Congrès Sainteté, 6 octobre 2022 © Vatican Media

Congrès Sainteté, 6 octobre 2022 © Vatican Media

La vie des saints, «un commentaire fascinant de l’Evangile»

Aux participants au Congrès sur la sainteté

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« Les saints sont des perles précieuses », a déclaré le pape François ce jeudi 6 octobre. « Ils sont toujours vivants et actuels, a-t-il poursuivi, ils ne perdent jamais leur valeur, parce qu’ils représentent un commentaire fascinant de l’Evangile ».

Le pape François a reçu en audience les quelque 300 participants au congrès organisé par le Dicastère pour les causes des saints, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique, ce jeudi 6 octobre 2022. Intitulé « La sainteté aujourd’hui », le congrès s’est déroulé du 3 au 6 octobre à l’Institut patristique Antonianum, à Rome.

La vie des saints est « comme un catéchisme en images, l’illustration de la Bonne Nouvelle que Jésus a apportée à l’humanité », a dit encore le pape. Ayant fait « l’expérience d’être aimés de Dieu » et « de recevoir gratuitement son amour et sa miséricorde », ils ont « un cœur joyeux et ouvert à l’espérance », « la certitude de pouvoir tout affronter avec la grâce et l’audace qui viennent de Dieu ».

Le peuple de Dieu a depuis toujours un « flair particulier » pour reconnaître ces modèles de sainteté, a souligné François, invitant ses auditeurs à être attentifs à cette réputation de sainteté qui « ne vient pas d’abord de la hiérarchie mais des fidèles ». Cela nécessite, a-t-il souligné, un « discernement sage et perspicace » afin de vérifier que la réputation de sainteté soit « spontanée, stable, durable et diffuse dans une partie significative de la communauté chrétienne ».

Voici notre traduction du discours du pape François.

 

Discours du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je suis heureux de vous rencontrer au terme du congrès sur « la sainteté aujourd’hui », organisé par le Dicastère pour les causes des saints. Je salue et je remercie le cardinal Marcello Semeraro, les autres supérieurs, les official, les postulateurs et leurs collaborateurs. Je vous salue tous, vous qui venez de différentes parties du monde et qui avez participé à ces journées d’études et de réflexion, favorisées par l’apport d’intervenants de valeur représentant le monde théologique, scientifique, culturel et des médias.

Le thème choisi par le congrès est en harmonie avec l’exhortation apostolique Gaudete et exsultate, qui vise à « faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités » (n.2). Cet appel est au cœur du Concile Vatican II, qui a consacré un chapitre entier de Lumen gentium à la vocation universelle à la sainteté et qui affirme : « tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père » (n.11). Aujourd’hui encore, il est important de découvrir la sainteté dans le saint peuple de Dieu : dans les parents qui élèvent leurs enfants avec amour, dans les hommes et les femmes qui s’engagent dans leur travail quotidien, dans les personnes qui supportent une condition d’infirmité, dans les personnes âgées qui continuent de sourire et d’offrir la sagesse. Le témoignage d’un comportement chrétien vertueux, vécu dans l’aujourd’hui par tant de disciples du Seigneur, est pour nous tous une invitation à répondre personnellement à l’appel à être saint. Ce sont des saints « de la porte à côté », que nous connaissons tous.

A côté, ou mieux, au milieu de cette multitude de croyants, que j’ai appelés les « saints de la porte à côté », (Gaudete et exsultate, 7), il y a ceux que l’Eglise donne comme modèles, intercesseurs et maîtres. Il s’agit des saints béatifiés et canonisés, qui rappellent à tous qu’il est possible et qu’il est beau de vivre l’Evangile en plénitude. En effet, la sainteté n’est pas un programme d’efforts et de renoncements, il ne s’agit pas de faire une « gymnastique spirituelle », non, c’est autre chose ; c’est avant tout l’expérience d’être aimés de Dieu, de recevoir gratuitement son amour et sa miséricorde. Ce don divin nous ouvre à la reconnaissance et nous permet de faire l’expérience d’une grande joie, qui n’est pas l’émotion d’un instant ni un simple optimisme humain, mais la certitude de pouvoir tout affronter avec la grâce et l’audace qui viennent de Dieu.

Sans cette joie, la foi se réduit à un exercice oppressant et triste ; mais on ne devient pas saint « en faisant la tête » : il faut un cœur joyeux et ouvert à l’espérance. Le nouveau bienheureux Jean-Paul Ier nous donne l’exemple de cette sainteté pleine de bonne humeur. Pour les adolescents et les jeunes, le bienheureux Carlo Acutis est également un modèle de joie chrétienne. Et le paradoxe évangélique de la « joie parfaite » de saint François d’Assise nous édifie sans cesse.

