« L’importance exceptionnelle du processus de négociation en cours » et « l’espérance de parvenir rapidement à une paix juste » ont été soulignés au cours de la conversation entre le pape François et le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie, indique le patriarcat.
Le patriarcat de Moscou annonce, dans un communiqué officiel publié en russe aujourd’hui à 17h28 (heure de Moscou, 15h28 à Rome) que cette rencontre a eu lieu ce mercredi 16 mars 2022, « via une communication à distance ».
Le Vatican a publié pour sa part en fin d’après-midi (à 18h12, heure de Rome), un compte-rendu en italien de cet entretien en vidéo-conférence.
Lors de cet entretien, l’Église catholique était représentée par le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le p. Jaromir Zadrapa, membre du même Conseil, indique le communiqué russe.
Du côté de l’Église orthodoxe russe étaient présents : le président du Département des relations extérieures de l’Église (DECR), le métropolite Hilarion de Volokolamsk, et un membre du secrétariat du DECR pour les relations interchrétiennes, I. Nikolaïev.
L’aide humanitaire et les négociations
Le patriarche « a cordialement salué le primat de l’Église catholique romaine, exprimant sa satisfaction quant à la possibilité d’organiser une conversation », indique le patriarcat.
En outre, indique la même source « une discussion détaillée de la situation sur le sol ukrainien a eu lieu. Une attention particulière a été accordée aux aspects humanitaires de la crise actuelle et aux actions de l’Église orthodoxe russe et de l’Église catholique romaine pour surmonter ses conséquences ».
« Les parties ont souligné l’importance exceptionnelle du processus de négociation en cours, exprimant leur espérance de parvenir rapidement à une paix juste », indique ce communiqué.
Le pape François et le patriarche Kirill « ont également discuté d’un certain nombre de questions actuelles de coopération bilatérale », conclut le patriarcat.
Un communiqué … en retrait
Un message dont le manque de liberté frappe, en comparaison avec la parole du pape François qui condamne fermement toute guerre comme « injuste », comme le rapporte le communiqué du Vatican. Même s’il insiste sur l’humanitaire et les négociations, il apparaît très « en retrait », par rapport à la communication vaticane qui s’attache cependant à bien identifier les points de convergence.
Le patriarcat n’indique aucune condamnation de l’invasion en Ukraine ni d’engagement à intervenir auprès du président Vladimir Poutine pour un cessez-le-feu, comme beaucoup de voix le lui demandent, de l’intérieur même de la communauté orthodoxe dépendant de son patriarcat.
Mais des observateurs à Rome voient dans cet entretien un pas important : il ne fallait pas que le dialogue se rompe et il fallait trouver les points d’entente sur lesquels continuer à construire ce dialogue par la suite.
Certes, le patriarche ne se rétracte pas explicitement par rapport à son homélie du 6 mars, qui a suscité l’indignation parce, qu’elle justifiait en quelque sorte spirituellement l’agression armée contre l’Ukraine, ni ne revient sur sa réponse du 11 mars au COE.
L’agence de presse protestante « protestinfo » a pour sa part bien rappelé l’itinéraire du patriarche de Moscou – expliquant notamment sa théorie du « choc des civilisations » -, dans un entretien d’Anne-Sylvie Sprenger avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe. On mesure le chemin parcouru pour qu’un entretien puisse avoir lieu avec le pape François.
L’avenir proche dira s’il porte des fruits concrets pour promouvoir d’abord un cessez-le-feu, urgent.