Mgr Francesco Follo à l'UNESCO, 2 juillet 2021 © Mgr Follo

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La grâce d’une rencontre

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Méditation sur les lectures de dimanche 30 octobre 2022

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XXXI Dimanche du Temps Ordinaire – Année C – 30 octobre 2022

Rite Romain : Sap 11,22-12,2; Sal 144; 2Ts 1,11-2,2; Lc 19,1-10

Rite Ambrosien : Is 25,6-10a; Sal 35; Rm 4,18-25; Mt 22,1-14

II Dimanche après la Dédication du Dôme.

La participation des gens au salut

  1. Une question de regards

Pour ce qui concerne le chemin de Jesus vers Jérusalem, j’ai déjà dit d’autres fois qu’il ne suit pas la logique de la géographie, mais celle de la rédemption miséricordieuse. Aujourd’hui nous accompagnons Jésus à Jéricho. Pendant que nous traversons la ville avec le Messie, celui-ci rencontre le peuple et Zachée, le chef percepteur de la douane de Jéricho, une zone de frontière de la province romaine. A première vue, il s’agit d’un « cas difficile ». D’une coté, cet homme était considéré un pécheur connu, à éviter à cause de son travail qui le rendait légalement impur. De l’autre coté, il était aussi un imposteur, un collaborateur avec l’ennemi, l’occupant romain au nom duquel il recueillait les impôts. En plus, il était un homme riche. Il y avait peu de temps que Jésus avait dit à un jeune homme riche : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » (Lc 18,25). Heureusement la miséricorde du Rédempteur ne s’arrête pas devant les cas difficiles. Aujourd’hui, l’exemple nous parvient de la rencontre du Sauveur avec Zachée. Sa conversion démontre qu’aucune condition humaine est incompatible avec le salut : « Le salut est entré  aujourd’hui dans cette maison», il s’est installé pour reposer.

Seulement Jésus, vrai homme et vrai Dieu, pouvait faire ça : entrer dans la maison d’un pécheur excommunié pour reposer et le sauver. Kataluma, dans le texte grec, signifie lieu pour loger. Salle à manger. « Kataluma » est utilisé deux autres fois dans l’Evangile de Luc : au moment de la naissance, où la grotte est indiquée avec le même mot de ce passage de l’Evangile et aussi dans la dernière Cène. Même à ce moment là, ce mot indique le Cénacle comme lieu de repos, où le Christ célébrera l’eucharistie. Le passage d’aujourd’hui explique très bien le sens (but et valeur) de la vie du Salvateur, à partir de sa naissance jusqu’à sa mort, à l’eucharistie où il se donne à manger dans la crèche des bêtes à tous les pécheurs ; Il devient notre vie si nous, pécheurs repentis, l’accueillons.

Donc, suivons l’exemple de ce converti. Zachée sait d’être un pécheur et d’avoir besoin du pardon de Dieu. Avec cet homme, de taille petite, nous grimpons sur les arbres pour voir Jésus. Alors le Rédempteur soulèvera le regard vers chacun de nous et même à nous il dira : «  Zachée, descends immédiatement, parce-que aujourd’hui je dois rester chez toi ». Il descendit tout de suite et l’accueilli plein de joie (Lc 19, 5-6).

Tout commence avec un échange de regards. Zachée (chacun de nous) désir voir Jésus et ce désir correspond au besoin de Jésus de s’arrêter et séjourner chez le pécheur qui change vie, au moment qu’il donne la moitié de ses biens aux pauvres.

  1. Recherche de Miséricorde 

Nous devons nous souvenir que l’initiative vient du Christ et est gratuite, comme dans le cas de Zachée. Certainement elle s’insère dans la disponibilité de l’homme. La rencontre avec Dieu est toujours cadeau et accomplissement d’une recherche à la fois, est la réalisation d’un désir. Pas seulement Zachée cherchait Jésus, mais aussi Jésus cherchait Zachée. L’initiative de Dieu précède celle de l’homme, qui ouvre sa maison à Dieu. Un peintre anglais a peint un Jésus qui frappe derrière une porte fermée, tandis que la tempête fait rage. Il est parmi mauvaises herbes et ronces. Dés que la poignée de porte se trouve seulement à l’intérieur, Il ne peut pas entrer jusqu’au moment que quelqu’un l’ouvre. Cette image de Dieu et nous est très belle!  Nous seulement pouvons ouvrir la porte au Christ, nous seulement pouvons faire demi-tour vers la source de la vie, nous seulement sommes capables de se faire accueillir par Celui qui « a pitié de tous en vue de repentir » (Sap 11,23). 

