salaire dans une bourse trouée. […] Allez dans la montagne, rapportez du bois pour rebâtir la maison de Dieu. Je prendrai plaisir à y demeurer, et j’y serai glorifié – déclare le Seigneur(15).
Une fois prononcée, la parole de Dieu redevient active et pertinente chaque fois qu’elle est à nouveau proclamée. Il ne s’agit pas d’une simple citation biblique. Nous sommes maintenant « ce peuple » auquel la Parole de Dieu est adressée. Quelles sont pour nous aujourd’hui « les maisons luxueuses » (certaines traductions disent : « lambrissées ») dans lesquelles nous sommes tentés de demeurer tranquilles ? Je vois trois maisons concentriques, l’une dans l’autre, d’où nous devons sortir pour gravir la montagne et reconstruire la maison de Dieu.
La première maison bien couverte, soignée et meublée, c’est mon « moi » : mon petit confort, ma gloire, ma position dans la société ou dans l’Église. C’est le mur le plus difficile à abattre, le mieux dissimilé. Il est si facile de confondre mon honneur avec celui de Dieu et de l’Église, l’attachement à mes idées avec l’attachement à la vérité pure et simple. Celui qui parle en ce moment ne pense pas faire exception. Nous sommes dans notre coquille, comme le ver à soie dans la sienne : autour, il y a toute la soie, mais si le ver à soie ne brise pas la coquille, il restera chenille et ne deviendra jamais un papillon qui vole.
Mais laissons ce sujet de côté, car nous avons de nombreuses occasions d’en entendre parler. La deuxième maison bien couverte dont nous devons sortir pour travailler à la « maison du Seigneur », c’est ma paroisse, mon ordre religieux, mon mouvement ou mon association ecclésiale, mon Église locale, mon diocèse… Ne nous méprenons pas. Malheur si nous n’avions aucun amour ni attachement à ces réalités particulières dans lesquelles le Seigneur nous a placés et dont nous sommes peut-être responsables. Le mal est de les absolutiser, de ne voir rien d’autre en dehors d’elles, de ne s’intéresser qu’à elles, en critiquant et en méprisant ceux qui ne la partagent pas. De perdre de vue, en somme, la catholicité de l’Église. D’oublier, comme le dit souvent le Saint-Père, que « le tout est supérieur à la partie ». Nous sommes un seul corps, le corps du Christ, et dans le corps, dit Paul, « si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance(16). » Le Synode devrait également servir à cela : nous rendre conscients et participants des problèmes et des joies de toute l’Église catholique.
Mais venons-en à la troisième maison bien couverte. En sortir est d’autant plus difficile que, pendant des siècles, on nous a inculqué que ce serait péché et trahison. J’ai lu récemment, pendant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le témoignage d’une femme catholique d’un pays à « religion mixte ». Lorsqu’elle était jeune, le prêtre de sa paroisse enseignait que le seul fait d’entrer physiquement dans une église protestante était un péché mortel. Et je suppose que l’on disait la même chose, de l’autre côté de la palissade, à propos de l’entrée dans une église catholique.
Je parle, bien sûr, de la troisième maison bien couverte qu’est la confession chrétienne particulière à laquelle nous appartenons, et je le fais en ayant encore en mémoire, tout frais, l’événement extraordinaire et prophétique de la réunion œcuménique qui a eu lieu au Sud-Soudan en février dernier. Nous sommes tous convaincus qu’une partie de la faiblesse de notre évangélisation et de notre action dans le monde est due à la division et à la lutte mutuelle entre chrétiens. On voit ce que Dieu dit, toujours dans notre Aggée :
« On attendait beaucoup, et voici qu’il y a peu ; ce que vous avez rapporté à la maison, j’ai soufflé dessus. À cause de quoi ? – oracle du Seigneur de l’univers. À cause de ma Maison qui est en ruine, quand chacun de vous s’agite pour sa propre maison(17). »
Jésus dit à Pierre : « Sur cette pierre, je bâtirai mon Église ». Il n’a pas dit : « Je bâtirai mes Églises ». Il doit y avoir un sens dans lequel ce que Jésus appelle « mon Église » englobe tous les croyants en lui et tous les baptisés. L’apôtre Paul a une formule qui pourrait remplir cette tâche d’englober tous ceux qui croient au Christ. Au début de la première lettre aux Corinthiens, il adresse sa salutation : « à tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre(18) ».
Nous ne pouvons certes pas nous satisfaire de cette unité si vaste, mais si vague. Et cela justifie l’engagement et la confrontation, y compris doctrinale, entre les Églises. Mais nous ne pouvons pas non plus mépriser et ignorer cette unité fondamentale qui consiste à invoquer le même Seigneur Jésus-Christ. Celui qui croit au Fils de Dieu croit aussi au Père et à l’Esprit Saint. Ce qui a été répété à plusieurs reprises est tout à fait vrai : « ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise ».
