L’avidité, la « convoitise effrénée des biens » est une « maladie » qui détruit la personne car elle la rend « dépendante » et « esclave » ; c’est aussi une maladie « dangereuse pour la société », à la racine des guerres et des conflits, a averti le pape François avant l’angelus du dernier dimanche de juillet.
Avant la prière de l’angelus, le 31 juillet, de la fenêtre du studio du Palais apostolique du Vatican, le pape François a commenté l’Evangile de la liturgie du jour dans lequel il est question du partage d’un héritage entre deux frères. Devant la foule d’environ 12 000 personnes, rassemblées Place Saint-Pierre, François a mis en garde contre ce genre de disputes pour un héritage, fréquentes dans les familles.
Loin de condamner les richesses en elles-mêmes, le pape a souligné le danger d’y être trop « attaché » : on devient, a-t-il dit, « esclave » de ce qui devrait servir « pour vivre libre et serein ». De même, a-t-il interrogé, « combien d’intérêts se cachent-ils derrière une guerre ? ». Les conflits et les guerres sont « presque toujours dus à la soif de ressources et de richesses ».
Le pape a invité à regarder la racine de ces maux, qui est « l’avidité qui est dans le cœur de chacun » et qui peut conduire à faire des richesses « une véritable idolâtrie ». D’où l’avertissement évangélique selon lequel on ne peut servir « deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent ». « Se servir des richesses, oui ; servir la richesse, non ! C’est de l’idolâtrie, c’est offenser Dieu », a conclu le pape François.
Paroles du pape François avant l’angelus
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans l’Evangile de la liturgie de ce jour, un homme adresse cette requête à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage » (Lc 12, 13). C’est une situation très ordinaire, ce genre de problèmes est encore à l’ordre du jour : combien de frères et sœurs, combien de membres d’une même famille se disputent pour un héritage, et peut-être ne se parlent-ils plus !
En répondant à cet homme, Jésus n’entre pas dans les détails, mais il va à la racine des divisions causées par la possession des choses et il dit clairement : « Gardez-vous bien de toute avidité » (v. 15). Qu’est-ce que l’avidité ? C’est la convoitise effrénée des biens, vouloir toujours s’enrichir. C’est une maladie qui détruit les personnes, parce que la soif de possession crée la dépendance. Et surtout, celui a beaucoup ne s’en contente jamais : il veut toujours plus, et seulement pour lui-même. Mais ainsi, il n’est plus libre : il est attaché, esclave de ce qui, paradoxalement, devait lui servir pour vivre libre et serein. Au lieu de se servir de l’argent, il devient le serviteur de l’argent. Mais l’avidité est une maladie dangereuse pour la société aussi : à cause d’elle, nous en sommes arrivés aujourd’hui à d’autres paradoxes, à une injustice comme jamais auparavant dans l’histoire, où un petit nombre a beaucoup et où beaucoup ont peu ou rien. Pensons également aux guerres et aux conflits : ils sont presque toujours dus à la soif de ressources et de richesses. Combien d’intérêts se cachent-ils derrière une guerre ? L’un d’eux est certainement le commerce des armes. Ce commerce est un scandale auquel nous ne devons et ne pouvons pas nous résigner.
Aujourd’hui, Jésus nous enseigne qu’au cœur de tout cela, il n’y a pas seulement quelques puissants ou certains systèmes économiques : au centre, il y a l’avidité qui est dans le cœur de chacun. Alors, essayons de nous interroger : où en suis-je du détachement des biens, des richesses ? Est-ce que je me lamente de ce qui me manque ou est-ce que je sais me contenter de ce que j’ai ? Suis-je tenté, au nom de l’argent et des opportunités, de sacrifier mes relations et de sacrifier mon temps pour les autres ? Ou encore : m’arrive-t-il de sacrifier la légalité et l’honnêteté sur l’autel de l’avidité ? J’ai dit « autel », l’autel de l’avidité, mais pourquoi ai-je dit « autel » ? Parce que les biens matériels, l’argent, les richesses peuvent devenir un culte, une véritable idolâtrie. C’est pourquoi Jésus nous met en garde par des paroles fortes. Il dit qu’on ne peut servir deux maîtres et, si nous sommes attentifs, il ne dit pas : Dieu et le diable, non, ou alors le bien et le mal, mais : Dieu et l’argent (cf. Lc 16, 13). On s’attendrait à ce qu’il dise : on ne peut servir deux maîtres, Dieu et le diable. Mais il dit : Dieu et l’argent. Se servir des richesses, oui ; servir la richesse, non ! C’est de l’idolâtrie, c’est offenser Dieu.
Alors, pourrions-nous penser, ne peut-on pas désirer être riche ? Bien sûr que oui, et même, il est juste de le désirer, c’est beau de devenir riche, mais riche selon Dieu ! Dieu est le plus riche de tous : il est riche en compassion, en miséricorde. Sa richesse n’appauvrit personne, il ne provoque ni disputes ni divisions. C’est une richesse qu’il aime donner, distribuer et partager. Frères et sœurs, accumuler des biens matériels ne suffit pas pour vivre bien parce que, comme le dit encore Jésus, la vie ne dépend pas de ce que l’on possède (cf. Lc 12, 15). Elle dépend, en revanche, des bonnes relations : avec Dieu, avec les autres et aussi avec celui qui a moins. Demandons-nous alors : et moi, comment est-ce que je veux m’enrichir ? Est-ce que je veux m’enrichir selon Dieu ou selon mon avidité ? Et, pour revenir à la question de l’héritage, quel héritage est-ce que je veux laisser ? De l’argent en banque, des choses matérielles ou des personnes heureuses autour de moi, des œuvres de bien que l’on n’oublie pas, des personnes que j’ai aidées à grandir et à mûrir ?
Que la Vierge Marie nous aide à comprendre quels sont les véritables biens de la vie, ceux qui restent pour toujours.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat