Le gouvernement de Daniel Ortega a fermé deux universités liées à l’Église catholique et a également supprimé le statut juridique de Caritas Nicaragua, réduisant ainsi les activités du service social de l’Église catholique dans le pays.
Les cinq filières de l’Université Jean-Paul II et les six de l’Université chrétienne autonome du Nicaragua (UCAN) ont été suspendues par un décret officiel « pour avoir manqué à leurs obligations conformément aux lois qui les régissent ». La résolution a été signée par la ministre de l’Intérieur, María Amelia Coronel Kinloch.
Les actifs des deux universités ont été transmis à l’État, conformément aux dispositions de la loi 1115 sur les organisations à but non lucratif. Les étudiants ont été transférés dans d’autres universités à la discrétion du gouvernement. Le processus d’appropriation par l’État de ces institutions et de leurs biens s’inscrit dans le cadre de la suppression des libertés par le régime Ortega.
La raison invoquée par les autorités est que ces universités « ont entravé le contrôle et la surveillance de la Direction générale concernant l’enregistrement des organisations à but non lucratif », selon l’AFP.
Des mesures de nationalisation et de contrôle du pays ont également été prises le lundi 6 mars par l’annulation du statut juridique de 18 associations, telles que le Conseil supérieur de l’entreprise privée (COSEP), qui regroupe d’autres chambres patronales. Le lendemain, mardi 7 mars, les universités ont été fermées.
Le ministère de l’Intérieur a demandé aux directeurs des deux universités de remettre au Conseil national des universités (CNU) toutes les « informations relatives aux étudiants, aux enseignants, aux cours, programmes, bases de données des inscriptions et résultats universitaires. »
Sanctions sévères à l’encontre de Caritas, organisation caritative sociale de premier plan
Peu de temps après, le gouvernement sandiniste a décidé d’annuler le statut juridique de Caritas Nicaragua. La décision a été approuvée par la ministre de l’Intérieur, María Amelia Coronel Kinloch, selon l’accord ministériel publié dans le Journal officiel, La Gaceta. L’annulation de la personnalité juridique intervient « en raison de la dissolution volontaire et de la liquidation de cette organisation », décidée à l’unanimité par ses membres, selon le ministère de l’Intérieur, lors d’une session extraordinaire du 31 janvier, d’après l’agence de presse EFE.
Caritas Nicaragua est un organisme de pastorale sociale de l’Église catholique qui aide les pauvres, en leur fournissant des vivres et des médicaments et en conseillant les réfugiés et les personnes menacées d’exclusion sociale.
La fermeture de cette association catholique est un fait notable car elle a remporté le prix international des « Femmes semeuses de développement » en 2015, décerné par la Pastorale sociale Caritas du CELAM, pour son action sociale en faveur du développement des femmes rurales, un prix de 10 000 €.
Caritas Nicaragua avait obtenu son statut juridique le 30 novembre 1994. Son président en exercice est Monseigneur Sócrates René Sándigo Jirón, évêque du diocèse de León et Chinandega.
Ce décret est caractéristique de la mise hors la loi massive des ONG nicaraguayennes et étrangères par le gouvernement de Daniel Ortega. Il s’agit d’un nouvel acte de blocage de l’exécutif sandiniste à l’encontre de l’Église catholique nicaraguayenne, à l’instar de l’arrestation de l’évêque Rolando Álvarez, condamné à 26 ans et 4 mois de prison pour « trahison » pour avoir refusé d’être exilé (cf. bulletin de ZENIT du 13 février 2023).
Le président Ortega a attaqué à plusieurs reprises ce qu’il appelle la « mafia de l’Église catholique ». Il l’accuse d’être antidémocratique en empêchant l’élection du pape, des cardinaux, des évêques et des prêtres par un vote direct des catholiques.
Il a également entériné la dissolution de l’association Caritas du diocèse de Jinotega, enregistrée depuis le 22 septembre 2006 en tant qu’institution pastorale sociale catholique régionale.
Caritas Nicaragua avait déjà dénoncé le blocus douanier imposé par le gouvernement Ortega depuis 2019, empêchant la réception de dons de l’étranger sous forme de nourriture, de médicaments, de moyens de soutien à la population nécessiteuse ou de contributions financières.