Dieu ne se manifeste pas à travers « des signes prodigieux » ; il est « caché dans les situations les plus communes et ordinaires de notre vie », « dans notre travail quotidien, dans une rencontre fortuite, dans le visage d’une personne », a affirmé le pape François, introduisant les fidèles au temps liturgique de l’Avent.
Le pape François a commenté l’Evangile du jour avant la prière de l’Angelus, Place Saint-Pierre, dimanche 27 novembre 2022, premier jour de la période liturgique de l’Avent, pendant laquelle l’Eglise se prépare à Noël. « Dieu vient, Dieu est proche », cette « belle promesse », a souligné le pape, est le « fondement de notre espérance », qui « nous soutient » dans les difficultés de la vie.
Pour vivre cette « vérité », qui n’est pas « seulement théorique », le pontife a invité à se poser deux questions concrètes : « comment le Seigneur vient-il ? » et « comment le reconnaître et l’accueillir ? ». Le Seigneur ne vient pas « de manière éclatante », ou dans les événements « extraordinaires », a-t-il expliqué, mais il se manifeste, « nous appelle » et « nous inspire » « dans les situations les plus communes et ordinaires de notre vie ».
Le pape François met en garde contre le « risque » de ne pas être « capable de percevoir la présence de Dieu » dans la vie quotidienne et par conséquent de ne pas « être préparés » à la venue du Christ à la fin des temps. Il invite à être « attentifs » et « vigilants », et à ne pas se laisser « ballotter » par les événements. Et de donner en modèle la Vierge Marie « qui a su saisir le passage de Dieu dans la vie humble et cachée de Nazareth ».
Paroles du pape François avant la prière de l’Angelus
Chers frères et sœurs, bonjour et bon dimanche !
Dans l’Evangile de la liturgie de ce jour, nous entendons une belle promesse qui nous introduit dans le temps de l’Avent : « Votre Seigneur viendra » (cf. Mt 24, 42). C’est le fondement de notre espérance, c’est ce qui nous soutient également dans les moments plus difficiles et douloureux de notre vie : Dieu vient, Dieu est proche et il vient. Ne l’oublions jamais ! Le Seigneur vient toujours, le Seigneur nous rend visite, le Seigneur se fait proche et il reviendra à la fin des temps pour nous accueillir et nous serrer dans ses bras. Devant cette parole, nous nous interrogeons : comment le Seigneur vient-il ? Et comment le reconnaître et l’accueillir ? Arrêtons-nous brièvement sur ces deux questions.
La première question : comment le Seigneur vient-il ? Nous avons souvent entendu dire que le Seigneur est présent sur notre chemin, qu’il nous accompagne et nous parle. Mais, distraits comme nous le sommes par tant de choses, peut-être cette vérité reste-t-elle pour nous seulement théorique ; oui, nous savons que le Seigneur vient mais nous ne vivons pas cette vérité, ou bien nous imaginons que le Seigneur vient de manière éclatante, peut-être à travers un signe prodigieux. Au contraire, Jésus dit qu’il en sera « comme aux jours de Noé » (cf. v. 37). Et que faisait-on aux jours de Noé ? Simplement les affaires normales et quotidiennes de la vie, comme toujours : « on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari » (v. 38). Tenons-en compte : Dieu est caché dans notre vie, il est toujours là, il est caché dans les situations les plus communes et ordinaires de notre vie. Il ne vient pas dans des événements extraordinaires mais dans les choses de tous les jours, il se manifeste dans les choses de tous les jours. Il est là, dans notre travail quotidien, dans une rencontre fortuite, dans le visage d’une personne qui a besoin de quelque chose, et aussi lorsque nous affrontons des journées qui semblent grises et monotones, le Seigneur est justement là, il nous appelle, il nous parle et inspire nos actions.
Il y a toutefois une deuxième question : comment reconnaître et accueillir le Seigneur ? Nous devons être éveillés, attentifs et vigilants. Jésus nous avertit : il y a un risque de ne pas nous apercevoir de sa venue et de ne pas être préparés à sa visite. J’ai rappelé plusieurs fois ce que disait saint Augustin : « Je crains le Seigneur qui passe » (Sermons 88, 14.13), c’est-à-dire je crains qu’il ne passe et de ne pas le reconnaître ! En effet, Jésus dit de ces personnes du temps de Noé qu’elles mangeaient et buvaient, et qu’elles « ne se sont doutées de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis » (v. 39). Faisons attention à cela : ils ne se sont aperçus de rien ! Ils étaient pris par leurs affaires et ils ne se sont pas rendu compte que le déluge allait arriver. Jésus dit, en fait, que lorsqu’il viendra, « deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé » (v. 40). Dans quel sens ? Quelle est la différence ? Simplement, l’un a été vigilant, il attendait, capable de percevoir la présence de Dieu dans sa vie quotidienne ; l’autre, au contraire, était distrait, il « gagnait sa vie » et ne s’est aperçu de rien.
Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, laissons-nous secouer de notre torpeur et sortons de notre sommeil ! Essayons de nous demander : ai-je conscience de ce que je vis, suis-je attentif, suis-je éveillé ? Est-ce que je cherche à reconnaître la présence de Dieu dans les situations quotidiennes, ou suis-je distrait et un peu ballotté par les choses ? Si nous ne nous apercevons pas aujourd’hui de sa venue, nous ne serons pas non plus préparés lorsqu’il viendra à la fin des temps. C’est pourquoi, frères et sœurs, restons vigilants ! En attendant que le Seigneur vienne, en attendant que le Seigneur s’approche de nous, parce qu’il est là, mais attendons-le en étant attentifs. Et que la Vierge Sainte, Femme de l’attente, qui a su saisir le passage de Dieu dans la vie humble et cachée de Nazareth, et qui l’a accueilli en son sein, nous aide sur ce chemin à être attentifs dans l’attente du Seigneur qui est parmi nous et qui passe.
© Traduction de Zenit