En s’adressant aux membres de la Commission anglicane-catholique romaine, le pape François affirme que « toute recherche d’une communion plus profonde doit être un échange de dons, où chacun assimile comme sien ce que Dieu a semé dans l’autre ». « Le don révèle l’âme de l’œcuménisme », affirme-t-il.
Le pape a reçu ce vendredi 13 mai 2022 les membres de la Commission internationale anglicane-catholique romaine (l’ARCIC), lieu de dialogue œcuménique créée en 1967, un an après la rencontre historique entre le pape Paul VI et l’archevêque de Canterbury Michael Ramsey au cours de laquelle une déclaration commune des Églises catholique et anglicane a été signée.
« Chemin » et « don », tels sont les deux mots sur lesquels voulait « réfléchir » le pape François dans son discours.
« Chemin » est « l’objet » du dernier document publié par la Commission anglicane-catholique romaine et intitulé « Marcher ensemble sur le chemin », rappelle le pape : « cela signifie, selon les paroles de l’apôtre des nations, aller de l’avant, laisser derrière nous ce qui divise, passé et présent, et garder le regard fixé sur Jésus et sur le but qu’il veut et nous indique : le but de l’unité entre nous ». Cette unité, explique le pape, « doit être accueillie avec humilité, comme une grâce de l’Esprit, et doit être poursuivie en ‘cheminant ensemble’, en se soutenant mutuellement sur le chemin ».
« Le dialogue œcuménique est un chemin », affirme le pape François précisant qu’« il ne s’agit pas » « simplement de parler ensemble ». Il s’agit « d’apprendre à se connaître personnellement et pas seulement à travers les livres, de partager nos aspirations et nos moments de fatigue, et de nous salir les mains en aidant ensemble nos frères et sœurs blessés abandonnés sur les bords du chemin de notre monde ».
Comme exemple du chemin commun concret, le pape cite le prochain voyage qu’il effectuera au Soudan du Sud en juillet, avec Justin Welby, archevêque de Canterbury et modérateur de l’Église d’Écosse. « Ce sera un pèlerinage œcuménique de paix », affirme le pape François. Il invite tout le monde à prier pour que ce voyage « inspire les chrétiens du Soudan du Sud et du monde à être des promoteurs de réconciliation, des tisserands d’harmonie, capables de dire non à la spirale perverse et inutile de la violence et des armes ».
Le deuxième terme sur lequel réfléchit le pape est le « don ».
Quelle attitude devons-nous adopter pour « qu’un échange de dons ne se réduise pas à une sorte de geste formel ou cérémoniel » ? se demande-t-il. « Se parler honnêtement à la fois de questions ecclésiologiques et éthiques, discuter de sujets inconfortables, est risqué, dit le pape, cela pourrait accroître les distances plutôt que favoriser la rencontre. Réalisons, au contraire, qu’une telle rencontre requiert l’humilité et la vérité, comme conditions fondamentales. »
Le pape invite à « commencer par admettre et partager les luttes que nous vivons ». « C’est la première étape, dit-il : ne pas se soucier de paraître beau et confiant devant notre frère, se présenter à lui comme nous rêvons d’être, mais lui montrer à cœur ouvert comment nous sommes vraiment et montrer nos limites. »
Le pape souligne que surmonter « nos divisions historiques » – « en commençant par éprouver la douleur de nos blessures réciproques et le besoin de se donner et de se pardonner mutuellement » – « cela demande du courage, mais c’est l’esprit du don, car tout vrai don implique sacrifice, implique transparence et courage, ouverture au pardon ». « Ce n’est qu’ainsi, poursuit-il, que les divers échanges de dons et d’expériences permettront de surmonter les formalités habituelles et de toucher les cœurs. »
En concluant, le pape revient sur ses propres paroles citées par un participant de la rencontre: « L’unité l’emporte sur le conflit ». « Les conflits nous ferment, explique le pape François. Nous ne devons pas tomber dans l’esclavage du conflit. C’est pourquoi le chemin de l’unité est supérieur au conflit. Au contraire, la crise c’est bien: il faut distinguer crise et conflit. Dans notre dialogue, nous allons devoir entrer dans une crise, et c’est bien, car la crise est ouverte, elle vous aide à la surmonter. Mais ne tombez pas dans le conflit, qui vous mène aux guerres et aux divisions. »