« Aujourd’hui où l’Église en France a souhaité écouter les personnes victimes et agir en vérité, j’ai décidé de ne plus taire ma situation et de me mettre à la disposition de la justice tant sur le plan de la société que celui de l’Église » : c’est ainsi que commence l’aveu du cardinal Jean-Pierre Ricard qui bouleverse à nouveau l’Eglise de France et au-delà.
Alors que l’assemblée plénière de la Conférence des évêques de France était réunie à Lourdes dans un contexte de tensions liées notamment à la récente « Affaire Mgr Santier », l’ancien président de la CEF, le cardinal Jean-Pierre Ricard, a décidé de se dénoncer publiquement dans un communiqué publié le 7 novembre dernier et envoyé la veille à la CEF.
« Il y a 35 ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans », avoue le cardinal dans une démarche qu’il dit « difficile ». Conscient que son comportement a « nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables », il affirme qu’il s’en est « expliqué avec elle » et qu’il lui a demandé pardon. « Je renouvelle ici ma demande de pardon ainsi qu’à toute sa famille ».
« Ce qui est premier, c’est la souffrance vécue par les personnes victimes et la reconnaissance des actes commis », déclare le cardinal dans le communiqué, précisant ne pas vouloir pour autant « cacher (sa) responsabilité ».
Le cardinal Ricard demande également pardon « à celles et ceux que j’ai blessés et qui vivront cette nouvelle comme une véritable épreuve » et annonce prendre un temps de retrait et de prière « en raison de ces actes ».
Le cardinal Jean-Pierre Ricard a été évêque de Grenoble, archevêque de Montpellier puis de Bordeaux et deux fois président de la CEF. Il est archevêque émérite de Bordeaux depuis le 1er octobre 2019.
Dans une conférence de presse improvisée le 7 novembre 2022, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la Conférence des évêques de France, a évoqué le « choc » produit par cette nouvelle pour l’ensemble des évêques, en raison de « l’estime » qu’ils avaient pour celui qu’ils ont élu deux fois à leur tête. Il comprend « la stupeur des diocésains et de tous les catholiques de France ».
Le Président de la CEF a précisé que le fait révélé par le cardinal Ricard, avait fait l’objet d’un signalement auprès du procureur, puisque la jeune fille était mineure au moment des faits, et d’un signalement auprès du Dicastère pour la doctrine de la foi.