Le pape François et le Premier ministre du Japon Fumio Kishida « ont parlé des armes nucléaires et du fait que leur utilisation et leur possession sont inconcevables », indique Vatican News en anglais, citant une déclaration du directeur du bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni. Les deux parties ont souligné « l’urgence du dialogue et de la paix » « souhaitant, à cette fin, un monde exempt d’armes nucléaires », lit-on dans un communiqué du Saint-Siège.
La rencontre a eu lieu ce mercredi matin 4 mai 2022, avant l’audience générale, et a duré 25 minutes. Le Premier ministre Kishida a ensuite rencontré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, accompagné de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États. Le 80e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays a été souligné au cours de l’audience. Des questions de politique internationale, en particulier la guerre en Ukraine, ont été également abordées.
Ce n’est pas la première fois que le pape François exprime son opposition totale à l’utilisation et à la possession d’armements nucléaires, rappelle Vatican News. Le pape a demandé à plusieurs reprises leur abolition et a exprimé son soutien au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Lors de sa visite au Japon en 2019, le pape François a décrit la possession ou le déploiement d’armes atomiques comme immorales.
Dans un message envoyé à l’occasion du 75e anniversaire de l’attaque nucléaire d’Hiroshima, le pape a repris ses paroles prononcées au Mémorial de la Paix d’Hiroshima le 24 novembre 2019 : « L’utilisation de l’énergie atomique à des fins guerrières est immorale, tout comme est immorale la possession d’armes nucléaires. Que les voix prophétiques des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki puissent continuer à servir d’avertissement pour nous et pour les générations futures. »
Un communiqué officiel
Dans un communiqué officiel publié à l’issue de la rencontre du pape François avec le Premier ministre japonais il est noté que « lors des entretiens cordiaux à la Secrétairerie d’État, une satisfaction a été exprimée pour la collaboration bilatérale, évoquant le 80e anniversaire des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Japon ».
Dans ce contexte, lit-on, « la contribution de l’Église catholique dans de nombreux secteurs de la société japonaise a été notée et appréciée ».
Dans la suite de la conversation, « des questions à caractère international ont été abordées, avec une attention particulière à la guerre en Ukraine, soulignant l’urgence du dialogue et de la paix et souhaitant, à cette fin, un monde exempt d’armes nucléaires ».
Missionnaires au Japon
Ayant appris que, dans le passé, le pape François avait le désir de mener une activité missionnaire au Japon, à l’instar du missionnaire jésuite François-Xavier (1695-1756), le Premier ministre Kishida a remercié le pape pour sa considération particulière envers son pays. Kishida a également remercié le pape pour sa visite au Japon en 2019, en particulier à Hiroshima et Nagasaki, villes qui ont été détruites par des bombes atomiques. Lui-même originaire de Hiroshima, le Premier ministre a exprimé son intention de collaborer avec le Saint-Siège pour construire « un monde sans armes nucléaires ».
Rappelons que le pape François a toujours eu un intérêt particulier pour le Japon : le 11 mars 1958, à 22 ans, lorsqu’il décide d’entrer dans la Compagnie de Jésus, il rêvait de s’y rendre comme missionnaire. Mais au terme de son noviciat, sa demande lui a été refusée en raison de ses problèmes respiratoires. Plus tard, en 1973, comme provincial des Jésuites en Argentine, il a accueilli le supérieur général de la compagnie, le père Pedro Arrupe, lui-même longtemps missionnaire au Japon : il a même survécu sans séquelles à la bombe du 6 août 1945, avec ses novices. Médecin de formation, il a organisé avec eux les secours pour la population, en cherchant à soulager le plus possible des souffrances abominables.