La sainteté pousse dans la vie concrète des communautés chrétiennes. Les saints ne viennent pas d’un « monde parallèle » ; ce sont des croyants qui appartiennent au peuple fidèle de Dieu et qui sont insérés dans le quotidien de la famille, des études, du travail, de la vie sociale, économique et politique. Dans tous ces contextes, le saint ou la sainte marche et agit sans craintes ni fermetures, faisant en toute circonstance la volonté de Dieu. Il est important que toutes les Eglises particulières soient attentives à saisir et mettre en valeur les exemples de vie chrétienne qui ont mûri au sein du peuple de Dieu, qui a depuis toujours un « flair » particulier pour reconnaître ces modèles de sainteté, ces témoins extraordinaires de l’évangile. Il convient donc de tenir compte avec justesse du consensus des gens autour de ces figures exemplaires d’un point de vue chrétien. En effet, les fidèles sont dotés par la grâce divine d’une perception spirituelle indéniable pour repérer et reconnaître dans l’existence concrète de certains baptisés l’exercice héroïque des vertus chrétiennes. La fama sanctitatis (réputation de sainteté, ndr) ne vient pas d’abord de la hiérarchie mais des fidèles. C’est le peuple de Dieu, dans ses différentes composantes, qui est le protagoniste de la fama sanctitatis, c’est-à-dire de l’opinion commune et diffuse parmi les fidèles au sujet de l’intégrité de vie d’une personne perçue comme témoin du Christ et des béatitudes évangéliques.

Il est toutefois nécessaire de vérifier que cette réputation de sainteté soit spontanée, stable, durable et diffuse dans une partie significative de la communauté chrétienne. Elle est en effet authentique lorsqu’elle résiste aux changements du temps, aux modes du moment et qu’elle génère toujours des effets salutaires pour tous, comme nous pouvons le constater dans la piété populaire.

De nos jours, un accès correct aux moyens de communication peut favoriser la connaissance du vécu évangélique d’un candidat à la béatification ou à la canonisation. Toutefois, dans l’usage des médias numériques, en particulier des réseaux sociaux, il peut y avoir un risque d’exagération et de mystification dictés par des intérêts peu nobles. Il faut donc un discernement sage et perspicace de la part de tous ceux qui s’occupent de la qualité de la réputation de sainteté. D’autre part, un élément qui prouve la fama sanctitatis ou la fama martirii (réputation de martyre, ndr) est toujours la fama signorum (réputation des signes, ndr). Lorsque les fidèles sont convaincus de la sainteté d’un chrétien, ils ont recours – parfois massivement et avec passion – à son intercession céleste ; l’exaucement de la prière de la part de Dieu représente une confirmation de cette conviction.

Chers frères et sœurs, les saints sont des perles précieuses ; ils sont toujours vivants et actuels, ils ne perdent jamais leur valeur, parce qu’ils représentent un commentaire fascinant de l’Evangile. Leur vie est comme un catéchisme en images, l’illustration de la Bonne Nouvelle que Jésus a apportée à l’humanité : que Dieu est notre Père et nous aime tous d’un amour immense et d’une tendresse infinie. Saint Bernard disait que, lorsqu’il pensait aux saints, il se sentait brûlé « par de grands désirs » (Disc. 2 ; Opera Omnia Cisterc. 5, 364ss). Que leur exemple éclaire l’esprit des femmes et des hommes de notre temps en ravivant leur foi, en animant leur espérance et en les brûlant de charité, afin que chacun se sente attiré par la beauté de l’Evangile et que personne ne s’égare dans les brumes du non-sens et du désespoir.

Je ne veux pas conclure sans évoquer une dimension de la sainteté à laquelle j’ai consacré un petit chapitre dans Gaudete et exsultate : le sens de l’humour. Quelqu’un a dit : « Un saint triste est un triste saint ». Savoir apprécier la vie avec le sens de l’humour, parce que prendre la part de la vie qui fait rire allège l’âme. Et il y a une prière que je vous recommande de prier – moi, cela fait plus de 40 ans que je la prie tous les jours – c’est la prière de saint Thomas More : c’est curieux, il demande quelque chose pour la sainteté mais il commence en disant : « Seigneur donne-moi une bonne digestion et quelque chose à digérer ». Il est concret, mais c’est précisément de là que vient son humour. La prière est dans la note 101 de Gaudete et exsultate ; c’est là qu’est la prière, pour que vous puissiez la prier.

J’espère que les approfondissements et les sollicitations de votre congrès pourront aider l’Eglise et la société à saisir les signes de sainteté que le Seigneur ne cesse de susciter, parfois même de la manière la plus impensable. Je vous remercie pour votre travail. Je le confie à la maternelle intercession de Marie, Reine de tous les saints, et je vous bénis de tout cœur. Et ensuite, le cardinal Semeraro vous a déjà demandé de prier pour moi ; alors je ne le dis pas, c’est lui qui l’a dit ! Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

 

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Hélène Ginabat

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