« Le Carême est un retour au Dieu pour qui rien n’est impossible », et un retour à Dieu « ensemble »: le message de carême 2022 du pape François a été présenté au Vatican ce jeudi 24 février 2022, notamment par soeur Alessandra Smerilli, F.M.A., secrétaire par intérim du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral.
Le message a aussi été présenté par le cardinal Francesco Montenegro, archevêque émérite d’Agrigente (Italie, Sicile) et membre du même dicastère ; et par le p. Massimo Mostioli du diocèse de Pavie (Italie), engagé dans la pastorale des Roms et de Sintis dans le cadre de l’expérience de fraternité lancée par le p. Mario Riboldi (21 janvier 1929-8 juin 2021).
AB
Présentation de Sr Alessandra Smerilli
Dans le flux parfois lent, parfois rythmé, parfois frénétique du temps de nos journées, le Carême nous est offert comme un moment propice pour repartir dans la bonne direction, celle de l’amour de Dieu et du prochain, qui nous caractérise en tant que chrétiens. C’est le premier et plus important commandement dans lequel Jésus a reconnu le cœur battant du véritable Israël. Ce chemin demande de la constance et beaucoup de patience, en raison des déceptions, des échecs, de la tentation de se refermer sur soi-même. Dans son Message, le Pape François nous invite à ne pas nous lasser de faire le bien et de travailler au bien de tous. La citation de la Lettre de Saint Paul aux Galates, qui ouvre le texte, nous rappelle combien cette invitation est exigeante, mais aussi et immédiatement à quel point elle est riche de promesses : « car le moment venu, nous récolterons, si nous ne perdons pas courage ».
Dans le sillage de l’Encyclique Fratelli tutti et de tout le magistère du Pape François, depuis son premier voyage à Lampedusa, le « travaillons au bien de tous » de Saint Paul veut dire sans exclure qui que ce soit. Nous sommes invités à vivre dans la maison commune comme une seule famille. Le Saint-Père nous invite à entrer dans le Carême en intériorisant plus radicalement ce que signifie regarder chaque personne que nous rencontrons avec les yeux du Christ, reconnaissant en elle les yeux du Christ. Se dépouiller du superflu, s’alléger, prendre au sérieux l’appel à la conversion signifie, dans l’Église en ce moment de l’histoire, exprimer plus nettement dans notre vie et par nos relations cet amour qui jaillit de la vie intime de Dieu, liant le Père et le Fils dans l’Esprit Saint. « Que la vie ait sa vérité et sa beauté non pas tant dans la possession que dans le don, non pas tant dans l’accumulation que dans la semence du bien et dans le partage » (MC 1) est un désir typique de ceux qui sont avec Dieu, ce n’est guère une opinion politique.
Le Pape François se penche sur l’image des semailles et de l’agriculture, évoquée par Saint Paul, suggérant la question de savoir quel est notre temps. Un vent de guerre, après des décennies de réarmement insensé, avec des dépenses d’armement croissantes, et une pandémie qui a fait des victimes, exacerbé les inégalités, mis en évidence ce qui ne fonctionne pas dans nos systèmes économiques et sociaux, et imposé de nouvelles questions, ne peuvent pas nous faire perdre notre espoir. Dieu croit en la terre et en prend soin tout comme un agriculteur n’abandonne pas son champ. Quelle heure est-il dans le champ de Dieu ? Lors d’une réunion avec la Commission Covid-19 du Vatican, le Pape François nous a invités à être ce sol fertile qui crée les conditions permettant à la semence de germer. Il nous a demandé de préparer l’avenir, afin qu’il soit différent du présent. Et nous savons que seuls ceux qui sont animés par l’espoir peuvent se mettre au travail.
Notre Dieu ne connaît pas la solitude et n’aime pas travailler tout seul. Le Carême n’est pas un temps chrétien s’il nous retire du monde : le désert du jeûne et de la tentation doit être habité avec l’obstination et la foi de ceux qui regardent les pierres et y voient la récolte. Ils voient l’impossible, peut-être. Cependant, le Carême est un retour au Dieu pour qui rien n’est impossible. Le Message se termine, comme le veut la tradition, par une référence à la Vierge. En elle – écrit le Pape François, insistant sur l’image directrice du Message – le Fils a germé. Dans un monde désertifié par tant de jeux de pouvoir sans scrupules, l’Église reconnaît en Marie la fécondité que le chemin de conversion peut donner à chacune de ses filles et de ses fils. Nous croyons aux bourgeons.