Le premier pas de ce chemin de conversion – selon le passage évangélique d’aujourd’hui – est le « désir de voir » : ici Zachée désire voir « qui était Jésus ». Toutefois, je ne crois pas que Zachée est sortie de chez lui parce qu’il voulait se convertir. Certainement, dans son cœur et dans son esprit il y avait quelque chose : un désir de vérité et de bien qui le sollicitait. Mais il s’agissait de curiosité probablement, d’un désir de connaitre une personne dont beaucoup de gens parlaient. En tout cas, cette recherche curieuse est liée au fait de vouloir voir. Il s’agit de faire rencontrer les yeux de l’un avec les yeux de l’autre et accepter son invitation, ou mieux l’invitation de soi-même à rester chez nous à fin de séjourner chez nous. Qui est-qui aurait imaginé que Dieu « doit » séjourner avec chacun d’entre nous ? Pour Dieu ceci est le devoir de l’amour, qui monte sur l’arbre (la croix de la vie) pour prendre notre place et  nous sauver.

Le deuxième pas pour changer vie est le « rappel » de Jésus, qui veut depuis toujours sauver le pécheur. Jésus invite soi-même, mais cette invitation de soi-même avait déjà commencé à Bethléem  dans une grotte.

Le troisième pas est constitué par le fait que Zachée (qui représente chacun de nous) « répond » plein de joie à l’appel. La vie humaine est donc une réponse joueuse à l’Amour qui guérit et sauve. Nous devons nous laisser étonner de la joie. Qui pouvait imaginer que la réponse se trouve en accueillir Dieu, qui demande de reposer chez nous, dans notre amour fragile ? Avec l’amour guéri et fortifié par l’Amour, chacun de nous accueilli Dieu dans la maison de son cœur, où le Christ trouve repos parce qu’Il est accueilli, aimé. Ailleurs le Fils de Dieu est sur la Croix.

Finalement, le quatrième et le cinquième pas de la conversion sont l’expiation du péché commis (« Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ») et le partage (« Je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens »).

La décision pour ces passages est la réponse au salut qui est allé au-devant de Lazare en Christ. Il est le Fils de Dieu qui est venu pour chercher et sauver ce qui est perdu. Nous nous souvenons la parabole du pasteur qui dit « venez avec moi, réjouissez avec moi  parce-que j’ai trouvé mon brebis perdu. Jésus est le Fils de l’homme qui est venu à chercher l’homme, est Dieu même qui est devenu homme pour rencontrer l’homme, chaque perdu. Il est vraiment Dieu, Il est amour. L’homme retourne à être homme, à être aimé et à pouvoir aimer et être image et ressemblance du Créateur. Il s’agit de la scène émouvante qui renvoie au passage antérieur de l’Evangile d’aujourd’hui, qui parle de l’aveugle qui vient à la lumière. Celui est le premier petit homme, qui vient à la lumière, la même lumière de Dieu.

Zachée, « cherché » et « sauvé » sans conditions, voie son cœur désormais transformé gratuitement dans une source d’amour, malgré les « murmures » et le « scandale » qui provoque toujours une conversion imprévue. Libéré de son péché, Zachée (mot qui signifie « Dieu se souvient ») se donne complètement aux frères, à partir du don aux pauvres de la moitié de ses biens.

Il faut monter en haut avec la Croix et regarder la vie comme de l’haut de ce bois pour accueillir « aujourd’hui » le Christ qui invite soi-même chez nous. Il faut monter sur le sycomore qui est la Croix et ne pas en avoir honte, dès que Zachée n’a pas eu honte de monter sur cet arbre pour voir Jésus.

Ce Chef des publicains était poussé du désir de voir Dieu et le rencontra dans le Christ quand il entra en communion avec Lui. A fin que ça arrive ou arrive à nouveau aussi à chacun d’entre nous, nous devons prier la Vierge Marie, modèle parfait de communion avec Jésus, parce-que même nous pouvons expérimenter la joie d’être visité par le Fils de Dieu, d’être renouvelé par son amour et transmettre aux autres sa miséricorde.

 Dans cette prière et dans cette action d’accueillir sans réserve le Christ, nous trouvons les Vierges Consacrées dans le monde qui témoignent avec la profession de virginité qu’elles deviennent maison consacrée où le Fils de Dieu peut reposer et répandre sa miséricorde. En ajoute, elles témoignent dans le dévouement au Christ, source de chaque bien, qu’il est possible d’avoir un bonheur plein et permanent.

Comme les vierges Consacrées dans le monde font, nous devons accueillir le Christ dans la « maison » de notre cœur. Il est « nécessaire et opportun », comme dit l’original grec, que le Christ « s’arrêt » dans la maison de Zachée, comme « aujourd’hui » dans notre vie. Il est « opportun » pour ceux qui sont à notre coté, auxquels nous pouvons rendre « quatre fois plus » ce que nous avons pris injustement. Mais il est autant opportun pour le monde d’annoncer l’amour dont le pécheur a le droit et que la miséricorde de Dieu multiplie. Le vrai amour est une nécessité et l’amour virginal, chaste est l’amour authentique.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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