Dans les cas où nous ne pouvons que désapprouver l’usage qui est fait du nom de Jésus et la manière dont l’Évangile est annoncé, peut-être serons-nous aidés par ce que saint Paul dit de certains qui, en son temps, annonçaient l’Évangile « en intrigants, sans intention pure ». « Qu’importe ! » écrivait-il aux Philippiens, « De toute façon, que ce soit avec des arrière-pensées ou avec sincérité, le Christ est annoncé, et de cela je me réjouis(19) ». Sans oublier que les chrétiens d’autres confessions trouvent aussi chez nous, catholiques, des choses qu’ils ne peuvent pas approuver.
L’oracle d’Aggée sur le Temple reconstruit se termine par une promesse radieuse : « La gloire future de cette Maison surpassera la première – déclare le Seigneur de l’univers -, et dans ce lieu, je vous ferai don de la paix, – oracle du Seigneur de l’univers(20). » Nous n’osons pas dire qu’une telle prophétie se réalisera aussi pour nous et que la maison de Dieu qu’est l’Église du futur sera plus glorieuse que celle du passé que nous regrettons aujourd’hui ; nous pouvons cependant l’espérer et le demander à Dieu dans un esprit d’humilité et de repentance.
Les signes encourageants ne manquent pas : l’un des plus évidents est la recherche de l’unité entre les chrétiens. Dans un entretien avec un journaliste catholique, lors de son voyage de retour du Sud-Soudan, l’archevêque Justin Welby déclarait : « Lorsque nous voyons travailler ensemble des Églises qui, par le passé, étaient des ennemis déclarés, s’attaquaient et brûlaient les prêtres les unes des autres, se condamnant mutuellement dans les termes les plus violents ; lorsque cela se produit, cela signifie que quelque chose de spirituel se passe. Il y a une libération de l’Esprit de Dieu qui donne une grande espérance(21) ».
La prophétie d’Aggée que j’ai commentée, Vénérables Pères, frères et sœurs, est liée à un souvenir personnel et je vous demande pardon si j’ose le rappeler ici. Je le fais avec la certitude que la parole prophétique revient libérer sa charge de confiance et d’espérance chaque fois qu’elle est proclamée et écoutée dans la foi.
Le jour où mon Supérieur général me permit de quitter l’enseignement à l’Université catholique pour me consacrer à plein temps à la prédication, il y avait, dans la Liturgie des Heures, la prophétie d’Aggée que j’ai commentée. Après avoir récité l’Office, je vins ici à Saint-Pierre. Je voulais prier l’Apôtre de bénir mon nouveau ministère. À un moment donné, alors que j’étais sur la Place, cette parole de Dieu me revint à l’esprit avec force. Je me tournai alors vers la fenêtre du Pape au Palais apostolique et je me mis à proclamer à haute voix : « Courage, Jean-Paul II, courage, cardinaux, évêques et tout le peuple de l’Église ; et au travail car je suis avec vous, dit le Seigneur ». C’était facile à faire parce qu’il pleuvait et qu’il n’y avait personne à l’entour.
Sauf que quelques mois plus tard, en 1980, je fus nommé Prédicateur de la Maison Pontificale et me retrouvai en présence du Pape pour entamer mon premier Carême. Cette parole revint résonner en moi, non pas comme une citation et un souvenir, mais comme une parole vivante pour ce moment précis. Je racontai ce que j’avais fait ce jour-là sur la place Saint-Pierre. Puis je me tournai vers le Pape, qui suivait alors la prédication depuis une chapelle latérale, et je redis avec force les paroles d’Aggée : « Courage, Jean-Paul II, courage, vous, cardinaux, évêques et peuple de Dieu ; et au travail, car je suis avec vous, dit le Seigneur. Mon Esprit sera avec vous ». Et il me sembla, à voir son visage, que la parole donnait ce qu’elle promettait, c’est-à-dire du courage (même si Jean-Paul II était la dernière personne au monde à qui l’on devait recommander d’avoir du courage !).
Aujourd’hui, j’ose proclamer à nouveau cette Parole, sachant qu’il ne s’agit pas d’une simple citation, mais d’une parole toujours vivante qui revient faire chaque fois ce qu’elle promet. Courage donc, pape François ! Courage, frères cardinaux, évêques, prêtres et fidèles de l’Église catholique et au travail, car je suis avec vous, dit le Seigneur. Mon Esprit sera avec vous !
Je vous souhaite à tous une Sainte Pâque de paix et d’espérance.
1 Jn 16, 33.
2 Jn 14, 18.
3 Jn 14, 16-17.
4 Jn 14, 26.
5 Jn 15, 26-27.
6 Jn 16, 7.
7 Jn 16, 12-14.
8 2 Co 3, 17.
9 Rm 1, 4.
10 Mt 28, 20.
11 Mt 8, 26.
12 Col 1, 18.
13 Jn 16, 24.
14 Ag 2, 1-5.
15 Ag 1, 2-8.
16 1 Co 12, 26.
17 Ag 1, 9.
18 1 Co 1, 2.
19 Ph 1, 16-18.
20 Ag 2, 9.
21 In The Tablet, 11 février 2023, p. 6.